15’ Insight – Partie 1 : Les anticipations de baisse des taux sont trop proches. Avec Gilles Etcheberrigaray et Igor de Maack
Vincent TOURAINE : Quel environnement macroéconomique ? C'est la première partie de ce 15' Insight avec Gilles Etcheberrigaray et Igor De Maack. En Europe, la récession menace. L'inflation décélère. C'est le bon côté des choses. Est-ce que l'on peut dire Igor que la BCE a gagné la partie ?
Igor DE MAACK : Je ne sais pas si on peut dire que c'est une victoire parce que c'est quand même au prix d'une quasi récession et puis d'une consommation très atone, en tout cas dans les pays de la zone euro. Après, c'est aussi une politique toujours suiveuse de celle des États-Unis. Donc, nous n'avons pas été très innovants. Nous nous y sommes mis plus tard avec, évidemment, plus de boulets. Donc, c'est plus douloureux. Et nous suivons ce qui se passe aux États-Unis, c'est-à-dire une décélération de l'inflation. Nous allons en parler. Nous sommes très dépendants du prix du pétrole puisque nous ne sommes pas autonomes énergétiquement parlant. Aujourd'hui, nous avons les résultats d'une politique très handicapante pour l'économie et donc pour l'inflation mais il n'y avait pas vraiment d'autres choix, donc j'allais dire, face à ce choix cornélien, elle a fait "le bon choix".
VT : Gilles, le bon côté des choses, c'est l'inflation qui décélère mais l'économie est à la peine. Que retenez-vous ?
Gilles ETCHEBERRIGARAY : Sur l'Europe, c'est clair, la BCE risque de tuer l'IRI en tout cas en matière d'inflation. Concernant, les États-Unis, c'est plus ambivalent. Il y a une grande différence, les États-Unis ont fait beaucoup de relance budgétaire dans une économie qui était en surchauffe. Et donc l'arbitrage inflation-croissance, autant il est clair en Europe, il est moins clair aux Etats-Unis, où effectivement, on navigue à vue entre des peurs sur l'inflation et des peurs sur la croissance de façon plus régulière.
VT : Vu que ce sont les États-Unis qui sont un peu le marché directeur, en tout cas pour ce qui est des taux, à quand le début de la baisse des taux ? Maintenant, c'est ce que tout le monde anticipe, Igor. Le consensus, c'est le mois de mai, c'est ça ?
IdM : C'est courant de l'année 2024, plutôt à la mi-année, voire la deuxième partie de l'année mais la baisse des taux a déjà eu lieu sur les taux longs puisque c'est des taux de marché donc il faut dire la baisse des taux courts, qui sont très importants parce que ce sont des taux, par exemple qui sont les taux de base pour la rémunération des comptes à terme, dépôts à terme donc chez les épargnants, c'est très important. Comme d'habitude, c'est l'économie qui dicte un peu la voie pour les banquiers centraux. Il y a des élections américaines, nous en reparlerons. Je ne pense pas qu'il faille attendre une baisse des taux d'ailleurs Jérôme Powell l'a dit trop vite, tout de suite parce que nous ne sommes pas encore arrivés au chemin. La décélération des prix est là, mais les prix sont toujours à des niveaux très élevés donc il faut y aller encore et je pense qu’il y a un petit... Nous espérons 2024, mais quand les marchés l'anticiperont, la date même n'est pas tant importante que cela. Que ce soit juin, août, septembre, c'est vraiment une anticipation ancrée par un discours de banquier central et ça peut l'être assez tôt dans l'année.
VT : Donc ça peut être assez tôt dans l'année.
IdM : L'anticipation.
GE : C'est la vraie question. Maintenant la Fed a fini. C'est quasiment acquis. La question, c'est le rythme de la baisse et là je pense que nous avons basculé d'un mois de septembre où la Fed a perdue contre l'inflation, à maintenant, on essaie de la forcer à baisser trop vite. Quelque part, les anticipations de baisse des taux sont trop proches. Nous avons vu le discours. Le discours a eu un effet totalement inverse parce que nous nous attendions à ce que Powell soit encore plus guerrier qu'il n'a été. Il a eu du mal à être extrêmement guerrier. Aujourd'hui, je pense que les anticipations de baisse de taux sont trop proches par rapport au discours fondamental de la Fed. Elle se voit reprochée de se laisser trop balader par les marchés, même si en septembre, c'était un discours de perte de contrôle, que l'inflation allait filer, parce que la Fed était endormie au volant. Nous sommes maintenant passés sur, "elle va baisser trop vite". À mon avis, nous risquons d'avoir des soubresauts, non plus par rapport à des hausses de taux, ça je crois que maintenant on est d'accord, l'Europe, nous venons d'en parler, mais au calendrier de baisse.
VT : Igor, que suivrons-nous d'autre en 2024 ? Il y a les taux et les éléments un peu exogènes.
IdM : Il y a la géopolitique, depuis l'émergence des deux conflits, ça n'a pas empêché les marchés de vivre leur vie. Alors plus les guerres durent, moins elles sont favorables pour le mouvement économique, sauf évidemment pour les fabricants d'armes. C'est un sujet d'attention permanent, sachant que le "premier "conflit a quand même disrupté toute la chaîne logistique et a quand même impliqué des inflations de prix un peu partout. Nous allons surveiller les élections américaines. Vous l'évoquiez tout à l'heure. Voilà, même si quelque soit la personne élue, un Américain reste un Américain, donc protège les États-Unis. Après, il y a protectionnisme ou expansionnisme. C'est un peu la question aujourd'hui entre les deux candidats.
VT : Gilles, un petit mot là-dessus et nous allons clore cette première partie.
GE : Ça nous occupera à partir de mars mais il y a pas mal d'inconnues. Il y a le juridique et l'âge des candidats. Les candidats ne sont pas en forme. Nous voyons des séquences concernant les deux candidats où il y a des absences, etc. Comment vont-ils résister au débat ? C'est une question. Donc je dirais qu'avant de s'inquiéter des élections américaines qui seront un événement majeur pour 2024 nous avons la Fed et d'autres choses au premier trimestre.
VT : Nous en restons là pour la première partie de ce 15' Insight. À suivre, l'état des marchés d'actions. Quelles tendances ? Quelles valorisations ?
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