Crédit immobilier, taux en repli et reprise progressive du marché en 2025

Des signes de reprise malgré une activité encore inférieure aux niveaux d’avant-crise
Après deux années de net repli, la production de crédits immobiliers affiche des signes tangibles de redressement. Selon les derniers chiffres de la Banque de France, les nouveaux prêts hors renégociations ont atteint 12 milliards d’euros en mars 2025, contre 10,8 milliards en février et 9,9 milliards en janvier. La tendance est également confirmée par l’évolution de l’encours total, dont le recul annuel est désormais limité à 0,3 %, contre 0,5 % un mois plus tôt. Ce rebond progressif reste encore fragile, mais il traduit une amélioration graduelle des conditions d’emprunt et un retour de la demande.
Un taux moyen en baisse sur le premier trimestre, avant une stabilisation
Le taux moyen des crédits immobiliers s’est établi à 3,07 % au mois d’avril, après une série de replis consécutifs depuis janvier. La baisse avait atteint 7 points de base par mois en moyenne sur le premier trimestre, mais elle a ralenti à 2 points de base en avril. Cette inflexion s’explique par des tensions persistantes sur les marchés obligataires et géopolitiques, qui incitent les banques à plus de prudence. Certains barèmes bancaires ont même été revus à la hausse sur les durées classiques. Les taux constatés s’établissent en moyenne à 3,10 % sur 15 ans, 3,20 % sur 20 ans et 3,30 % sur 25 ans, selon les courtiers. Sur les crédits à taux fixe, la moyenne a reculé à 3,03 % en mars, contre 3,11 % en février.
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Une activité portée par les primo-accédants et les emprunteurs de retour
La reprise de la production de crédit s’accompagne d’un regain d’intérêt de la part des emprunteurs, en particulier les primo-accédants. Selon les données de la Banque de France, ces derniers représentent désormais plus de la moitié des crédits accordés pour l’acquisition d’une résidence principale. Depuis avril, ils bénéficient par ailleurs du prêt à taux zéro élargi, ce qui renforce leur capacité d’accès au financement. Sur le terrain, les courtiers observent un retour de tous les profils d’acheteurs, y compris ceux pénalisés par la forte remontée des taux en 2023. Cette dynamique s’explique par la volonté des banques de reconquérir une clientèle perdue en 2022 et 2023, avec des politiques commerciales plus actives et des marges ajustées. Lire aussi :
Une baisse des renégociations, des perspectives encore incertaines
Si les nouveaux crédits progressent, la part des renégociations poursuit son repli. Elle est passée de 16,8 % en janvier à 15,7 % en mars. Dans un contexte de baisse modérée des taux, les emprunteurs préfèrent mobiliser un nouveau financement plutôt que renégocier un crédit souscrit à des conditions plus contraignantes. Les marges de gain étant plus faibles, l’intérêt pour la renégociation s’atténue. Toutefois, certains profils fortement exposés aux taux hauts de 2023 pourraient encore trouver un levier d’optimisation, sous réserve de conditions stables au second semestre. Lire aussi :
Une visibilité encore partielle avant l’été
Malgré les premiers signes de reprise, les professionnels restent prudents. Le nombre de prêts accordés en avril reste inférieur de 25 % à la moyenne observée entre 2016 et 2019, selon l’observatoire CSA/Crédit Logement. Les tensions commerciales persistantes, notamment entre l’Union européenne et les États-Unis, pèsent sur le climat d’investissement. De leur côté, les banques ajustent leurs stratégies. Elles cherchent à préserver leurs marges, tout en répondant aux attentes des emprunteurs. L’évolution de l’OAT 10 ans, qui oscille autour de 3,2 %, reste également un indicateur scruté de près. La BCE devrait abaisser ses taux de refinancement de 0,25 % en juin, ce qui pourrait renforcer la détente progressive en cours. Plusieurs acteurs du marché anticipent un taux moyen stabilisé autour de 3 % d’ici fin 2025.
Un coût du crédit encore élevé mais mieux maîtrisé
Tous frais compris, le coût d’un crédit immobilier reste significatif. Pour un prêt de 100 000 euros sur 20 ans, il faut compter environ 45 000 euros d’intérêts. Selon la Banque de France, le taux moyen constaté pour une durée supérieure à 23 ans atteint désormais 3,20 %. En parallèle, près de deux prêts sur dix excèdent les plafonds du HCSF, notamment en matière de taux d’effort, qui ne doit théoriquement pas dépasser 35 %. Ces dépassements restent encadrés, mais illustrent la persistance de situations limites malgré le repli des taux.
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Conclusion, vers une normalisation progressive du crédit immobilier
La mécanique du crédit immobilier semble relancée, même timidement. Le mois de mars a marqué une inflexion notable, soutenue par la détente des taux et une reprise des octrois. Si la prudence reste de mise, les signaux d’une normalisation progressive se confirment. Le rôle des banques centrales, la solidité des emprunteurs et l’évolution des prix de l’immobilier resteront des variables clés pour les mois à venir.
Sources : ABC Bourse, Les Echos, Ouest France
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