La Contribution Différentielle sur les Hauts Revenus (CDHR) : enjeux, risques et stratégies pour les contribuables

Fiscalité
Guillaume Eyssette
cdhr

La Contribution Différentielle sur les Hauts Revenus (CDHR) est une taxe spécifique qui concernera, dès décembre 2025, les contribuables à hauts revenus. Sa particularité : elle repose sur l’auto-déclaration et le paiement spontané par les contribuables concernés.

Beaucoup d’entre eux risquent, faute d’information, de ne pas respecter cette obligation dans les délais. Or, l’absence de déclaration volontaire entraînera une pénalité de 20 %, notifiée lors du calcul définitif de l’impôt sur les revenus en juillet 2026.

Qui est concerné par la CDHR ?

Le dispositif s’applique :

• aux personnes seules dont le revenu fiscal de référence (RFR) dépasse 250 000 €,

• aux couples dont le RFR dépasse 500 000 €.

Pour ces foyers, si le taux moyen d’imposition sur les revenus 2025 ressort inférieur à 20 %, il faudra verser la différence au Fisc avant le 15 décembre 2025.

L’assiette de calcul repose sur le Revenu Fiscal de Référence (RFR) intégrant notamment :

• les salaires et retraites,

• les revenus locatifs,

• les plus-values financières ou immobilières,

• les dividendes,

• les intérêts.

Un mécanisme de décote progressive s’applique jusqu’à 330 000€ pour une personne seule et 660 000€ pour un couple.

Un taux minimum d'imposition qui change la donne

Le seuil minimal de 20 % concerne surtout les contribuables dont une part importante des revenus est soumise à des régimes forfaitaires à taux réduit. C’est le cas notamment des dividendes imposés au Prélèvement Forfaitaire Unique de 12,8 % ou de certaines plus-values mobilières et immobilières.

Concrètement, un contribuable qui perçoit des dividendes taxés au PFU voit l’écart entre 12,8 % et 20 % corrigé par la CDHR. En ajoutant les 17,2 % de prélèvements sociaux, la charge totale atteint 37,2 %. Les dirigeants qui privilégient une rémunération par dividendes sont donc directement concernés par ce mécanisme.

Comment calculer la CDHR due en 2025 ?

Le contribuable doit réaliser une double estimation :

1. Estimer ses revenus 2025 : salaires, revenus locatifs, dividendes, plus-values, etc. L’absence d’IFU avant mars 2026 impose des calculs anticipés, souvent complexes, nécessitant l’appui d’un professionnel.

2. Estimer l’impôt dû au titre de 2025 : l’impôt sur le revenu « classique » dû au titre de 2025 + la Contribution Exceptionnelle sur les Hauts Revenus (au taux de 3% à 4%), hors prélèvements sociaux.

La CDHR à régler correspond alors à 95 % de la différence entre l’impôt total estimé au titre de 2025, et 20 % du revenu fiscal de référence.

Des ajustements existent selon la composition du foyer (mariage, enfants à charge…).

Les risques de non-déclaration

Contrairement à l’impôt sur le revenu traditionnel, aucun tiers collecteur (employeur, banque, assureur) n’assure le calcul et le versement de la CDHR.

La responsabilité repose entièrement sur le contribuable, ce qui accroît le risque d’oubli ou d’erreur. Or, en cas de manquement, l’administration fiscale appliquera une majoration de 20 %, assortie d’intérêts de retard.

Quelles stratégies pour optimiser sa situation ?

Il reste possible de réduire l’exposition à la CDHR par plusieurs leviers :

• Étaler ses revenus sur plusieurs années

• Privilégier les avances en assurance-vie plutôt que les rachats

• Loger les revenus dans des structures à l’impôt sur les sociétés (holding, SCI à l’IS)

• Recourir aux déductions admises dans le RFR : déficit foncier, cotisations Madelin, certains dispositifs de défiscalisation.

Une taxe exceptionnelle… appelée à durer ?

Initialement conçue comme une mesure exceptionnelle, limitée à l’exercice 2025, la CDHR figure déjà dans certains projets de budget 2026. Plusieurs dispositifs fiscaux initialement temporaires ont, par le passé, été maintenus au-delà de leur échéance. La déclaration de fin 2025 constituera à ce titre une première mise en application, qui déterminera la place future de ce prélèvement dans le paysage fiscal.

