Élections législatives : « La crainte des marches reste la dette française »

Analyses de marchés
VITALÉPARGNE
Élections législatives : « La crainte des marches reste la dette française »

Dans la deuxième partie de ce 15’ Insight, Igor De Maack et Gilles Etcheberrigaray se projettent sur le second semestre. En quelques séances, le CAC 40 a effacé tous ses gains depuis début janvier. Qu'est-ce qui effraie le plus les marchés : les programmes ou l'incertitude en général ?

*Émission enregistrée avant le 1er tour des législatives

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Igor de Maack : L'incertitude. Ça, c'est sûr. Après, comme les marchés financiers sont dirigés par les anglo-saxons, ce qu'ils abhorrent, ce sont les programmes et les partis anticapitalistes. Le parti communiste est interdit aux Etats-Unis. C'est quelque chose qui, dans leur culture, n'est pas acceptable. Une fois que ces deux sujets sont traités, le marché et les investisseurs font le travail de déterminer la prime de risque de l'après, de l'ordre qui va arriver après ce « désordre » ou cette incertitude. Donc rappelons un peu les chiffres en France. En fait, la France est un des très rares pays qui n'a pas fait d'efforts de rigueur. Non seulement depuis 1974, dernier budget en excédent, mais depuis 2012. En fait, vous regardez les évolutions de l'endettement net public sur PIB, il tournait autour de 90-92%. Et puis nous, nous sommes monté, après le Covid, à 115. Même quand ça va bien, nous laissons filer. Alors que les autres pays de la zone euro… Mais les autres pays de la zone euro, eux, sont montés, sont redescendus à 90. Et alors, est-ce que c'est vraiment que la faute de l'État ? Non, c'est tous les agents économiques, c'est-à-dire les ménages et les corporates, les entreprises. On ne prend pas la dette des financières.  

En quoi sont-ils responsables ?  

IdM : Je vais vous donner le chiffre c'est-à-dire que nous sommes à 230% du PIB. Et puis nous montons, nous prenons 40 points, puis nous ne baissons pas alors que tous les autres pays baissent. Donc il y a un vrai problème de gouvernance budgétaire. C'est la raison pour laquelle nous sommes en procédure de surveillance. Et c'est ça le vrai sujet, avant les élections, pendant et après.  

Réaction épidermique, ou justifiée ?  

Gilles Etcheberrigaray : Il y a trois dimensions. La crainte des marchés, c'est, un, la dette. Deux, les éventuelles taxation de supers profits par rapport au secteur bancaire. Ça c'est le CAC 40 spécifiquement. Et après il y a éventuellement le Frexit. Mais  il faut voir quand même que la rigueur budgétaire, là nous avons un concours Lépine de dépenses budgétaires, ce n'est pas au menu des élections françaises. Tous s'y mettent. On dit la France va à la ruine, mais derrière dès qu'il y a l'élection, c'est le concours Lépine de promesses budgétaires. Il n'y a pas de consensus là-dessus en France et même c'est contre-productif électoralement. Les électeurs ont les politiciens qu'ils méritent et aujourd'hui personne n'a envie de défendre la rigueur budgétaire et ce n'est pas vendeur. Donc quelque part dire que la dette est un problème, en tout cas vu des électeurs français, ça ne l'est pas. Autrement, ils sanctionneraient tous les programmes. Aujourd'hui, nous pensons que le spread, ce risque de dérapage budgétaire est un peu pricé, là où il est aujourd'hui, sur la bourse également, aujourd'hui on price ça. Après la question qui se posera à terme, quel que soit les gouvernements, c'est que ce dérapage appelle surveillance, appelle une BCE qui en plus va rester méfiante. Des européens qui au nord ont toujours été frugaux, au sud ont été moins frugaux mais ont été punis, donc personne n'aura envie de faire de cadeaux spécifiques à la France.  

Qu'est-ce que nous apprend le cas italien ?

IdM : Moi j'aime beaucoup l'exemple italien parce que les Français déconsidèrent beaucoup leurs cousins latins mais  ce sont généralement des très bons marqueurs et anticipateurs politiques. Ce sont de très grands hommes politiques. Il y a eu Catherine de Médicis, Machiavel. En regardant plus court, le populisme a commencé avec Berlusconi, l'émergence des partis avec dominante gauche avec les mouvements 5 étoiles et puis aujourd'hui la droite nationale. En Italie, la droite nationale est arrivée. Elle a eu une conscience fiscale et a fait les efforts qui avaient déjà été entrepris depuis 2012, parce que l'Italie fait un effort depuis 2012. En fait, ce qui se  passe sur les marchés, ça se calme sur les indices français, les indices boursiers, la prime de risque par rapport au Bond tourne autour de 75-80 bips, c'est que les marchés disent, si vous avez une conscience fiscale, bon le dérapage, vous serez remis dans la droite ligne par la BCE, ou si c'est pire, le FMI, comme l'Angleterre.  GE : La "mélonisation" c'est aujourd'hui, je pense, le scénario principal avec la transformation. Mais après, le risque, c'est que ça ne se passe pas comme ça et que nous allions vers une confrontation avec Bruxelles, même si globalement, le pays n'est pas pour.

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