“Les marchés restent résilients face au droit de douane” Marina Garlatti, Tailor AM

La date butoir fixée par Donald Trump relance les tensions douanières
Commençons par la guerre commerciale, puisque nous sommes le 9 juillet, qui était la date butoir fixée par Donald Trump. Quelles sont les conséquences de cette arrivée à cette date butoir ?
Oui, on a eu beaucoup de choses de ce côté-là récemment. Déjà, plusieurs pays ont commencé à recevoir la fameuse lettre leur indiquant le niveau des droits de douane qui sera appliqué à partir du 1er août, si jamais ils ne trouvent pas d'accord d'ici là. Ce sont des niveaux très proches de ce qui avait été annoncé le 2 avril. Pour certains pays, c'est même légèrement revu à la baisse, par exemple le Cambodge. En plus de ça, on a eu des nouvelles menaces sur les importations de cuivre qui pourront bientôt être taxées à 50 %, les médicaments potentiellement jusqu'à 200 %. Donc oui, de nouveaux éléments.
Des marchés actions résilients malgré l’incertitude commerciale
Les marchés actions restent franchement résilients. On n'a plus du tout le même effet d'annonce qu'on avait il y a quelques mois. Alors, soit ils se sont habitués ou ils se sont lassés, ou alors ils sont très optimistes sur les négociations commerciales. Là, pour le moment, on a eu quelques accords. Le Vietnam la semaine dernière, ce qui a été conclu, c'est pas de taxes sur les exportations américaines au Vietnam. Et en échange, les États-Unis appliquent un taux de 20 % sur les produits vietnamiens, contre 46 % prévus initialement.
Du côté de l'Union Européenne, c'était plutôt positif, on parlait d'un accord temporaire qui aurait pu avoir lieu dès cette semaine, avec des négociations qui portaient surtout sur certains secteurs, notamment automobiles, spiritueux, médicaments. Et là, en même temps, Donald Trump commence à mettre la pression en disant qu'il pourrait revoir le taux de droits de douane appliqué à l'Union européenne. Toujours en cours de discussion. Des avancées, certes. Ça prolonge quand même la période d'incertitude jusqu'au moins au 1er août. Il dit qu'il ne reviendra pas sur cette date-là, mais on ne sait jamais. En tout cas, d'ici là, toujours très peu de visibilité, notamment pour les banques centrales.
Une Réserve fédérale américaine prudente face aux risques inflationnistes
Justement, côté Banque centrale, on a eu quelques espoirs de baisse de taux de la Fed il y a quelques semaines qui semblent être passées. Quelle est l'attitude de la Fed pour les prochaines semaines, les prochains mois ?
Pour le moment, c'est vrai qu'il n'y a pas une grosse urgence pour la Fed. On a toujours ce risque inflationniste qui pèse sur l'économie américaine, puisque les entreprises vont répercuter le coût des droits de douane sur leur prix. Mais pour le moment, déjà, on ne connaît pas encore les taux de droits de douane définitifs qui seront appliqués. Les chiffres d'inflation ne reflètent pas encore la hausse qu'il y a eu pour le moment. La Fed préfère attendre avant de commencer à baisser ses taux. Elle peut se permettre d'attendre parce qu'effectivement, on a un ralentissement, notamment au niveau de la consommation, mais l'économie américaine reste quand même globalement résiliente. La semaine dernière, on a eu un ISM des services qui était en hausse, à 50,8, donc en zone d'expansion. Au niveau du marché de l'emploi, on commence à avoir des signes de fragilité, mais rien de catastrophique. On a même un taux de chômage qui baisse légèrement à 4,1 %. Et en plus de ça, on pourra avoir un effet positif sur la croissance de la politique budgétaire de Trump, puisque sa loi fiscale a été adoptée le 4 juillet comme il le voulait, et donc les réductions d'impôts seront bien prolongées. On aura ce soir le compte-rendu de la dernière réunion, donc on verra si on en sait plus.
La Banque centrale européenne en phase d’observation après son action
À l'inverse, la BCE qui a déjà agi est maintenant dans une période d'attente. Il faut espérer des effets sur l'économie européenne ?
Oui, la BCE parlait d'une pause dans son assouplissement monétaire. En Europe, la croissance reste assez molle, toujours une consommation plutôt faible. D'ailleurs, les ventes au détail ont reculé en mai à moins de 0,7 %. En parallèle, un taux d'épargne très élevé. Cela ne reflète pas une grande confiance des consommateurs dans la zone euro. Il y a quand même des bonnes nouvelles, essentiellement liées à la relance budgétaire, donc globalement une dynamique qui s'améliore quand même, notamment en Allemagne. On a eu des stats plutôt bien orientées dernièrement, amélioration du climat des affaires, rebond de la production industrielle, c'est quand même une bonne nouvelle, mais on part d'un niveau de croissance faible. Donc effectivement, c'est ce qui a permis à la BCE de baisser ses taux, sachant qu'on a un risque inflationniste qui est plutôt modéré en zone euro. D'autant plus que l'OPEP a décidé d'augmenter sa production, ce qui aura tendance à tirer les prix du pétrole à la baisse. Et ça, c'est un élément qui joue quand même beaucoup sur l'inflation européenne.
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