Comment intégrer la gestion long short dans une allocation d’actifs ? Thomas d'Hauteville, La Financière d'Hauteville

Analyses de marchés
Thomas d'Hauteville
gestion long short

Dualité du marché : optimisme long vs. pessimisme short

« Deux salles, deux ambiances ! »

Comme dans tous les domaines, il y a différentes manières d’appréhender « son marché ». Il y a les éternels optimistes que sont les gérants dits « long » ou acheteurs. Les gérants « long » investissent dans des sociétés avec l’objectif de voir le cours de bourse de ces dernières monter au fil du temps. Les gérants investissent donc afin d’accompagner la croissance et le développement des entreprises.  Si le cours de l’entreprise baisse, le fonds est pénalisé et la performance sera impactée négativement. Une autre catégorie de gérants existe avec ce que l’on appelle une stratégie « short » ou vendeuse. Là, l’objectif n’est pas d’investir sur des sociétés dont on espère que le cours va monter, mais plutôt sur des sociétés dont on pense que le cours va baisser. Et dans le cas où le cours de l’action baisse, alors la performance du fonds sera impactée positivement.

Pour résumer, les gérants « long » parient sur la hausse du cours des sociétés et les gérants short parient sur la baisse des cours des sociétés.

Comment fait-on pour vendre un titre et gagner de l’argent en cas de baisse ?

La vente à découvert

Sur les marchés financiers, il est possible d’emprunter des titres à des investisseurs long terme moyennant un coût pour ce prêt.

Prenons un exemple avec une action fictive pour ne faire de tort à personne. Imaginons que l’action Bidart International côte à 300€ aujourd’hui. Après l’étude du dossier, un gérant pense que ce titre est surévalué, car le marché de prédilection de cette entreprise est en plein ralentissement et que ses bénéfices baissent déjà depuis quelques trimestres. Le gérant anticipe donc une baisse du cours de l’action.

Cela fait partie intégrante du paraphe précédent donc compliqué d’ajouter un titre ici.

Il va donc proposer à un autre investisseur de lui emprunter temporairement les 500 titres qu’il détient contre une rémunération et en s’engageant à les lui restituer à terme. Le gérant est donc temporairement détenteur de 500 titres de Bidart International à 300 euros l’action. Dès réception des titres prêtés, le gérant vend tous les titres pour 150.000 euros qu’il encaisse tout.  

2 cas de figures en fonction de l’évolution du cours de l’action :

1/ Le cours de Bidart International baisse à 250 euros comme anticipé par le gérant. Il décide alors de racheter 500 titres afin de les restituer à l’investisseur auquel il les avait empruntés. Il rachète donc 500 titres au cours de 250 euros soit une dépense de 125.000 euros. Il restitue les 500 titres et conserve le bénéfice entre ce qu’il a encaissé au départ en vendant directement les titres et le coût pour les racheter à un prix inférieur.

2/ Le cours de Bidart International monte à 350 euros. Le gérant s’est trompé et l’action a poursuivi sa hausse malgré les vents contraires identifiés par le gérant. Le gérant, comme il s’y était engagé doit rendre les 500 titres à l’investisseur d’origine sauf que pour les racheter sur le marché, le prix n’est plus le même. Il faut maintenant qu’il débourse la somme de 175.000 euros pour racheter les 500 titres.

À travers cet exemple, on comprend mieux comment les gérants font pour « shorter »/ vendre un titre et le risque qu’ils encourent si le titre finit par monter !

Comment fait-on pour unir ces 2 stratégies opposées : le long et le short ?

Certains gérants ont vu l’intérêt de travailler à la fois sur l’achat de titres (long) et sur la vente de titres (short). Finalement, leur travail reste le même, c'est-à-dire analyser des sociétés cotées ou des secteurs et essayer d’imaginer leur futur parcours en bourse en ayant la possibilité de jouer sur les 2 tableaux : la hausse et la baisse. En revanche, les objectifs par rapport à une gestion traditionnelle sont différents. Dans des marchés haussiers, le portefeuille d’un gérant long/short sera forcément pénalisé par la partie de son portefeuille anticipant la baisse de certains titres. A contrario, le portefeuille devrait mieux résister en cas de baisse de marché puisque certains titres en portefeuille profiteront de la baisse pour apporter de la performance au fonds.

