L'impasse politique en France offre un soulagement aux investisseurs (Schroders)

L'impasse politique en France offre un soulagement aux investisseurs
Les résultats projetés du second tour des élections législatives françaises ont provoqué un bouleversement politique majeur. On s'attendait largement à ce que le Rassemblement National (RN) d'extrême droite et ses partenaires de coalition forment le plus grand groupe après une forte performance dans les sondages pré-électoraux et au premier tour. Cependant, la collaboration entre les partis de gauche et centristes opposés a effectivement bloqué le RN.
Le Nouveau Front Populaire (NFP) de gauche semble avoir remporté le plus de sièges, suivi de la coalition centriste Citoyens Ensemble (ENS), qui inclut le parti libéral Renaissance du président Macron. Les Républicains de centre-droit ont terminé en quatrième position et, de manière cruciale, ne devraient pas gagner assez de sièges pour former une coalition majoritaire avec le RN.
Quelles sont les implications pour les marchés obligataires ?
Par James Ringer, Gestionnaire de portefeuille obligataire, et Thomas Gabbey, Gestionnaire de fonds.
"Les résultats des élections de dimanche n'ont pas apporté la clarté que nous espérions. L'incertitude persistante autour de la formation du gouvernement signifie qu'il reste de nombreuses questions sans réponse. Cela pourrait prendre plusieurs semaines à clarifier, chaque scénario offrant potentiellement des résultats très différents pour l'économie de la France et pour les finances du pays."
En l'état actuel, la probabilité d'un parlement sans majorité a encore augmenté, devenant le scénario le plus probable. Cela s'accompagne d'une paralysie fiscale qui, compte tenu des préoccupations budgétaires, est pour l'instant le plus favorable au marché, du moins jusqu'aux négociations budgétaires à l'automne 2024.
Entre-temps, nous prévoyons que le flux d'informations maintiendra une volatilité relativement élevée dans toutes les classes d'actifs à revenu fixe de la zone euro.
Avec une grande incertitude déjà intégrée dans les prix des obligations d'État françaises à l'approche du second tour de l'élection, le résultat a apporté un certain soulagement immédiat. L'attention se porte maintenant sur l'étendue de la coalition de gauche et, de manière réaliste, sur l'incapacité du gouvernement minoritaire NFP à réaliser les promesses de leur manifeste fiscal expansionniste.
Nous pensons que c'est limité, mais la fragilité de la position fiscale de la France reste au premier plan de nos préoccupations et, le pays étant déjà mis sous surveillance par la CE, il reste à voir comment le nouveau gouvernement fera face aux défis des stipulations de la Procédure de Déficit Excessif.
Pour ces raisons, nous restons neutres sur le risque souverain français pour le moment. Sur les marchés périphériques, particulièrement ceux plus vulnérables fiscalement et subissant des effets de contagion, comme l'Italie, nous adoptons également une position neutre. Par rapport aux fondamentaux, nous considérons que ces marchés sont du côté le plus cher de la fourchette depuis un certain temps.
De même, les valorisations des obligations sécurisées françaises, qui sont restées relativement stables par rapport aux titres financiers senior, ne sont pas aussi attrayantes qu'au début de l'année et nous sommes moins constructifs.
Nous restons relativement sereins sur le crédit investment grade européen plus large, bien que le risque français dans nos stratégies reste relativement faible. Similaire à l'action des prix que nous observons dans l'écart souverain France-Bund, les banques françaises - qui étaient plus vulnérables lors de la vente - ont déjà commencé à retracer leur faiblesse antérieure.
À un moment donné, nous nous attendons à ce que la nature indiscriminée de la volatilité du marché puisse ouvrir quelques opportunités idiosyncrasiques, mais ce n'est pas encore le moment.
Notre sentiment est que le résultat des élections n'affectera pas significativement les conditions de politique monétaire. Bien que l'indiscipline fiscale des États membres soit préoccupante, il est peu probable qu'elle empêche le cycle d'assouplissement dans lequel la BCE s'est déjà engagée à mesure que des progrès désinflationnistes sont réalisés. Cela devrait offrir un certain soutien aux actifs à revenu fixe européens à moyen terme
Quelles sont les implications pour les marchés actions ?
Par Martin Skanberg, Gestionnaire de fonds, Actions européennes
L'annonce surprise des élections législatives françaises a vu les actions françaises sous-performer en juin. L'indice CAC 40 de la France a baissé de -6,4% par rapport à une baisse de -2,6% pour l'indice plus large de la zone euro, le MSCI EMU.
Cela était dû en grande partie à l'incertitude concernant l'agenda économique du RN, qui était attendu pour gagner un grand nombre de sièges. En particulier, les actions des entreprises françaises domestiques (banques, services publics, opérateurs d'infrastructures) ont subi des pressions. La nature d'une élection surprise signifiait que peu d'informations concrètes étaient disponibles quant aux plans potentiels du RN. La dirigeante du RN, Marine Le Pen, avait précédemment indiqué un désir de nationaliser les actifs des autoroutes à péage.
Les actions françaises se sont ensuite quelque peu redressées, le CAC 40 ayant gagné 2,6% dans la semaine suivant le vote du premier tour, qui laissait entrevoir un parlement sans majorité. Ce résultat est maintenant confirmé, mais avec l'alliance de gauche émergeant comme le plus grand bloc unique, suivi des centristes. Les actions françaises sont en légère hausse au moment de la rédaction.
Un parlement sans majorité, avec Emmanuel Macron toujours en place comme président, signifiera probablement une période d'incertitude avec peu de réalisations sur le front politique.
Dans l'équipe European Blend, nous investissons sur la base d'opportunités spécifiques aux actions, pas sur des vues par pays. Le processus de formation d'un nouveau gouvernement peut prendre du temps et la question sera de savoir si une éventuelle vente future d'actions françaises entraînera une sous-évaluation attractive de certaines actions individuelles.
La France est loin d'être le seul pays à organiser des élections cette année. Les investisseurs doivent être capables de naviguer autour de ces événements et de se concentrer sur les opportunités spécifiques aux actions qui peuvent émerger de toute volatilité résultante.
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