“Sacré poison d’avril !” Christian Bito (ESSEC et SLGP)


Trump frappe fort avec son Liberation Day et inquiète les marchés
Le lendemain du 1er avril, Trump a déroulé son show Liberation Day. La dose de droits de douane assénée pourrait bien empoisonner la croissance économique américaine et du reste du monde. Le Mexique et le Canada y échappent. Pour les plus optimistes, cela montre que le président américain commence par frapper fort et souhaite par la suite négocier comme en 2018. En tout cas, les marchés ont chuté lourdement. Cette politique inquiète, car son impact sur l'activité est incertain. Elle se rend en tout cas négative, à l'instar des expériences passées.
Le risque d’une répétition des erreurs du passé
Par exemple, la loi Hawley-Smoot de 1930 a augmenté les droits de douane à 59 % aux États-Unis. Comme plusieurs pays les avaient augmentés en réponse, tels l'Allemagne et le Japon, cette loi a participé à la poursuite de la grande dépression d'entre-deux-guerres entamée en 1929, alors qu'elle devait la freiner. Le commerce international ne représentait à l'époque qu'environ 9 % du PIB mondial. Il est tombé à 6 % en 1932. Aujourd'hui, le commerce international, c'est 50 %, plus de 50 % du PIB mondial. Ces mesures ravivent aussi les anticipations inflationnistes. Les marchés obligataires américains ont néanmoins privilégié la prise en compte du risque de baisse de l'activité, et donc de la demande de capitaux, puisque le taux à 10 ans américain est redescendu sous 4 %. Un mouvement de fly-to-quality sur les obligations est aussi apparu.
Un financement des baisses d’impôts par les droits de douane
Le plan Trump consisterait à financer des baisses d'impôts massives par ses droits de douane, conjugués aussi aux économies du DOGE. Ainsi, l'activité domestique doperait la croissance. Mais ce schéma est hypothétique, car les taxes sont immédiates. Elles vont provoquer une courbe en J, aggravant le déficit commercial avant que les importations soient remplacées par des productions locales, et cela va grever la consommation des ménages. La chute de l'indicateur de confiance de l'Université du Michigan montre que les ménages, comme les investisseurs, n'adhèrent pas encore à ce plan ambitieux.
La Fed pourrait intervenir face à la dégradation des perspectives
La Fed n'a plus baissé ses taux directeurs depuis décembre dernier. Elle s'inquiète de la dégradation potentielle de la conjoncture. L'institution pourra intervenir lors de ses prochaines réunions afin d'inverser des perspectives à court terme qui s'assombrissent. Parce que la potion magique du président Trump a pour le moment plus le goût d'un poison. Poison d'avril, bien entendu.
Chaque jour, nous sélectionnons pour vous, professionnels de la gestion d'actifs, une actualité chiffrée précieuse à vos analyses de marchés. Statistiques, études, infographies dans divers domaines : épargne, immobilier, économie, finances, etc. Ne manquez pas l'info visuelle quotidienne !
Ne loupez aucun événement de nos partenaires : webinars, roadshow, formations, etc. en vous inscrivant en ligne.

.webp)

