Quels sont les différents types de gestion short ?

Ce qui va différencier les portefeuilles, c’est l’importance laissée aux shorts par rapport à l’ensemble du portefeuille. Les 2 principaux types de gestion que l’on va retrouver sont les « market neutral »/exposition neutre par rapport au sens du marché et les fonds long short avec un biais directionnel.

Dans le premier cas, l’exposition nette du fonds (les positions longues seront globalement équivalentes aux positions short) sera proche de 0%. Dans le second cas, il y aura un biais directionnel avec des positions longues par exemple, qui seront structurellement supérieures aux positions dites short. Un fonds long short pourra avoir un biais directionnel de 30%, c'est-à-dire que la soustraction entre le pourcentage de positions longues et le pourcentage des positions short sera de 30%. Sur le papier, la performance attendue sur les fonds market neutral sera inférieure aux fonds directionnels dans des marchés haussiers et à l’inverse l’avantage sera aux fonds market neutral dans les marchés plus irréguliers.

Quels sont les principaux risques de ce type de gestion ?

Dans la partie risque, la sélection de titres que le gérant fait, que ce soit pour les titres dont il espère une hausse du cours de l’action ou à l’inverse la sélection de titres dont il espère une baisse de l’action, est évidemment primordiale et concentre une grosse partie du risque de ce type de fonds. Généralement, la volatilité de ce type de fonds est inférieure aux fonds actions classiques, mais il y a eu par le passé de mauvaises surprises dans les périodes de fort stress et la déception pour les investisseurs a pu être grande. En effet, le gérant peut se tromper à la fois sur la sélection de titres dont il espère la hausse et ceux dont il espère la baisse, entraînant une volatilité et des pertes bien supérieures à l’esprit initial de ce type de stratégie. Enfin, le gérant sur la partie short peut se retrouver dans l’obligation de revendre ses titres dans l’urgence suite à une hausse très forte du cours (le fameux short squeeze) l’obligeant à liquider ses positions au plus mauvais des moments.

Un gros travail sur les options est fait par les gérants et ce sont aussi des gestions dans lesquelles il y a des arbitrages réguliers, ce qui peut rendre cette gestion coûteuse en termes de frais.

Quels sont les avantages de la gestion long short ?

Dans la partie des forces de la gestion long short, nous pouvons noter l’intérêt en termes de diversification dans un portefeuille. Les portefeuilles sont souvent considérés comme unidirectionnelle (objectif de hausse des marchés), les fonds dits long short permettent d’apporter de la décorrélation par rapport au sens des marchés. Leur niveau de volatilité plus faible généralement, est aussi un élément positif. Enfin, dans les périodes d’incertitudes, ce sont des stratégies intéressantes à avoir dans les portefeuilles que ce soit sur les actions ou les obligations. En effet, ce type de stratégie peut se décliner sur les principales classes d’actifs : actions, obligations ou encore les devises.

L’exemple ci-dessous reprend l’évolution entre un fonds long short et un indice actions françaises. On peut clairement voir que les mouvements de variation sont bien inférieurs pour le fonds long short par rapport à ceux de l’indice. Cette moindre volatilité est un atout important pour les clients qui, avant de penser à gagner de l’argent, souhaitent principalement éviter les trop lourdes pertes et les périodes de stress.

Évolution entre fonds long short et indice actions françaises, source Quantalys.

En conclusion et comme pour tout type de fonds, tout part d’abord du profil de risque du client et de sa capacité à accepter ou non les périodes de volatilité. Ses objectifs permettront aussi d’affiner le style de gestion qui sera le plus adéquat à intégrer à son portefeuille. Il y a un grand nombre de fonds et sur de nombreuses classes d’actifs qui utilise ce genre de stratégie ce qui peut rendre difficile le choix. Les périodes de forte volatilité et les chocs de marché sont généralement des périodes qui révèlent les gérants les plus performants sur ce type de gestion. Les stratégies long short sont, dans tous les cas, un bon moyen de diversifier ses portefeuilles et de limiter le côté directionnel de ces derniers.

Par Thomas d'Hauteville, La Financière d'Hauteville

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