Des exemples

Le Chef d'entreprise à hauts dividendes

Franck est Chef d'Entreprise dans le secteur du logiciel. Son entreprise réalise 1M€ de bénéfices annuels distribuables. Il avoue volontiers être un peu réfractaire à l'impôt, et depuis la création de la Flat Tax en 2017 il a pris l'habitude de se verser un salaire symbolique de 20k€ net imposable par an, pour valider ses trimestres de retraite. Mais il se verse aussi 1M€ de dividendes par an, au grand désespoir de son expert-comptable qui s'inquiète de ce déséquilibre apparent. Franck est marié avec 2 enfants en bas âges, sa conjointe n'a pour le moment pas repris d'activité rémunérée.

Franck est non imposable au barème progressif de l'impôt sur le revenu, sa tranche marginale d'imposition est de 0%. Il doit pourtant régler sur ses 1M€ de dividendes les 12,8% de Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU), et 17,2% de prélèvements sociaux (PS), qui constituent la fameuse Flat Tax à 30% lorsqu'on les combine.

Avant la CDHR Franck payait donc 12,8% de 1M€ en Impôt sur le revenu soit 128 000 €, auxquels il rajoutait la Contribution Exceptionnelle sur les Hauts Revenus (CEHR, ne pas confondre !) à 3% au-delà de 500 000 €, pour atteindre une imposition totale de 146 100 € soit 14,3% de ses 1 020 000 € de Revenu Fiscal de Référence.

Avec l'application de la CDHR, Franck va payer 5,7% de ses revenus en plus, pour atteindre le taux cible de 20%. Dans son cas, les impôts augmentent donc de 57 840 €, soit une hausse de 40% du montant de son imposition sur le revenu par rapport à l'avant CDHR.

Et les 17,2% de Prélèvements Sociaux ? Ils ne sont pas pris en compte pour le calcul de la CDHR. Franck devra toutefois les payer selon les règles habituelles, ce qui lui reviendra presque aussi cher que son impôt sur le revenu CDHR comprise. Aux dernières nouvelles, il réfléchirait à apporter les parts de sa société à une Holding …

L'épargnant qui rachète un gros contrat d'assurance-vie

Vinciane fêtera bientôt ses 71 ans, elle vit seule dans sa maison en Isère, et sa modeste pension de retraite la rend non imposable. Au décès de ses parents voici 17 ans elle a reçu en héritage une propriété dans le Var. Elle l'a rapidement revendu 500 000 € pour placer la somme en assurance vie. Ses 2 enfants, férus de bourse et qui travaillent dans la tech à Paris, l'ont encouragé à arbitrer une bonne partie de son assurance vie vers des fonds liés au Nasdaq. Elle ne s'en est plus trop préoccupée depuis, mais le contrat vaut aujourd'hui 1 M€. Les petits-enfants tant attendus sont enfin arrivés et Vinciane a craqué pour un appartement parisien à près de 800 000 €. Elle tient à se rapprocher de sa famille, et à pouvoir accueillir à Paris ses petits-enfants. Le notaire insiste pour qu'elle acte l'acquisition avant son 71 ème anniversaire, afin de pouvoir réaliser une donation en nue-propriété dans la foulée, dans les meilleures conditions fiscales.

Vinciane est ravie, car elle se souvient que son contrat de plus de 8 ans lui permet de ne payer que 7,5% d'impôt sur les plus-values. Soit 37 500 € sur 500 000 € de plus-values si elle vide son contrat pour financer cet achat. Mais ses enfants tiquent un peu … avec 500 000 € de plus-values réalisées cette année, Vinciane va payer la CEHR et surtout la CDHR ! Ce n'est plus 7,5% d'impôt sur le revenu qu'il faut prévoir mais 20% tout compris. Soit 100 000 € plutôt que 37 500€.

Auquel il faudra bien entendu rajouter les prélèvements sociaux à 17,2% pour atteindre 86 000 € de pression sociale et fiscale !

Son CGP, lecteur assidu de Club Patrimoine, lui propose de choisir entre deux stratégies, qui attention, sont incompatibles entre elles :

  • Soit demander à bénéficier du système du quotient puisqu’elle n’a pas fait plus-values de même nature les années précédentes, et que le revenu issu de son assurance-vie peut être considéré comme exceptionnel.
  • Soit au contraire d'étaler le rachat sur deux années fiscales, quitte à faire une avance pour une partie de la somme, qu'elle remboursera par rachat dès le mois de janvier suivant, pour éviter de déclencher les foudres combinées de la CDHR et de la CEHR.

Par Guillaume Eyssette, Dirigeant et Fondateur du Multi-Family Office Gefinéo

Lire aussi :

Contribution CEHR et CDHR : modalités et différences

CDHR, un mécanisme fiscal lisible en 2025 ?

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