Horizon Private Equity : « Le Private Equity redonne un horizon moyen terme aux sociétés et aux investisseurs » Nicolas Darnaud (Ardian)
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Pour cette première de Horizon Private Equity, Stéphane Molère reçoit Nicolas Darnaud, Co-responsable Buyout France et Managing Director chez Ardian pour évoquer les spécificités du Private Equity, le rôle d'Ardian dans cette industrie et les savoir-faire qui permettent d'accompagner efficacement les entreprises dans leur croissance.
Qu'est-ce que le private equity ?
Stéphane Molère : Pour commencer, et puisque c'est notre première interview aujourd'hui, est-ce que vous pourriez nous définir ce qu'est le Private Equity ?
Nicolas Darnaud : Alors, le Private Equity, c'est la possibilité d'investir dans des sociétés qui ne sont pas cotées. Ce sont des sociétés qui ne sont pas disponibles sur un marché listé. En ce sens, nous sommes dans un cercle fermé, et cela a la vertu de pouvoir accompagner une société sur un temps moyen terme, entre 4 et 6 ans en moyenne, ce qui permet vraiment de faire de chaque société, de chaque entrepreneur un projet à part entière, de se focaliser là-dessus et, au bout d'1 cycle de 4 à 6 ans, de pouvoir réaliser, je dirais, un rendement attractif, puisque ce sont souvent des sociétés à très beau potentiel.
Pourquoi le private equity est-il attractif ?
SM : C'est une industrie que nous connaissons mal, mais qui existe depuis 60 ans aux États-Unis, 40 ans en Europe, et de façon plus récente en Asie. Mais qu'est-ce qui fait sa récente attractivité ?
ND : Je pense que les investisseurs ont la possibilité d'avoir des retours attractifs, puisque, souvent, ce sont de très belles sociétés dont, justement, le capital n'est pas facilement accessible. Des sociétés avec un vrai potentiel de croissance et de développement. Et comme nous travaillons sur des horizons moyen terme, cela permet de donner du temps et de dérouler un business plan, une thèse d'investissement, des leviers stratégiques, des diversifications, de l'internationalisation, ce qui évite la volatilité que nous pouvons parfois observer sur des marchés listés. Et donc, la vertu de ce focus associé à cet horizon de temps permet d'obtenir des rendements attractifs pour les investisseurs.
La démocratisation du private equity
SM : Qu'est-ce qui a changé dans l'industrie et qui fait qu'auparavant, nous, particuliers, ne pouvions pas investir dans le Private Equity ou, en tout cas, dans des fonds de la qualité des vôtres ?
ND : Aujourd'hui, nous voyons des structures démocratiser l'accès à cette classe d'actifs très attractive. Elle était historiquement réservée à de grands institutionnels avec de gros montants à investir. Nous voyons arriver des sociétés comme Private Corner, qui permettent de mutualiser les moyens et d'ouvrir cette classe d'actifs à une communauté beaucoup plus large d'investisseurs. Et cela, c'est génial, car cela permet justement à plus de monde d'avoir accès aux vertus de cette industrie.
SM : C'est cela, en fait, qui a changé : des sociétés comme Private Corner mettent en place des "feeders", des fonds qui fédèrent des investisseurs pour leur permettre d'atteindre la taille critique nécessaire pour investir dans vos fonds.
ND : Cela permet également de mieux allouer ces actifs à une catégorie plus large de la population.
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La spécificité d'Ardian dans l'industrie du private equity
SM : Ardian est une référence mondiale du Private Equity. Qu'est-ce qui fait aujourd'hui la spécificité d'Ardian dans cette industrie ?
