Des premiers signaux d’alerte sur la tech et l’IA ? Julien Quistrebert, Tailor AM


Contrairement aux dernières semaines, on a eu un début de semaine un peu à la baisse. On va commencer par les valeurs tech, nombreuses à avoir publié la semaine dernière. C’est cela qui a commencé à tirer le marché vers le bas en début de semaine.
Un peu d’inquiétude sur ce marché de la tech, même si les publications ont été globalement solides
On a vu des titres, pour certains en tout cas, retracer assez fortement, comme Palantir, Meta. On a aussi AMD qui vient de publier : même si les résultats étaient solides, le dessous a été un peu décevant par rapport à des attentes très élevées. Donc, en préouverture, on serait autour de –5 %. Et puis, je dirais, le petit dernier coin ajouté, ce sont Goldman Sachs et Morgan Stanley qui ont alerté sur les niveaux de valorisation. Et c’est vrai qu’on le sait, ce marché est étendu, il y a beaucoup d’effets de levier, plus d’un trillion sur les actions, notamment les valeurs technologiques. On voit aussi le Bitcoin un peu en souffrance : c’est emblématique de cet environnement. On a donc un marché qui commence à se poser des questions sur l’IA. On voit aussi des sociétés comme Oracle : les résultats étaient solides, mais on observe un écartement des spreads de CDS, passés de 40 à 80 points de base en quelques semaines. Il y a donc un environnement un peu plus inquiet sur les valorisations et sur une éventuelle bulle dans ce segment.
Mais pour l’instant, est-ce que vous l’interprétez plutôt comme des prises de bénéfices, puisque les hausses ont été importantes depuis le début de l’année, ou comme une première alerte susceptible de s’amplifier ?
Prises de bénéfices ou premiers signaux d’alerte ?
Pour nous, pour l’instant, on reste dans une logique de petites prises de profit, mais il y a quand même des zones d’alerte. Aujourd’hui, on voit que les acteurs de la tech, comme Amazon, qui a récemment fait une grosse levée de dette, vont devoir financer de plus en plus leurs investissements et leurs data centers par l’endettement. Et donc, la logique du retour sur investissement va se poser davantage.
Aujourd’hui, personne n’est clairement capable de parler de monétisation réelle de l’intelligence artificielle. On a l’exemple d’OpenAI, qui a récemment baissé ses prix de 20 $ à 5 $ par mois en Inde pour gagner des parts de marché, ou encore Anthropic, qui leur taille des croupières sur certaines API. Il existe donc un environnement d’incertitude. Tant que les entreprises utilisaient leurs trésoreries et leurs liquidités abondantes, tout allait bien ; dans une logique de dette, les banquiers vont désormais regarder de plus près le retour sur investissement. Et là, on reste dans une zone de flou assez intégrale.
Des tensions sur la liquidité et les marchés du crédit
On va finir en restant aux États-Unis, avec la Fed et le shutdown qui continue. Il y a pas mal de tensions sur le plan monétaire.
Oui, tout à fait. On n’a pas une crise de liquidité, c’est un grand mot, mais on observe des tensions sur la partie monétaire. Le SOFR s’est fortement écarté du taux cible des Fed Funds. On est sur les plus grands écarts depuis la crise du Covid. Ce sont de petits signaux faibles, mais la Fed, en parallèle, arrête son quantitative tightening. Le marché du crédit va être sollicité aussi bien par les États que par les entreprises technologiques, bientôt, pour construire ces data centers. Tout cela crée des tensions sur les marchés du crédit. On peut se demander si le quantitative easing de la Fed ne reviendra pas trop tôt, et ce très rapidement, dans un contexte de shutdown, de réduction d’emplois, beaucoup d’annonces chez Amazon, Accenture, IBM, etc. Des zones de trouble, et certainement un Donald Trump qui mettra une pression maximale. On a vu les résultats des élections à New York, dans le New Jersey ou en Virginie, plutôt positifs pour les démocrates. La Californie a aussi voté le redécoupage de la carte électorale. Trump va sans doute accentuer la pression sur la Fed pour qu’elle baisse ses taux, voire relance rapidement un quantitative easing, car on voit apparaître des zones de fragilité et trop d’effets de levier dans le système.
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