“Droits de douane : accord avec le Japon, incertitudes en Europe” Marina Garlatti, Tailor AM

Analyses de marchés
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On va commencer par la guerre commerciale comme souvent avec notamment des évolutions sur le Japon et l'Union Européenne.

Un accord qui a été conclu avec le Japon qui fixe un taux de 15% sur les importations japonaises

Hier, on a eu un accord qui a été conclu avec le Japon qui fixe un taux de 15% sur les importations japonaises contre 25% annoncé initialement en échange d'un investissement de 550 milliards de dollars aux États-Unis. Donc ça, ça a l'air de rassurer les marchés aujourd'hui, là ils rebondissent bien, même s’ils n'avaient pas vraiment l'air si inquiets que ça, on a quand même beaucoup moins de volatilité ces derniers temps. Et pourtant, Trump conserve la même stratégie depuis le début, il continue de mettre la pression sur ses partenaires commerciaux avec des nouvelles menaces sur le lithium chinois la semaine dernière, sur la pharma, et donc tout ça, évidemment, ça complique les discussions, notamment avec l'Union européenne.

Vers une augmentation des droits de douane sur les produits européens à 15 ou 20 % ?


Là, a priori, même si un accord commercial était trouvé entre les États-Unis et l'Union européenne, il envisagerait quand même d'augmenter les droits de douane sur les produits européens à 15 ou 20 %. Il n'a pas l'air prêt de céder sur le secteur automobile. C'est quand même un enjeu important pour l'Europe, surtout pour l'Allemagne. Donc ça, ça incite les pays de l'Union européenne à avoir une approche un peu plus ferme. En tout cas, des mesures de rétorsion sont prévues si aucun accord n'est trouvé d'ici le 1er août. Ce n'est pas le scénario le plus probable.
Le scénario le plus probable, à notre sens, reste celui d'un accord, mais on se rend compte que ce n'est pas si simple que ça. Donc conséquences toujours de l'incertitude. Pas si évident pour les banques centrales. Là, on a la BCE qui va se réunir demain. On n'attend pas de baisse de taux pour cette réunion puisqu'on n'a pas eu de changement depuis la dernière réunion où elle avait annoncé qu'elle ferait une pause. Et puis on a toujours une inflation CPI en zone euro à 2%, donc au niveau de l'objectif cible de la BCE.


Un des autres chevaux de bataille de Trump, c'est d'essayer de mettre la pression sur la Fed pour avoir une baisse des taux plus rapide, notamment beaucoup de pression autour de Jerome Powell.
Qu'est-ce que ça pourrait avoir comme conséquence ?


Oui, complètement. Il a de nouveau menacé de limoger Powell, mais il a démenti ensuite. Heureusement qu'il a démenti, parce que ça remettrait complètement en cause l'indépendance de la Fed, donc la crédibilité de sa politique monétaire. Et ça, ce n'est pas une bonne idée, ça aurait un impact significatif sur le dollar, sur les taux souverains, c'est quand même assez dangereux.
C'est vrai qu'il exerce une vraie pression sur la Fed, on sent des désaccords au sein même de la Fed. On a certains membres qui poussent pour une baisse de taux dès le 30 juillet pour soutenir le marché de l'emploi, d'autres qui mettent en avant le risque inflationniste lié à la hausse des droits de douane. D'ailleurs, le CPI commence à rebondir à 2,7%, c'est encore très léger.
Et dans les faits, au niveau de l'économie, il n'y a pas de drame, on a même une forte hausse des ventes au détail en juin, donc à plus 0,6% contre 0,1% attendu. Donc oui, à notre sens, il n'y a pas d'urgence. En tout cas, le discours de Powell hier n'a donné aucune information supplémentaire sur le sujet.


On va finir avec les résultats qui sont tombés un peu plus nombreux cette dernière semaine. Quelle est la tendance globale qui s'en dessine ?

Oui, on n'est qu'au début, mais pour le moment c'est plus mitigé en Europe qu'aux États-Unis. Ça s'explique en partie par l'évolution des devises depuis le début de l'année. Vous le savez, on a eu une appréciation de l'euro, ça rend les produits européens plus chers à l'étranger. Donc quelque part pour les entreprises européennes, ça s'ajoute à l'effet droit de douane, ça risque de peser sur les exportations. D'ailleurs, c'est une des raisons de la surperformance des small caps depuis le début de l'année, qui sont moins tournées vers l'international, du coup moins exposées à ce risque-là. Aux États-Unis, c'est un peu l'inverse. La faiblesse du dollar a plutôt tendance à être favorable aux bénéfices des entreprises. Évidemment, il y a toujours des raisons d'être prudents. On verra l'impact qu'auront les droits de douane sur les marges, on verra le pricing power des entreprises, mais pour le moment, c'est plutôt solide. Là, on aura beaucoup de sociétés du S&P 500 qui vont publier leurs résultats cette semaine, notamment Alphabet et Tesla. C'est à surveiller, ça peut avoir un impact sur les marchés, surtout compte tenu de la pondération de ces sociétés dans les indices.

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