Wall Street secouée par Trump et Nvidia (Sunny AM)

Analyses de marchés
wall street trump

Les indices boursiers à la clôture 27 février 2024

Clôture
Dow Jones S&P 500 Nasdaq Russell 2000
-0,45 % -1,59 % -2,78 % -1,59 %
Performances passées ne sont pas un indicateur des performances futures.

Wall Street en recul : tensions commerciales et correction de Nvidia pèsent sur les indices

Trump relance la guerre commerciale avec de nouvelles taxes

Les marchés ont connu une séance volatile jeudi, marquée par la confirmation par Donald Trump des hausses de tarifs douaniers sur le Canada et le Mexique à compter du 4 mars, ainsi que par la forte correction de Nvidia (-8,5%) après ses résultats.  

Le S&P 500 et le Nasdaq en forte baisse, plombés par Nvidia

Le S&P 500 a reculé de 1,59 % à 5 861,57, restant en territoire négatif sur la semaine et le mois. Le Nasdaq Composite a chuté de 2,78 % à 18 544,42, impacté par la baisse de Nvidia. Le Dow Jones a perdu 193,62 points (-0,45 %) à 43 239,50. Le S&P 500 et le Nasdaq sont en voie d’enregistrer leur pire semaine depuis septembre 2024.  

Les inquiétudes économiques s’accumulent aux États-Unis

Outre les tensions commerciales, Trump a annoncé une nouvelle taxe de 10 % sur les importations chinoises, s’ajoutant aux 10 % déjà en place. L’économie américaine montre aussi des signes de faiblesse, avec une hausse des demandes d’allocations chômage (242 000, en hausse de 22 000 par rapport à la semaine précédente, au-dessus des attentes de 225 000). Ces chiffres s’ajoutent à une série de données économiques décevantes, notamment un indice de confiance des consommateurs en baisse et des ventes au détail inférieures aux attentes.  

L’indicateur PCE attendu par les investisseurs pour évaluer l’inflation

Les investisseurs attendent désormais la publication vendredi de l’indice des dépenses de consommation personnelle (PCE), l’indicateur d’inflation privilégié par la Fed. Cet indicateur pourrait influencer les anticipations de politique monétaire et les tendances du marché à court terme.  

Secteurs en difficulté : la tech s’effondre, la finance résiste

Dans ce contexte, la value (-0,50 %) a mieux résisté que la croissance (-2,61 %). Quatre des onze secteurs ont clôturé en territoire positif, avec une surperformance du secteur des financières (+0,57 %), tandis que les secteurs de la tech (-3,79 %) et des services aux collectivités (-2,23 %) ont été les plus touchés.  

Marchés obligataires et devises : stabilité des taux, hausse du dollar

Sur le plan macroéconomique, le taux 10 ans US est resté inchangé à 4,26 %, tandis que le taux à 2 ans a légèrement baissé de 2 points de base à 4,05 %. Le dollar s’est apprécié de 0,83 % à 0,9617 contre euro, bénéficiant de l’incertitude ambiante.

Impact des nouveaux tarifs douaniers

Trump confirme l'entrée en vigueur des droits de douane le 4 mars. Les importations américaines en provenance du Mexique, du Canada et de la Chine s'élèvent à près de 120 milliards de dollars par mois.

impact des nouveaux tarifs douaniers

Lire aussi : Trump, les droits de douane et les trois « R »

Bourses : prises de bénéfices et turbulences sur les valeurs technologiques

A la cote, Nvidia a publié des résultats impressionnants avec un chiffre d'affaires de 39,3 Mds$ (+78%), porté par une forte croissance des data centers (+93% à 35,6 Mds$). Le bénéfice ajusté a atteint 0,89 $/action, battant légèrement les attentes (0,85 $), et la guidance pour le premier trimestre est robuste (43 Mds$ vs. 42,1 Mds$ attendus). Pourtant, après avoir ouvert en hausse, l'action a chuté de 8,5 %, illustrant d'importantes prises de bénéfices alors que le titre avait enregistré une performance exceptionnelle ces derniers mois.

