Retour
Analyses de marchés

15’ Insight – Partie 2 : 2024, vers un retour de la volatilité sur les actions ? Avec Gilles Etcheberrigaray et Igor de Maack

7
Dec
2023
15' Insight, c'est le tour d'horizon de l'actualité macroéconomique et financière Avec Gilles Etcheberrigaray Directeur des investissements d'Elkano AM et Igor de Maack Associé Dirigeant de Vitalépargne. Dans cette 2ème partie nos experts font le point sur les marchés d'actions après un mois de novembre exceptionnelle. Comment jugez les valorisations, et quelle anticipations pour 2024 ?

Vincent TOURAINE : Les marchés d'actions, quelles tendances ? Quelles valorisations ? C’est la deuxième partie de ce toujours avec Igor De Maack et Gilles Etcheberrigaray. Gilles, les grands indices boursiers viennent de connaître un mois de novembre assez exceptionnel contre toute attente d'ailleurs. Vous-même, ça vous étonne ?
 
Gilles ETCHEBERRIGARAY : Je dirais qu'il y a une corrélation entre la baisse des taux et les marchés actions. Les taux ont beaucoup baissé grâce à l'inflation.
 
VT : Une forte détente sur le 10 ans.
 
GE : Ce qui est surprenant, c'est de dire pourquoi ça a monté autant. Côté taux, nous avons eu des chiffres de chômage relativement mauvais, en tout cas en forte dégradation. Nous avons eu une inflation en ligne, donc les marchés obligataires ont baissé en taux ce qui est tout à fait normal. En revanche, nous avons eu un passage de narratif "il reste l'inflation" au soft landing sur les marchés actions qui est un peu plus surprenant. Pourquoi ?  Parce que la baisse des actions, c'est en partie une crainte de la récession. Et ça c'est un discours qui n'est pas du tout ou partiellement présent sur les actions. Vous avez une très forte dichotomie sur les marchés actions aujourd'hui. Vous avez d'un côté les sept mercenaires ou les sept magnifiques, les grandes valeurs, les valeurs de la tech ou encore du luxe en France, des grandes valeurs qui tiennent et qui rebondissent. Vous avez les petites valeurs qui restent au fond de la piscine qui ne rebondissent pas et c'est celles qui sont les plus sensibles à la croissance économique. Donc je me dis que c'est un rebond.
 
VT : Ce sont les mid-caps qui souffrent depuis deux ans déjà.
 
GE : Voilà, mid-caps et small caps encore plus. Et donc je me dis que ce rebond est un peu un faux-semblant puisque ce sont les grandes valeurs qui rebondissent, le reste de la cote petite et moyenne ne bouge pas.
 
VT : Igor, nous sommes allés trop vite ? Il faut se méfier des apparences ?
 
Igor DE MAACK : Non. Je souscris aux arguments. Ce sont des arguments qui sont techniques. Les actions sont valorisées avec les taux d'intérêt. Donc, quand les taux baissent, évidemment, ça donne de l'allant aux actions. Les marchés actions, en tout cas en Europe, ne sont pas revenus à leur niveau pré-estival, à leur top de cette année. Les marchés actions montent sur deux éléments. La première jambe, c'est l'expansion du multiple de valorisation donc ça c'est possible parce qu'on trouve que la classe d'actifs, soit par le biais des taux d'intérêt soit en comparatif, elle est sous-valorisée. Là, ce n'est pas tout à fait le cas parce que nous avons des multiples moyens qui sont en ligne en tout cas en Europe. Aux États-Unis, c'est toujours un peu gonflé mais l'environnement de taux est différent donc ce n’est pas tout à fait pareil. Et puis la deuxième partie, c'est la croissance des résultats. Certains résultats ont déçu mais en masse ils n'ont pas été beaucoup révisés. Alors on parle c'est vrai souvent des small et mid caps mais enfin en France, en Europe en tout cas, Alors on parle c'est vrai souvent des small et mid caps mais enfin en France, en Europe en tout cas, de ces valeurs est malheureusement trop faible. Aux États-Unis, elle fait dix fois la taille de la mid-cap française ou européenne. Honnêtement, les marchés actions sont assez solides malgré tous les obstacles et qu'on a vendu un petit peu la rumeur de la récession, on a acheté la nouvelle, puisque maintenant nous savons que la croissance va être à zéro en Europe, zéro et quelques. Ça ralentit aux États-Unis. Mais dans le monde, il y a quand même encore de la croissance.
 
VT : Donc, ils sont à leur prix les marchés d'actions ou ils sont devenus un peu trop chers, vu la remontée de ces dernières semaines ?
 
IdM : Non, je crois qu'ils sont là où ils doivent être aujourd'hui. Et nous attendons l'année 2024. C'est une année où normalement la désinflation, la baisse des taux d'intérêt et puis la poursuite de la croissance bénéficiaire devraient emmener les marchés un peu plus haut.
 
VT : Gilles vous diriez qu’ils peuvent monter un peu plus haut ?
 
GE : Je suis un peu moins d'accord. De l’inflation, clairement. Baisses des taux, clairement. Les banques centrales ont infligé une décoction de 5 % de hausse en deux ans jamais connue historiquement. Est-ce qu'il y a un effet retard là-dessus sur la croissance, c'est la question qui reste ouverte pour 2024, à notre sens. Quelque part aujourd'hui, nous sommes en train de faire un landing, nous sommes en train d'atterrir, ça, tout le monde est d’accord. Sera-t-il soft ou hard ? Ça sera la question de 2024.
 
VT : Igor, vous évoquiez les résultats. Lors des derniers résultats européens, français en particulier, il y a eu des plongeons massifs sur des valeurs, sur lesquelles on ne voit pas ce genre de sanctions. Sanofi par exemple, Worldline... Ça veut dire qu'il y a un tournant là ? Jusqu'aux derniers résultats, les entreprises résistent bien, elles ont un bon pricing power. Les choses sont-elles en train de changer ?
 
IdM : Non mais sur les indices de volatilité de marché, il n'y a pas eu une explosion de la volatilité des marchés actions donc c'est un peu singulier. Il n'y a pas beaucoup de volume en tout cas sur les marchés européens. Il y en aura de moins en moins. Et il ne faut pas confondre les problématiques conjoncturelles, Sanofi ou LVMH, qui ont des problématiques de croissance organique ou qui déçoivent par rapport à des estimations et des problèmes structurels. Worldline, c'est un problème structurel de compétitivité et Alstom, c'est un problème de modèle économique depuis 15 ans. Évidemment, ce ne sont pas les mêmes sujets quand il s'agit d'une recapitalisation pour Alstom, Ou quand il s'agit simplement d'un chiffre d'affaires un peu moins élevé que prévu pour LVMH et Sanofi.
 
GE : Ce qui est intéressant c'est la volatilité. Un sujet pour 2024, parce qu'elle est au plus bas depuis 3 ans et il pourrait y avoir de mauvaises surprises aussi de ce côté-là. Attention à la volatilité.
 
VT : C'est tout pour la deuxième partie de ce 15' Insight. Tout de suite, nous parlons allocation d'actifs pour 2024.

>> Voir l'émission complète

Partager :

À découvrir

Graph du jour

Découvrez notre sélection de graphiques
Club patrimoine

Contributeurs

Club patrimoine
Discover the vision of the financial media of tomorrow
Pour aller plus loin

Inscrivez-vous à la newsletter
Club Patrimoine

Parcourez nos catégories