2025 : Enfin le retour des small et mid caps ? Louis de Fels (Gay-Lussac Gestion), Vincent Roger ( GLR Gestion Privée) et Jean-Laurent Cadorel (Optélios Capital)

2025 peut-elle être l'année du retour en force des small et mid caps européennes ? Annoncé depuis plusieurs années, le rebond des petites et moyennes capitalisations européennes n’a jamais semblé aussi favorable. Louis De Fels, responsable de la gestion collective chez Gay-Lussac Gestion, revient sur cette dynamique espérée. Il est accompagné de Vincent Roger, directeur associé de GLR Gestion Privée, et de Jean-Laurent Cadorel, responsable des investissements chez Optélios Capital.
Un électrochoc attendu pour relancer les petites capitalisations
Vincent Roger : Avec la taille et le montant colossal du plan de relance, notamment en Allemagne, on parle de 500 Mds, et la politique monétaire menée par la BCE qui reste accommodante, est-ce que c'est de nouveau le temps pour les petites et moyennes capitalisations ? Est-ce que ça va être « the place to be » comme on dit ?
Louis De Fels : On l'espère. En tout cas, on ne le dit plus. On s'est tous trompés, que ce soit nous ou les copains. C'est au moins la troisième ou quatrième fois en l'espace de 3 ou 4 ans. Mais c'est vrai que très souvent, quand les commerciaux viennent me voir en me disant d'où pourrait venir l'électrochoc ? Eh bien, clairement, le fameux Whatever It Takes... C'est l'électrochoc qu'on attendait. Clairement plus la BCE. C'est vrai que ça fait bientôt un an qu'on attend la première baisse de taux de la BCE. Donc le temps que ça arrive. Et c'est un vrai électrochoc positif. Parce que l'Europe va bien. Faut arrêter de croire que l'Europe va mal. C'est plus un choc de confiance. On a un niveau d'épargne hyper élevé. On a une croissance réelle positive. Donc tout va bien. Il faut juste qu'il y ait une confiance qui revienne. Je me rappelle qu'en juillet 2012, M. Draghi annonce ça, il y a eu un énorme rebond des small cap de la fin 2012 jusqu'à quasiment 2018. Donc on espère, peut-être pas tout de suite, mais dès que ça va à peu près se calmer, on espère vraiment le retour, d'ici j'espère cet été, pendant plusieurs années en tout cas.
Une décote historique pour les small caps européennes
Jean-Laurent Cadorel : À quel point est-ce que vous estimez qu'il y a une décote actuellement sur les valeurs small cap ? Vous l'observez, vous l'estimez à peu près à combien ?
LDF : Par exemple, le FTSE au Royaume-Uni est à 11 fois le PE. Il faut savoir qu'on est à 12 ou 13 fois pour les small Europe ex-Royaume-Uni. Et on est quasiment revenu à une décote par rapport aux large cap. Normalement, les small & mid cap, c'est 10%, 15%, 20% selon les indices que vous regardez, de prime par rapport aux indices large cap. Et là, on est plutôt en décote de 15 à 20%. Et c'est la même chose quand vous regardez le Price-to-Book. Le Price-to-Book, c'est quelque chose qu'on aime beaucoup, c'est les ratios de fonds propres. Et là, sur les small cap françaises, on est tombé quasiment à 1,1 fois les fonds propres, sachant qu'on est plutôt 1,5, 1,6 pour un large cap. Donc on a une décote historique en relatif, que ce soit sur le PE et le Price-to-Book.
Vers un rééquilibrage entre cotés et non cotés ?
Vincent Roger : Est-ce qu'avec le boom des investissements et puis la démocratisation qui s'est effectuée dans l'univers du non coté, on va assister, pour les investisseurs, à un retour en fait vers un chemin qui devrait s'inverser du côté des stratégies liquides ? Est-ce que vous pensez qu'on est sur cette voie ?
LDF : J'aimerais bien, parce que clairement, le Private Equity a vraiment pris beaucoup de place sur la gestion cotée, notamment small cap. On l'a vu dans les introductions en bourse, qui sont extrêmement pauvres depuis plusieurs années. La plupart de nos pépites françaises du terroir qu'on a dénichées ont été acquises par des fonds de Private Equity, souvent aux côtés de la famille. Donc c'est vrai que pour l'instant, c'est beaucoup arrivé. On ne les a toujours pas revues en bourse. J'ai entendu dire que pour la première année, en 2024, il n'y avait pas eu de souscription dans les fonds de Private Equity. Chaque année, il y avait des souscriptions, des souscriptions, des souscriptions. C'étaient les fonds qui se rachetaient. Voilà, peut-être qu'on va enfin regarder...
Un écart de valorisation injustifié entre les cotés et les non cotés
Vincent Touraine : C'est un cercle un petit peu vicieux : moins on estime que c'est bien valorisé en bourse, plus on est tenté de sortir de la cote.
LDF : Là, il y a le fameux indice Argos qui est à 9,5 fois l'EBITDA, qui valorise les sociétés non cotées. Une très, très forte prime, parce qu'aujourd'hui, les small caps françaises ou même la zone euro, on est plutôt autour de 6 fois l'EBITDA. Donc, il y a quasiment plus de 30%, même un peu plus de prime qui n'a pas lieu d'être. Parce que nous, les small caps, la plupart des fonds maintenant ont une VL quotidienne, donc vous avez la liquidité. On n'a pas de raison de rougir sur 5, 10 ans sur les TRI de nos fonds small caps.
La question de la liquidité dans l’univers des microcaps
Il y a assez de liquidité ? C'est ce qui est reproché au microcap en particulier. C'est vrai que la microcap, c'est un vrai marché de niche, il ne faut pas prendre non plus trop d'encours sous gestion, c'est pour ça que nous, on a une vraie capacité à fermer les fonds quand il le faut. Mais aujourd'hui, avec le développement des dark pools, c'est un nouveau métier aujourd'hui... Avant, les brokers, ils attendaient un bloc, ils attendaient l'acheteur et le vendeur pour pouvoir matcher. Le problème actuel sur le small cap, ce n'est pas la liquidité. Certes, les flux sont sortants, même s'ils se sont calmés depuis le mois de décembre, heureusement, mais ça n'a pas été la problématique de liquidité pour le moment.
Les besoins en flux pour relancer la dynamique des small caps
VR : À quel point c'est un peu lié au cycle de liquidité ? C'est-à-dire qu'on a quand même eu une dizaine d'années avec beaucoup de liquidités qui étaient injectées dans le système. On avait des systèmes de réserves d'ampleur auprès de la banque centrale. Aujourd'hui, on a des programmes pour vendre tous ces actifs. Est-ce que vous avez besoin, est-ce que le secteur des small cap a besoin d'un régime de liquidité excessif ?
LDF : Là, clairement, en tout cas, en Italie, il y a un programme, il n'est pas énorme pour relancer un peu le tissu des small cap italiennes. Il y a le fameux plan de la CDC, les 500 millions qui a commencé l'année dernière. Ils vont commencer à le déployer beaucoup plus fortement jusqu'à l'été. Voilà, c'est 500M€. Le PEA-PME en France, c'est 5 Mds et demi. Donc voilà, c'est sûr que là, il y a un vrai problème pour que la classe d'actifs se remette à surperformer, il faut que les flux reviennent. Mais ce qui peut paraître paradoxal, c'est qu'aujourd'hui, la liquidité n'est pas un problème. Si on doit vendre, on arrive à vendre.
Voir aussi : « L’Europe devrait continuer de surperformer en 2025 »
Ecouter aussi : La sous-performance des small caps continuera-t-elle en 2025 ?
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