Le grand écart permanent (Financière de l'Arc)

Marchés sous tension : Le grand écart des politiques monétaires
Le chaud et le froid soufflent quotidiennement sur le théâtre des marchés depuis plusieurs séances et les cardiaques doivent s’abstenir. Ainsi, du côté des plus importantes banques centrales mondiales, la Banque du Japon vient de monter ses taux directeurs, au moment où la Fed les maintient inchangés pour une durée indéterminée et la BCE continue à les baisser. Cette forte divergence dans les politiques monétaires a forcément un impact bien différent sur les parités de change, les actifs monétaires et obligataires, ainsi que les multiples de valorisation des actions dans toutes les zones concernées. Cette situation atypique, mais pas inédite, est tout d’abord le reflet d’une forte dichotomie dans l’activité économique et l’inflation sur les différents continents.
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Comment l’intégrer dans les portefeuilles ?
Dans son communiqué de cette semaine, la BCE a justifié sa décision d’assouplir davantage sa politique monétaire en écrivant : « Le processus de désinflation est en bonne voie. L’inflation a continué d’évoluer de façon globalement conforme aux projections des services de l’Eurosystème et devrait revenir au niveau de l’objectif du Conseil des gouverneurs de 2 % à moyen terme dans le courant de l’année. » Sur le plan de l’activité, le constat de l’institution monétaire est sans appel : « L’économie a stagné au 4ème trimestre et devrait rester atone à court terme. » De ce fait, l’allocation d’actifs à privilégier, selon nous, dans la zone euro est assez simple : une pondération importante d’actifs obligataires et éviter les valeurs cycliques domestiques, à l’exception des banques. En revanche, les valeurs de croissance, les défensives et les cycliques exposées à la zone nord-américaine devraient bénéficier d’une expansion de leur multiple de valorisation, grâce à l’effet positif de l’actualisation en cas de baisse des taux d’intérêt. Ce phénomène explique en partie la bonne performance des indices européens ce mois de janvier, avec une progression respective de 6,83 %, de 8,65 % et de 8,71 % des indices Stoxx Europe 600, Euro Stoxx 50 et CAC 40.
Un début de saison des résultats prometteur, mais très hétéroclite
Il est encore trop tôt pour faire un bilan global de la publication du 4ème trimestre 2024, car seulement 16 % des sociétés européennes et 28 % de leurs consœurs américaines ont communiqué. Cependant, il est possible de constater que le mouvement de baisse des prévisions des bénéfices par action pour 2025, qui a prévalu au 2nd semestre 2024 en Europe est terminé. Celui-ci laisse place à des révisions légèrement positives. Rappelons que la progression des bénéfices par action selon le consensus des analystes se situe, pour cette année, autour de 7 % et de 11 % des deux côtés de l’Atlantique.
Notons que la réaction boursière aux bonnes surprises est actuellement très positive, où que ce soit, ce qui est un facteur de soutien important pour les indices. Là encore, nous assistons à une forte dichotomie. Ainsi dans le luxe, les titres Burberry et la Compagnie Financière de Richemont se sont adjugés respectivement 10,89 % et 16,64 % le jour de leurs publications, tandis que celui de LVMH perdait 5,05 %. Néanmoins, le cours de bourse du leader mondial du luxe gagne tout de même plus de 13 % en janvier. Ce grand écart de performances en une seule séance est à la fois très perturbant pour les investisseurs, mais favorise les bons sélectionneurs de valeurs.
La fin de la domination des valeurs liées à l’intelligence artificielle ?
L’annonce par la société chinoise DeepSeek de la mise au point de son modèle d’intelligence artificielle R1 disponible en architecture ouverte, capable de rivaliser avec ceux jugés les plus avancés, a fait chuter les cours de bourse de Nvidia et de Broadcom de presque 17 % lundi dernier. La perte de capitalisation boursière pour les deux titres représente presque 600 et 200 milliards de dollars en une seule séance. Celle de l’indice des semiconducteurs de Philadelphie (SOX) a perdu presque 1 000 milliards de dollars. Certains prédisent la fin de la domination des 7 Magnifiques. Ce que l’on peut dire à ce stade prématuré est que le rapport de force devrait plus basculer en faveur des utilisateurs de l’intelligence artificielle et des éditeurs de logiciels, au détriment des fabricants d’équipements hors de prix. Les ventes pour 2025 ne devraient pas être impactées, mais l’intelligence artificielle sera, à l’avenir, plus accessible et moins chère.
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Comme en Europe, nous assistons à des performances très contrastées. Ainsi, les titres Netflix, Apple, Tesla et Meta Platforms ont réalisé de beaux gains, tandis que Microsoft a perdu plus de 6 % après avoir annoncé une croissance de son chiffre d’affaires et de son résultat opérationnel de 12 % et de 17 %. Les investisseurs ont été déçus par la progression des revenus d’Azure et de l’activité Cloud de 31 %. Cette branche devrait pourtant continuer de croître au même rythme au prochain trimestre. Comme quoi, la sélectivité et la diversification permettent d’amortir ces fortes variations.
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