L’énergie, l’une des surprises potentielles pour 2026 (Groupe La Française)

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Des prix de l’énergie durablement bas en raison d’un excès d’offre

Les prix de l’énergie sont aujourd’hui faibles, que ça soit le baril de pétrole ou le gaz naturel. Concernant le pétrole, cela se justifie par un marché actuellement en excès d’offre, un excès qui devrait, si l’on en croit les dernières prévisions de l’OPEP[1], de l’EIA[2] ou de l’IEA[3], rester vrai en 2026. Pour le gaz naturel la logique est similaire et pour les deux marchés, la principale raison est la même : une production américaine qui a été plus forte que prévu tout au long de 2025. Il ne faut toutefois pas oublier les hausses de quota accordés tout au long de l’année par l’OPEP+[4] qui ont-elles aussi contribué à une production de pétrole plus importante que prévue en début d’année. Se rajoute à cela dernièrement des avancées quant au processus de « l’arrêt des hostilités » entre la Russie et l’Ukraine et donc d’une probabilité en hausse de voir, à un moment donné, les matières premières russes redevenir « achetables » pour l’ensemble des pays.

Un consensus négatif aux effets macroéconomiques favorables à court terme

Le consensus est de ce fait aujourd’hui assez négatif sur les prix de l’énergie, ce qui a plusieurs conséquences. En premier lieu, cela soutien la conjoncture de tous les pays importateurs nets, c’est-à-dire la quasi-totalité des pays développés et tous les pays de la zone Euro. Cela soutien aussi la dynamique désinflationniste en cours actuellement, à la fois via les effets directs (l’énergie représente par exemple 10 % de l’inflation Euro) mais aussi indirects. Enfin, cela a aussi des effets importants sur la trajectoire bénéficiaire de quantité de sociétés avec des effets positifs pour le transport ou la chimie par exemple mais aussi, évidemment, des effets négatifs pour l’industrie pétrolière et gazière.

Les facteurs susceptibles de remettre en cause le consensus sur l’énergie

Ce consensus pourrait toutefois être mis à mal et ce pour plusieurs raisons :

· Tout d’abord parce que nous approchons des niveaux qui vont grever fortement la rentabilité de certains producteurs américains. En effet, selon les dernières estimations de la Réserve fédérale (Fed) de Dallas, le prix auquel il n’est plus rentable de produire est d’environ $61 pour les grandes entreprises, et le WTI (West Texas Intermediate ; prix de référence aux Etats-Unis) traite au moment d’écrire ces lignes (le 16 décembre) en dessous de $56.

· La guerre entre la Russie et l’Ukraine pourrait se prolonger. Cela ne changerait pas profondément la dynamique actuelle mais cela pourrait faire remonter les cours de 5 à 10%. (Source : Bloomberg)

· Le consensus est aujourd’hui très pessimiste et le positionnement des investisseurs très marqué. Les données de la CFTC (Commodity Futures Trading Commission) montrent en effet des positions spéculatives extrêmement faibles à l’heure actuelle.

· L’amélioration de la conjoncture mondiale, un dollar faible, des déficits records aux Etats-Unis, le plan de relance allemand et une Réserve Fédérale qui baisse ses taux : C’est un environnement a priori positif pour la dynamique de demande de pétrole et de gaz et historiquement des phases où les prix de l’énergie s’apprécient.

La demande des data centers, un risque structurel pour les marchés de l’énergie

· La hausse continue de la demande d’énergie en provenance des data centers devrait se poursuivre. C’est sans doute le risque le plus important à long terme et il ne touchera sans doute pas toutes les sources d’énergie de la même façon. L’EIA (Energy Information Administration) estime que la demande d’électricité en provenance des datas centers devrait doubler à horizon 2 ans pour atteindre 835TWh en 20, soit l’équivalent de la consommation d’électricité du Japon. Si en Europe les énergies renouvelables pourront probablement suffire à satisfaire cette demande accrue, cela sera sans doute plus difficile aux Etats-Unis. Cela devrait pousser les prix du gaz naturel tendanciellement à la hausse, surtout si des contraintes de capacité concernant la production de ce dernier apparaissent.

Une hausse des prix de l’énergie aux conséquences macroéconomiques majeures

En conclusion, si la situation parait aujourd’hui très consensuelle quant au maintien du prix du pétrole et du gaz naturel bas, une hausse soudaine du prix du baril de pétrole mettrait à mal beaucoup de certitudes actuelles : désinflation, baisse des taux de la Fed, consommation soutenue, etc… Cela aurait probablement comme conséquence une instabilité macro-économique accrue et une volatilité plus forte sur les marchés financiers.

Achevé de rédiger le 17/12/2025. Le présent commentaire est fourni à titre d'information uniquement. La référence à certains instruments ou secteurs est fournie uniquement à titre d’illustration. Elle n’a pas pour objet de promouvoir un investissement direct dans ces instruments ou secteurs. Les opinions exprimées par Crédit Mutuel Asset Management sont fondées sur les conditions actuelles de marché et sont susceptibles d'évoluer sans préavis. Ces opinions peuvent différer de celles d'autres professionnels de l'investissement. Publié par La Française Finance Services, siège social situé 128 boulevard Raspail, 75006 Paris, France, société réglementée par l'Autorité de Contrôle Prudentiel en tant que prestataire de services d'investissement, n° 18673 X, filiale de La Française. Crédit Mutuel Asset Management : 128 boulevard Raspail, 75006 Paris est une société de gestion agréée par l'Autorité des marchés financiers sous le n° GP 97 138 et enregistrée à l’ORIAS (www.orias.fr) sous le n° 25003045 depuis le 11/04/2025. Société Anonyme au capital de 3 871 680 €, RCS Paris n° 388 555 021, Crédit Mutuel Asset Management est une filiale de Groupe La Française, holding de gestion d'actifs du Crédit Mutuel Alliance Fédérale.

Par François Rimeu, Crédit Mutuel Asset Management

[1] Organisation des pays exportateurs de pétrole, 12 pays membres
[2] Energy Information Administration
[3] International Energy Agency
[4] Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses alliés (10)

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