ND : Ardian est une société qui existe depuis 1996 et qui s'est développée en couvrant toute la gamme d'investissements en Private Equity. En Private Equity, il y a différents types de fonds : des fonds larges, des fonds small, des fonds qui misent sur la croissance ou l'accompagnement. Nous avons une partie dette, une partie infrastructure. C'est donc une plateforme très diversifiée. Je crois qu’en ayant été pionniers dans cet investissement chez Ardian, l’avantage que nous avons, c’est qu’aujourd’hui nous avons une société qui est à la base française, européenne, mais qui est un des leaders mondiaux de cette classe d’actifs, c’est le plus gros groupe européen en Private Equity et un des leaders mondiaux. Et c’est vrai que la mutualisation des moyens de cette plateforme et son côté très international permettent de bénéficier d’une marque, d’expertise et d’un ancrage très fort dans chacun des territoires dans lesquels nous investissons.
SM : La caractéristique des fonds de Private Equity, ce n’est pas seulement d’envoyer de l’argent dans les entreprises que nous achetons, nous allons en parler tout à l’heure, mais c’est effectivement de les accompagner dans leur croissance. Elles vont bénéficier de conseils, elles vont bénéficier de vos réseaux et donc le fait de travailler avec Ardian va leur permettre d’avoir des points de contact un peu partout dans le monde et donc de très largement faciliter leur développement.
ND : Tout à fait. L’objectif numéro un, c’est de trouver des champions, des champions nationaux ou européens que nous voulons faire rayonner en leaders européens ou mondiaux. Pour cela, nous avons des sociétés qui représentent des caractéristiques très solides, comptant parmi les plus belles entreprises dans les zones où nous investissons. La vertu, je dirais, du partenaire en Private Equity, c’est vraiment d’apporter des moyens financiers, mais aussi des moyens pour accélérer la croissance et la diversification. En gros, c’est libérer le potentiel et mettre le vent dans le dos à toutes ces entreprises.
Qu'est-ce que le buy-out ?
SM : Vous êtes Co-Responsable Buyout. C’est quoi le Buyout et comment Ardian se distingue-t-elle dans cette activité de Buyout ?
ND : Le premier fonds Buyout date de 1996, à la genèse, à la naissance même d’Ardian. C’est vraiment le fonds, la division et le segment historique de ce qu’est Ardian. Aujourd’hui, nous investissons notre fonds numéro 7. En général, un fonds dure 5 ans, à peu près 5-6 ans par cycle. Cela montre vraiment l’historique et l’ancrage de l’équipe Buyout. C’est un fonds qui a grossi au fil des années. Aujourd’hui, le dernier fonds, le fonds numéro 7, fait 6,5 Md€. Il a vocation à investir dans une vingtaine de sociétés. Dans ces sociétés, nous investissons principalement dans 4 secteurs. Une partie que nous appelons chaîne de valeur alimentaire, qui est une petite spécificité de la maison. Une partie bien-être et santé, une partie technologie et une partie services. Voilà un peu les 4 divisions. Et c’est vrai que comme nous accompagnons des sociétés sur ce marché que nous avons vu croître avec nous, nous avons un très fort ancrage local. C’est un ancrage local très fort sur l’eurozone historiquement. La principale géographie dans laquelle nous investissons est l’eurozone avec un prisme encore très France-Italie, même si nous avons des bureaux en Espagne, en Angleterre et aux États-Unis. Dans des sociétés valorisées entre 500 M€ et 2 Md€, avec une volonté de doubler la taille de ces pépites nationales.
SM : Ces entreprises, ce qu’elles viennent chercher chez vous, c’est cette capacité à les aider à se développer financièrement, mais aussi avec les moyens humains que vous mettez à leur disposition. Comment choisissons-nous ces entreprises ?
ND : C’est une très bonne question sur l’origine et la genèse, comment nous faisons le sourcing. Nous avons la chance d’être très locaux. Nous sommes « glocaux », comme nous dit, globaux et locaux. La globalité permet de mieux connaître différents marchés et de voir le potentiel de développement. Le fait d’être locaux permet d’être sur le terrain, présents sur nos territoires, et donc de bien connaître le tissu d’entreprises et d’entrepreneurs. Donc, le premier point, c'est vraiment d'identifier et d'être le bon partenaire pour ces entreprises. C'est assez facile, pour tout vous dire, de voir des sociétés qui performent très, très bien et qui ont un historique très, très bon. Après, le vrai point clé, c'est comment faire en sorte que ces entreprises s'associent à nous et comment nous pouvons investir dans ces sociétés. D'où la difficulté, dans un capital qui est fermé, de rentrer. Et ça, souvent, je pense que nous avons un prisme très fort avec des Entrepreneurs et des Familles. 60 % de nos opérations dans le buy-out, malgré la taille, sont avec des Familles et des Fondateurs. Donc, souvent, nous sommes un bon partenaire dès qu'il s'agit d'ouvrir pour la première fois son capital à des financiers.
