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Analyses de marchés

"Les niveaux de valorisation ne laissent plus de place à l’erreur" Jean-Jacques Friedman (Vega IM)

5
Mar
2024
Après un début d’année favorable sur les marchés, comment les fonds VEGA IM se positionnent-ils ? Quels risques méritent une attention particulière ces prochains mois ? Quels secteurs et thématiques privilégier selon les différents scénarios envisagés ? Réponse avec Jean-Jacques Friedman, Directeur des Investissements chez Vega IM.

Vincent TOURAINE : Bonjour à toutes et à tous. Après une année 2023 faste pour les marchés d'actions, que nous réserve 2024 ? Les investisseurs attendent avec impatience les futures baisses de taux des banques centrales. Mais quels sont les risques ? Comment s'y préparer ? Nous en parlons avec Jean-Jacques Friedman. Bonjour.
 
Jean-Jacques FRIEDMAN : Bonjour Vincent.
 
VT : Vous êtes Directeur des investissements de Vega IM. Merci d'être avec nous. Comment s'est passée 2023 pour Vega IM ? Avez-vous profité de la hausse des marchés d'actions ?
 
JJF : Oui, parce que nous avons été contrariants. Nous ne le sommes pas par nature, mais nous avons été contrariants depuis septembre 2022 et sur tout 2023 parce qu’il y avait un excès de pessimisme extrêmement fort. Les vieux dictons boursiers le savent bien.
Les marchés haussiers avec une forte amplitude potentielle naissent dans ces conditions très négatives. Le marché ne voyait que du noir. Il pensait que la hausse des taux allait continuer indéfiniment.
 
VT : L'année a bien commencé et puis après nous nous sommes posés beaucoup de questions.
 
JJF : L'année a bien commencé mais le balancier a ensuite été un peu trop loin ce qui a créé des anticipations de baisse des taux un peu trop rapides. Donc après la première impulsion, les investisseurs se sont un peu lassés, ont capitulé mais cela a bien repris ensuite mais plus jamais été sous exposés toujours sur exposés, parfois neutres. Depuis septembre 2022, nous n'avons plus jamais sur le marché actions. Avec un biais très fort aussi sur la tech et sur la croissance que nous ne pouvions pas forcément anticiper avec les niveaux de taux. Le paradoxe c'est que même si les niveaux de taux ont continué à être relativement élevés, la tech qui d'habitude aime les taux faibles a bien profité de ça, grâce à l'IA qui est intervenue en cours d'année.
 
VT : Y-a-t-il des risques à venir ? Lesquels ? Comment allez-vous vous adapter ?
 
JJF : Le marché a pris 35 % ne serait-ce que pour le marché européen donc nous arrivons à des niveaux de valorisation par définition plus tendus. Nous ne croyons pas à une amélioration par exemple des résultats très forts de sociétés avec des marges déjà plus élevées. Tout ça passe par une tension sur les multiples de valorisation. Nous devrions arriver, c'est l'idée, sur des multiples de valorisation plus tendus qui ne supporteront pas le droit à l'erreur et le droit à l'échec. Là-dessus, il y a différents risques possibles. Le premier c'est que souvent le marché aime bien être dans l'attente de la bonne nouvelle de la baisse des taux mais quand la baisse des taux survient, c'est-à-dire au deuxième trimestre normalement, ça peut être le point bas du marché actions. À ce moment-là, l'idée ça sera sans doute de réduire l'exposition. Nous avons aussi en ligne de mire les élections américaines avec des conventions qui battront leur plein en juillet-août et là il y a des éléments notamment sur le protectionnisme et des éléments géopolitiques qui peut faire craindre le marché. Pour nous, le début d'année est positif et ensuite nous réduirons sans doute l'exposition en passant notre sous-exposé sur le marché actions.
 
VT : Plus défensif à ce moment-là. En quelques mots, vous êtes des gérants croissance plutôt. Sur quels secteurs thématiques allez-vous insister à partir du moment où les taux vont baisser ?
 
JJF : Nous sommes des gérants croissance, donc nous avons joué vraiment à la fois la tech, nous revenons aujourd'hui plutôt sur des valeurs plus moyennes de la med tech qui performent bien. Tout ça veut dire qu'il faut commencer à constituer de nouveau une partie obligataire intéressante donc des secteurs sensibles à la baisse des taux : énergéticien, utilities, services publics, immobilier, même si un secteur sur lequel nous ne jouons pas. Et puis les secteurs qui peuvent être liés aux éléments défensifs. Parmi les secteurs cités habituellement : les télécoms, la pharmaceutique, mais dans une année d'élection c'est un peu plus dangereux et sur la distribution alimentaire et sur la boisson ça se réveille. C'est peut-être un des premiers secteurs, on le voit à quelques valeurs qui ont bien performé, sur lequel nous reviendrons plus défensifs et sous-exposés à partir du deuxième trimestre de cette année.
 
VT : Jean-Jacques Friedman, merci pour ces pistes d'investissement pour 2024. Vous êtes Directeur des investissements de Vega IM. Au revoir.

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