« Nous trouvons de la valeur sur les marchés de crédit sans descendre en notation » Laurent Calvet, Tikehau
Les éléments communiqués reflètent l’opinion de Tikehau Investment Management (TIM), principale filiale de gestion d’actifs du groupe Tikehau Capital, à la date de la présente vidéo, et sont susceptibles d’évoluer sans préavis.
La baisse des taux initiée par les banques centrales va changer le paradigme des investissements sur les marchés de crédit. Dans un univers où de nombreux acteurs sont déjà fortement endettés, la recherche de rendement n’est-elle pas plus risquée ? Quelle stratégie Tikehau adopte-t-il au sein de ses fonds obligataires ? Réponses avec Laurent Calvet, Directeur Adjoint des Capital Markets Strategies et Directeur de la gestion obligataire chez Tikehau.
Pouvez-vous nous faire un point sur l'actualité des marchés de crédit ?
Laurent Calvet : Les marchés crédit se sont très bien comportés ces derniers temps, depuis un an et demi, dû plutôt à un soutien favorable au niveau fondamental et technique. Alors fondamental, nous venons d'avoir la publication des résultats du deuxième trimestre. Des marges qui se sont bien soutenues, avec les prix de l'énergie qui ont baissé, contrebalancés par la hausse des salaires. Une consommation qui baisse, mais qui ne s'effondre pas non plus. Nous avons des poches de faiblesse sur des secteurs en difficulté depuis plusieurs trimestres, comme la construction ou la chimie. Nous l'avons aussi vu au 2e trimestre avec l'automobile et l'emballage. Mais sinon, globalement, des résultats mieux qu'attendu. Des couvertures de taux d'intérêt en baisse, mais à des niveaux historiquement bien, des niveaux d'endettement soutenables et un marché du refinancement qui a été très actif depuis le début de l'année, et donc des entreprises qui ont réussi à repousser ce mur de la dette qui faisait peur à tout le monde en 2025/2026 et en 2027/2028. Et, des taux de défauts qui sont attendus plutôt stables, voire légèrement en baisse. Donc ça, fondamentalement, très bien. Et techniquement aussi, énormément d'argent qui est venu investir sur les marchés à un moment où la taille du marché s'est réduit. Ce qui a soutenu les prix en secondaire. Et avec la baisse des taux qui a été amorcée, ça devrait continuer. Nous attendons probablement, notamment, des fonds monétaires aussi.
Au vu du contexte politique, nous avons un retour des problématiques de soutenabilité de la dette des États.
Comment financer ces déficits et qu'est-ce que cela engendre sur le rendement précisément ?
LC : Il faut plutôt répondre au niveau des taux d'intérêt globalement. J'ai l'impression que nous nous retrouvons un petit peu dans la même configuration que début de cette année. Il y a pas mal d'euphorie sur l'anticipation de baisse de taux. Souvenez-vous, au début de l'année, c'était sept baisses de taux anticipées. Après, nous sommes revenus un peu plus raisonnablement vers les 3. Et là, la Réserve fédérale a fait 50 points en base. Joli numéro d'équilibriste au passage. Nous anticipons encore trois coupes d'ici la fin de l'année et 200 points de base d'ici un an. Et globalement, ce genre de régime de coupe de taux a précédé une récession de 3, 4 mois. Nous l'avons vu en 2001 et en 2007. Or, les données macro, certes, ralentissent, mais ne font pas état d'un effondrement. Donc nous pourrions avoir une déception et donc un peu de volatilité sur les taux. Ça, c'est plutôt pour les taux courts. Et les taux longs qui rejoignent votre question, effectivement, nous les trouvons aussi assez bas. Et nous pourrions avoir de la volatilité et une surprise un peu à la hausse sur ces taux longs, fondamentalement pour la reconstitution d'une prime de terme avec toutes les incertitudes géopolitiques que nous avons a encore aujourd'hui et techniquement, par l'émission de bons du Trésor, qui devrait être assez importante, que ce soit aux États-Unis ou en Europe, il y a les élections américaines qui arrivent avec pas mal d'incertitudes. Je pense que la seule certitude que l'on ait, c'est que peu importe le candidat, il devrait y avoir plus de déficit aux États-Unis, donc plus d'émissions qui devraient peser aussi sur les taux longs. Donc cette espèce de pentification de la courbe que nous avons vu se mettre en place depuis quelques semaines, quelques mois maintenant, devrait perdurer, mais peut-être plutôt par les taux longs.
Comment pouvons-nous trouver alors de la valeur sur ces marchés là ?
LC : Alors, dans la continuité de cette volatilité, peut être à attendre sur les taux d'intérêt, nous privilégierions plutôt un investissement sur la partie courte de la courbe, donc tout ce qui est short duration. Ensuite, ce qui est bien dans le régime de taux actuel, c'est que nous n'avons pas besoin de descendre très bas dans l'échelle de notation pour avoir un rendement attractif. Je rappelle quand même que le rendement du High Yield est encore autour de 6 %. Ça reste un point haut historique hors Covid et hors période depuis fin 2022 jusqu'à aujourd'hui. Donc, on peut aller dans des entreprises de qualité, avoir des rendements de 5, 6 %. Nous pourrions aussi descendre un peu plus bas dans l'échelle de notation, sans s'aventurer dans les crédits trop compliqués non plus, parce qu'effectivement, il y a eu de nombreux accidents depuis un an dans cette catégorie. Je pense au triple C, notamment Altice, Ardagh, SFR, Atos, Casino, etc. Mais nous pouvons avoir des émetteurs de qualité, à 7,8 % dans ce panier de notation là. Et puis après, vous nous connaissez. Notre plus forte conviction restera les financières et subordonnées financières. Cela reste, toujours au niveau fondamental et en valeur, peut-être le meilleur endroit du crédit européen aujourd'hui.
Comment cela se traduit-il en termes de produits chez Tikehau ?
LC : Nous avons Tikehau European High Yield qui est un peu notre vitrine, ce que nous savons faire de mieux en termes de sélection de valeur dans l'univers du rendement, dans l'univers du crédit plus globalement. Du haut rendement, de l'investment grade, des financières subordonnées ou senior. C'est un fonds qui est de très raisonnable donc très manoeuvrable et qui offre un beau potentiel de performance aujourd'hui, notamment pour son portage. Je rappelle que le crédit aujourd'hui dans une allocation a vraiment toute sa place, même après les bonnes performances, pour son aspect capitalisant. Il y a donc la version datée du Tikehau European High Yield qui est le Tikehau 2027, qui présente aussi encore, malgré une duration, une sensibilité au taux court, un rendement attractif. Nous pouvons aussi penser aux Tikehau subordonnées financières, qui est un peu plus niche, mais ça qui est notre fonds, qui encapsule toute notre sélection et notre conviction sur les financières et les subordonnées financières. Et après, enfin, nous pourrions citer aussi Tikehau 2029, qui, lui, est plutôt sur l'investment grade, un produit très sécurisé, très simple de compréhension.
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