Pourquoi intégrer du private equity dans une allocation d'actifs ?
SM : Qu'est-ce que vous trouvez pertinent pour moi, investisseur, dans le fait d'avoir du Private Equity dans mes allocations d'actifs ?
ND : Je pense que, d'abord, cela permet d'aller sur des sociétés qui ne sont pas nécessairement disponibles, et comme nous venons de le dire, des sociétés avec un potentiel très fort. Il s'avère que, lorsque nous sommes sur des sujets où nous ouvrons pour la première fois les capitaux, qu'est-ce que nous faisons en entrant dans cette société ? Nous mettons des moyens, des moyens financiers pour accélérer sa croissance en internationalisation, sa diversification et augmenter sa valeur stratégique. Et nous apportons le réseau et l'expertise adéquats. Donc, pour moi, c'est vraiment l'alliance parfaite entre un projet, une entreprise, que nous plaçons au centre de tout, des Entrepreneurs et des managers, et un investisseur. Et donc, pour quelqu'un qui investirait dans cette classe d'actifs, c'est d'avoir véritablement la possibilité de contribuer, je dirais, à une société sur un temps, disons, entre 4 et 6 ans, et en même temps sur des bases où, à minima, l'objectif est de doubler la mise pour un investisseur.
SM : Si je comprends bien, je vais renoncer à ma liquidité en contrepartie d’un rendement que j'espère être significativement, substantiellement supérieur à ce que je pourrais trouver sur des marchés cotés ?
ND : Exactement. Et je pense qu'aussi, pour les Entrepreneurs et les Managers, pouvoir travailler aujourd'hui sur un horizon, disons, moyen terme, alors quand nous disons moyen terme, c'est long terme, car cela signifie que nous nous projetons sur des sociétés avec un potentiel de développement de 10, 15 ou 20 ans. Dès que nous entrons, nous pensons à la sortie. Il ne suffit pas de dire : « J'ai 5 ans et je double de taille », mais l'idée est de voir comment cette société va quadrupler de taille en 10 ans. Et pour accompagner ces projets, il faut avoir un horizon temporel plus long, ce qui nous permet vraiment de mettre des moyens sur des développements plus novateurs.
Les opération de buy-out, liées à l'économie réelle
SM : Cela explique pourquoi ces opérations de buy-out sont liées à l'économie réelle et participent considérablement à la croissance des entreprises et donc à l'écosystème économique, créateur d'emplois. C'est précisément cela, le Private Equity.
ND : Tout à fait. Ce qui est capital, c'est d'avoir de l'impact. Nous investissons dans des secteurs porteurs sur le long terme, qui répondent parfois à de véritables enjeux sociétaux. Notre ambition est de trouver de bons projets, de les développer et de créer de la valeur durable. Durable dans le sens le plus profond, c'est-à-dire en ayant un impact. Parce que ce qui est durable a du sens pour nous tous. Et en ce sens, les engagements RSE et le développement technologique ou digital sont des éléments que nous apportons souvent pour la première fois dans les sociétés où nous investissons. Lorsqu'un investisseur étranger entre dans une organisation, il peut accélérer considérablement le développement sur ces enjeux.
SM : Merci beaucoup, Nicolas. C'était passionnant pour cette première interview. Nous avons bien compris l'univers du Private Equity et du buy-out, notamment chez Ardian. Nous nous retrouvons bientôt pour une prochaine interview sur Horizon Private Equity. Merci de nous avoir suivis et à bientôt.
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