Baisse des taux, indices au plus haut : quel cap pour les marchés ? Didier Bouvignies, Rothschild & Co AM

Analyses de marchés
Didier Bouvignies, Rothschild & Co AM, club patrimoine

Que retenez-vous de l'été qui est en train de s'achever sur les marchés financiers ?

Sur la période de vacances, 15 juillet au 31 août. Beaucoup de peurs en milieu de période sur la fin juillet. Au final, pas grand-chose puisque les indices sont légèrement au-dessus du niveau du 15 juillet, mais beaucoup de peurs avec une baisse de 9% sur la fin août, avec plusieurs indicateurs décevants. Tout d'abord, un peu de problème sur la tech, sur la rentabilité des investissements dans l'intelligence artificielle, qui ont interrogé les investisseurs. Le deuxième élément, c'est le moral dégradé des chefs d'entreprise en secteur manufacturier en dessous de 50 très nettement, avec une rebaisse sur les derniers mois.

Aux États-Unis ?

Oui, aux Etats-Unis. En Europe, il ne s'est pas passé grand-chose. Et aux Etats-Unis, dans la foulée, le chiffre de l'emploi qui a montré une hausse du taux de chômage de 0,5 point en quatre mois. Et à partir du 5 août, des chiffres nettement meilleurs, des retail sales, des inscriptions au chômage, etc. Et surtout, l'anticipation d'une baisse des taux, qui est maintenant quasiment acquise pour l'économie américaine en septembre.

Combien de baisse de taux d'ici la fin de l'année ?

La Fed dit : « je suis data dépendante». Les marchés évoluent très fortement sur les anticipations de baisse des taux. Là nous sommes sur 9 baisses des taux pour les 12 prochains mois aux Etats-Unis. 6 de 25 points de base. Donc on peut faire une de 50. D'ailleurs, pour la prochaine, il y a des anticipations de 30%, que ça serait 50 points de base de baisse. Nous pensons que tout dépendra du cycle économique. Encore une fois, data dépendante. Mais c'est beaucoup quand même. Ça ne s'est jamais observé sans une période de récession avec une telle vigueur. Il y a beaucoup d'anticipation dans le marché de taux. Et il y a la présidentielle américaine au mois de novembre.

Quel est le scénario le plus rose pour le marché ?

En juillet, effectivement, le rebond des démocrates dans les sondages, qui sont maintenant, au niveau national, légèrement au-dessus, mais ce n'est pas ça qui compte. Mais ce qui compte, ce sont les swing states, les sept états qui permettent de faire basculer historiquement d'un camps ou de l'autre. Et là, c'est une égalité. Nous attendons le débat télévisé du 10 septembre et nous allons voir si Harris, après ce fabuleux momentum, ces 500 millions collectés, qui sont évidemment des bonnes nouvelles, arrivera. Pour les marchés, contrairement à une idée très répandue, que si c'est Trump, c'est bon pour les marchés, si c'est Harris, c'est pas bon pour les marchés.

C'est ce qu'on pense traditionnellement ?

Oui. J'ai envie de dire, ça dépendra du moment où nous en sommes dans le cycle que nous venons d'évoquer Parce que Trump, pour faire simple, c'est bon pour les bénéfices, mais c'est pas bon pour les taux. parce que c'est inflationniste, par l'arrêt de l'immigration, par les taxes. D'une façon générale, il a un programme plus inflationniste et de déficit public plus béant que ceux de Harris. Si c'est Harris, c'est moins bon pour les earnings, parce qu'il y a des hausses d'impôts, mais nous pouvons penser que le déficit serait moins important et sur les taux moins inflationnistes. Donc, dans le cadre d'une activité qui va bien, remettre une couche peut-être inquiétant pour le marché de taux. Si au contraire, nous sommes dans un net ralentissement, rajouter du ralentissement au ralentissement sera une mauvaise nouvelle. Il est encore tôt pour définir dès à présent le gagnant et surtout la réaction des marchés dépendra du point de cycle dans lequel nous sommes. Alors nous parlons des marchés, des indices américains qui sont soit plus hauts, soit proche de leur plus haut. Certains indices européens le sont.

Qu'est-ce que cela vous inspire comme commentaire ?

J'ai une expression pour dire qu'aujourd'hui, sur le marché américain, et surtout après le rebond observé, on price la perfection, c'est-à-dire le soft landing, la poursuite de la croissance exponentielle de la tech, Tout ça donne 22 fois les bénéfices attendus pour les 12 prochains mois, dont pour 2025, c'est 15% de hausse attendue. Et nous payons ça 22 fois. C'est une prime de risque faible. Et soit nous avons des mauvaises nouvelles sur la croissance, soit nous pouvons en avoir sur les taux. Le sentier de crête sur lequel nous sommes est étroit. Et nous pouvons difficilement penser que l'Europe sera totalement immune face à des doutes qui se manifesteraient sur la croissance américaine.

Vous êtes prudents dans vos allocations ?

Dans les allocations, il y a eu globalement des réductions d'exposition, mais déjà depuis quelques mois, par rapport à cette maturation du cycle et de l'idée que nous ne pouvons pas avoir toutes les bonnes nouvelles. Soit c'est bon pour la croissance, soit c'est bon pour les taux, sans être totalement dégarnis Faire le pari aujourd'hui de la récession, beaucoup s'y sont frotté et ont eu beaucoup de déceptions parce que ça fait deux ans que cette récession est attendue et n'est pas venue. Par rapport à nos allocations de références et par rapport à notre historique, sur l'ensemble des gestions, nous sommes plutôt en bas d'exposition.

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