Salesforce, de son côté, a dépassé les attentes sur le bénéfice (2,78 $/action vs. 2,61 $ attendus) mais a déçu sur ses prévisions. Son chiffre d’affaires trimestriel de 9,99 Mds$ est légèrement inférieur aux estimations (10,04 Mds$), et surtout, ses prévisions annuelles (40,5-40,9 Mds$) sont en dessous du consensus (41,37 Mds$). Cette prudence a pesé sur le titre, qui a reculé de 4 %, les investisseurs s’inquiétant d’un ralentissement de la croissance dans un marché plus concurrentiel, notamment avec l’émergence d’outils d’IA dans le CRM.

Tesla continue de subir des pressions, enregistrant sa sixième séance de baisse consécutive (-3%), portant sa chute totale à 20% en six jours. La faiblesse des ventes aux États-Unis et en Europe, couplée aux préoccupations concernant la priorité donnée par Elon Musk à son rôle au sein du gouvernement Trump, pèse sur la confiance des investisseurs.

Super Micro, après un rebond de 12% mercredi grâce à la publication attendue de ses comptes financiers qui a levé la menace d’une radiation du Nasdaq, a subi une correction brutale de 16% jeudi, marquant d’importantes prises de bénéfices.

Snowflake (+4,5%) a affiché une belle performance avec un bénéfice ajusté de 0,30 $/action (vs. 0,18 $ attendus) et un CA de 986,8M$ (+30%), dépassant les attentes. La guidance pour l'année (4,28 Mds$ vs. 4,23 Mds$ attendus) a renforcé la confiance des investisseurs.

Warner Bros. Discovery (+4,8%), malgré une perte trimestrielle plus lourde que prévu, a été soutenu par sa prévision d’atteindre 150 millions d’abonnés d’ici 2026, un objectif ambitieux mais crédible.

Pure Storage (-15%) et eBay (-8,2%) ont été pénalisés par des prévisions prudentes, malgré des résultats trimestriels conformes ou supérieurs aux attentes.

Moderna (-7,4%) a souffert de la réévaluation par l’administration Trump d’un contrat de 590 M$ pour le développement d’un vaccin contre la grippe aviaire.

Norwegian Cruise Line (-5,3%), bien que soutenue par une forte demande pour ses croisières en 2025 et 2026, a vu son titre reculer, signe d’un marché plus sélectif.

Teladoc (-14%) et IonQ (-17%) ont également été sanctionnés après des pertes trimestrielles plus lourdes qu’attendu.

Dans le secteur énergétique, Vistra (-12%) et Constellation Energy (-7,6%) ont déçu, malgré des résultats solides, illustrant une certaine prudence des investisseurs sur les utilities.

Économie US : une croissance robuste, mais des tensions sur l’emploi et l’inflation

L'économie américaine a maintenu un rythme de croissance soutenu au quatrième trimestre 2024, avec un PIB en hausse de 2,3 % en rythme annualisé, selon le Bureau of Economic Analysis. Cette expansion a été largement portée par la consommation des ménages, qui a progressé à un rythme robuste de 4,2 %, confirmant son rôle de moteur de l’activité.

Toutefois, l’inflation s’est révélée plus tenace qu’estimé initialement. L’indice des prix PCE hors alimentation et énergie, mesure privilégiée par la Réserve fédérale, a été révisé à la hausse à 2,7 % contre 2,5 % précédemment, sous l’effet de la hausse des coûts des services.

Lire aussi : L’inflation américaine peine à diminuer

Les commandes de biens durables ont fortement progressé en janvier, reflétant un regain de demande depuis l’élection de novembre. Cependant, certaines entreprises semblent anticiper les tarifs à venir en avançant leurs commandes, ce qui pourrait peser sur l’activité plus tard dans l’année. Les nouvelles commandes ont bondi de 3,1 % (vs. -1,8 % précédemment), dépassant les prévisions de +2,0 %. Hors transport, elles sont restées stables, en dessous des attentes (+0,3 %). En revanche, les commandes de biens d’équipement hors défense et aéronautique ont progressé de 0,8 % (vs. 0,3 % attendus), signalant un investissement soutenu des entreprises.

Toutefois, les expéditions de biens d’équipement, qui influencent le PIB, ont reculé de 0,3 %, entraînant une baisse de 0,1 % au T1 2025. Néanmoins, la hausse de 5,1 % des commandes depuis début 2025 suggère un rebond possible des expéditions.

Les demandes d’allocations chômage ont atteint leur plus haut niveau de l’année, reflétant une hausse des suppressions d’emplois dans les entreprises et les agences fédérales. Selon les données du département du Travail, les demandes initiales ont augmenté de 22 000 pour atteindre 242 000 sur la semaine du 22 février, un niveau équivalent à celui d’octobre dernier. Ce chiffre dépasse largement les prévisions du consensus Bloomberg, qui anticipait 221 000 demandes.

