Optimisme fragile face aux tensions budgétaires et monétaires (Arkéa AM)

Économie
Vision macroéconomiques de Septembre 2025

Malgré quelques signes de ralentissement économique, notamment les créations d’emplois aux États-Unis qui ont été revues nettement à la baisse en juillet, l’économie mondiale n’a pas connu de choc cet été. Ce contexte a permis aux marchés de garder une vision optimiste recouvrée depuis la désescalade des tensions commerciales entre les États-Unis et le reste du monde. Les marchés actions ont progressé en juillet et août (+4,1 % pour le S&P500 et +0,9 % pour l’Eurostoxx 50), et les obligations d’entreprises ont vu leur rendement continuer à se détendre vis-à-vis des obligations d’États. La croissance mondiale est faible mais résiste, le thème de l’intelligence artificielle reste dynamique, la pentification des courbes booste la valorisation des valeurs bancaires. Cette tendance peut-elle se maintenir sans à-coup alors que la période automnale est généralement plus volatile pour les actifs risqués ?

Des taux longs sous surveillance dans les économies développées

Le niveau des taux longs pour les pays occidentaux sera probablement un facteur important à surveiller. La défiance des investisseurs envers la dette gouvernementale est renforcée par les derniers développements : déficits budgétaires trop élevés, remise en cause de l’indépendance de la Fed et pressions à la baisse sur les taux directeurs, instabilité gouvernementale probable en France à partir du 8 septembre (vote de confiance du gouvernement), relance budgétaire allemande, réforme des fonds de pension néerlandais. La France se distingue des autres pays européens par un déficit budgétaire qui reste dégradé malgré le retour de la croissance après la crise covid. La pression des marchés devrait ainsi se maintenir sur la France. Les taux allemands seront tenaillés entre les espoirs de relance budgétaire du pays et une poursuite probable de la désinflation en zone euro.

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Différentiel de politique monétaire entre la Fed et la BCE

Contrairement aux États-Unis où les droits de douane vont temporairement impacter le prix des biens, l’inflation en zone euro fait face à un ralentissement salarial, la hausse de l’euro depuis le début de l’année, des prix du pétrole modérés, et une volonté chinoise de rediriger ses exportations à bas coûts en dehors des USA. Le marché n’anticipe pas de baisse des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne (BCE) d’ici la fin de l’année, mais une croissance européenne poussive et une inflation qui passe progressivement sous les 2 % pourraient faire évoluer la BCE dans les prochains mois. La différence de position entre la Fed et la BCE devrait maintenir une pression à la baisse sur le dollar. Les anticipations d’inflation à court terme (élevées aux USA et modérées en zone euro) poussent également le différentiel de taux réels à l’avantage de l’euro. Cela dit, les déboires budgétaires français pourraient amener de la volatilité pour la monnaie unique.

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Conjoncture économique : États-Unis, zone euro et Chine

L’économie américaine porte d’ores et déjà les stigmates de la guerre commerciale, alors même que l’administration Trump finalise encore les modalités exactes des accords commerciaux signés avec le reste du monde. Au total, les droits de douane imposés par Washington devraient entraîner une hausse de près de 15 % des droits de douane effectifs moyens, un niveau inégalé depuis les années 1930. Le PIB américain a accéléré au second trimestre (+0,8 % en rythme trimestriel, après -0,1 % au premier trimestre), reflet des importantes variations de stocks liées aux droits de douane. La demande interne montre des signes de modération et les créations d’emplois se sont nettement ralenties, au plus bas depuis la crise du covid-19, concentrées dans quelques secteurs peu cycliques.
En zone euro, le PIB a progressé de 0,1 % au deuxième trimestre après +0,6 % au premier, tandis que l’inflation a reculé à 2 % en juillet. La hausse des droits de douane américains pèse sur le commerce extérieur européen, et la demande intérieure reste atone.
En Chine, l’activité a été plus dynamique qu’anticipé grâce à des mesures de soutien budgétaire et monétaire, mais les difficultés immobilières et la faiblesse de la demande interne pourraient freiner la croissance au second semestre.

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Marchés monétaires et obligataires : Fed accommodante, tensions en Europe

Les rendements obligataires américains reculent en août, intégrant le virage plus accommodant de la Fed après les signaux de ralentissement du marché du travail. Jerome Powell a évoqué à Jackson Hole un possible ajustement de la politique monétaire alors que les taux restent en territoire restrictif. La pression politique de la Maison-Blanche sur la banque centrale s’accentue, renforçant les attentes d’une baisse des taux fed funds en septembre, première depuis décembre dernier.
En Europe, les rendements obligataires progressent, notamment dans les pays périphériques, sur fond d’inquiétudes budgétaires en France. Le spread du taux à 10 ans français avec l’Allemagne retrouve le seuil de 80 points de base, tandis que la BCE maintient une position plus restrictive.

Marchés actions : progression américaine et prudence européenne

Les marchés actions américains ont nettement progressé au cours de l’été, soutenus par la perspective d’une politique monétaire plus accommodante. Le S&P500 gagne près de 10 % depuis le début de l’année et le Nasdaq environ 11 %. En Europe, la hausse est plus modeste : l’Eurostoxx 50 progresse de 0,6 % sur le mois et de 9,3 % depuis janvier, tandis que le CAC40 recule de 0,9 % en août, freiné par les incertitudes politiques françaises.

Marchés des changes : un dollar sous pression, un euro renforcé

Le dollar perd 2,2 % en août face à un panier de devises, pénalisé par l’anticipation d’une Fed plus accommodante et la détente des taux courts. L’euro en profite pour progresser de plus de 2 %, frôlant 1,17 dollar, ce qui accentue les pressions désinflationnistes en zone euro et suscite des commentaires de plusieurs membres de la BCE.

Énergie et matières premières : baisse des prix du pétrole

Les prix de l’énergie reculent en août, les investisseurs anticipant un ralentissement de l’activité mondiale. Le baril de Brent reste sous 70 dollars et l’Agence internationale de l’énergie prévoit un excédent durable de l’offre mondiale de pétrole pour les deux prochaines années.

L'analyse complète d'Arkéa AM

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