Cette augmentation coïncide avec des plans de réduction des effectifs annoncés par plusieurs grandes entreprises comme Starbucks, Meta et Southwest Airlines. Les économistes surveillent également les effets indirects des licenciements massifs dans les agences fédérales sous l’administration Trump. À Washington, DC, les demandes ont atteint leur plus haut niveau depuis mars 2023, poursuivant une tendance haussière débutée en début d’année. En revanche, dans le Maryland et en Virginie, deux États comptant un grand nombre de fonctionnaires, les demandes ont reculé.

Les licenciements de travailleurs fédéraux ne sont généralement pas inclus dans les chiffres globaux des demandes initiales, car ils sont rapportés séparément. Cette statistique est restée stable sur la semaine du 15 février, dernier chiffre disponible. Toutefois, les demandes globales incluent les employés licenciés par les sous-traitants et les entités financées par des fonds fédéraux. Selon Pantheon Macroeconomics, les suppressions de postes liées à la réduction des effectifs orchestrée par Elon Musk au sein du "Department of Government Efficiency" auraient contribué à environ 5 000 nouvelles demandes d’allocations la semaine dernière.

Malgré cette hausse des demandes, les licenciements au niveau national restent relativement contenus, et la demande de main-d’œuvre continue de ralentir progressivement. Le nombre total de bénéficiaires des allocations, mesuré par les demandes continues, a diminué à 1,86 million sur la semaine du 15 février. En revanche, la moyenne mobile sur quatre semaines des nouvelles demandes, qui permet de lisser les fluctuations hebdomadaires, a grimpé à 224 000, son plus haut niveau cette année.

Demain, les investisseurs porteront une attention particulière à la balance commerciale des biens, aux revenus et dépenses des ménages, ainsi qu’à l’indice d’inflation associé. L’indice PMI de Chicago sera également scruté.

Selon l'outil FedWatch du CME Group, la Fed devrait maintenir ses taux dans la fourchette 4,25 % et 4,5 % le 19 mars 2025, à l'issue de la prochaine réunion monétaire. Cette hypothèse affiche désormais de 95,5 % de probabilité contre 4,5 % pour une baisse de 25 bp dans la fourchette 4,0 %-4,25 %.

Lire aussi : Économie américaine : plus qu’un simple rhume ?

Pétrole : forte hausse des cours après la décision de Trump sur Chevron

Les cours du pétrole ont nettement progressé jeudi, portés par un rebond technique et par la décision de Donald Trump d’annuler la licence d’exploitation de Chevron au Venezuela.

Lire aussi : le top 15 des Fonds Actions Matières Premières en 2024

Le Brent a gagné 2,08 % à 74,04 dollars, tandis que le WTI a progressé de 2,52 % à 70,35 dollars.

Cette hausse intervient après une période de repli liée à la chute de la confiance des consommateurs américains, qui faisait craindre une baisse de la demande.

L’annulation de la licence de Chevron devrait réduire la production vénézuélienne de 100 000 barils par jour, ajoutant une pression supplémentaire sur l’offre mondiale.

Par ailleurs, le marché surveille de près les nouveaux tarifs douaniers de Trump sur les importations de pétrole en provenance du Canada et du Mexique, qui entreront en vigueur mardi. Ces deux pays fournissent une part essentielle du brut consommé aux États-Unis, avec 4 millions de barils par jour pour le Canada et 400 000 pour le Mexique. Cette mesure pourrait entraîner des tensions sur l’approvisionnement énergétique américain.

Par Eric Lafrenière, Sunny AM, Source Newsletter hebdo Point Marchés US du 27/02/2025

Les performances passées ne sont pas un indicateur fiable de performances futures. En cas d’intérêt pour un produit de la gamme de fonds d’investissements gérés par Sunny Asset Management, il convient que chaque investisseur ou investisseur potentiel se réfère aux documents d'information légaux du produit visé (prospectus, DIC, rapport annuel…), disponibles sur simple demande auprès de Sunny Asset Management. La Société de Gestion n’offre aucune garantie que l’objectif de gestion d’un OPC sera atteint ou qu’un investisseur ne subira pas une perte substantielle.

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