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Analyses de marchés

Edmond de Rothschild AM : Meta, la grande roue des marchés financiers ?

14
Feb
2024
La majorité des grandes villes françaises se dotent d’une grande roue à l’approche de Noël, permettant à tous et notamment aux plus jeunes d’éprouver leurs premières sensations fortes.

Quel parallèle peut-on faire avec Facebook ?

Deux points en particulier : en tant que pilier des indices boursiers américains et mondiaux, cette valeur est visible de loin. En ayant vu son cours de bourse divisé par 4 puis multiplié par 5 en l’espace de 36 mois, c’est une véritable attraction, notamment pour les amateurs de volatilité. Que l’on aime ou pas son fondateur et l’activité de l’entreprise, force est de constater qu’elle ne cesse d’attirer l’attention ! C’est aussi un rappel que dans le secteur « technologique », les situations évoluent rapidement et que dans la configuration actuelle des marchés cotés, même les méga-capitalisations peuvent se comporter sur les marchés boursiers comme des ETIs cotées.

Un tel parcours mérite que l’on s’y attarde. Néanmoins, en remarque préliminaire, nous ne sommes pas/plus actionnaires de Meta à l’heure où ces lignes sont écrites (voir graphique ci-dessous).


 
LA CHUTE : SEPTEMBRE 2021 – DÉCEMBRE 2022 / COMMENT LE TITRE A VU SON COURS DE BOURSE DIVISÉ PAR 3…. 

Gouvernance : à cette époque, la société annonce des investissements colossaux dans le metaverse dont la pertinence est remise en cause par les investisseurs. C’est également la période de la démission/départ de Sheryl Sandberg, directrice des opérations, figure historique de l’entreprise et considérée par beaucoup comme un contrepoids nécessaire à Mark Zuckerberg. Enfin, plusieurs rapports mettent en lueur l’impact des réseaux sociaux sur les jeunes, et notamment un lien avec le mal-être et le taux de suicide, visiblement connu de l’entreprise.

Croissance : non seulement la rentabilité de Meta est mise à mal par les investissements dans le metaverse, mais l’irruption de TikTok sur la scène internationale et la saturation des marchés développés (Europe de l’ouest / US) en nombre d’utilisateurs viennent mettre un coup de frein à la croissance, compte tenu d’une plus grande vigilance de la part des annonceurs quant à leurs budgets publicitaires, sur fond de crainte de récession.

À ce stade, les rapprochements entre Meta et Yahoo commencent à faire surface : Meta fait son entrée dans les indices value américains.
 


LE SURSAUT : DÉCEMBRE 2022 – FÉVRIER 2024 / LE COURS DE META EST MULTIPLIÉ PAR 5… 

Gouvernance : si Mark Zuckerberg n’accorde pas grande importance aux avis des investisseurs, il sait qu’un cours de bourse trop bas est délétère pour le moral des employés. C’est pourquoi il déclenche… un plan de licenciement massif - 20% des effectifs – pour envoyer un signal positif aux marchés financiers (pas forcément aux employés me direz-vous…). C’est également le moment où l’IA générative fait son irruption sur la scène médiatique. Si les premiers modèles de Meta sont de véritables « fuites », l’entreprise perçoit très rapidement l’intérêt stratégique et moral d’une stratégie open-source agressive. Elle permet très largement à Meta de participer au rallye lié à l’IA même si sa monétisation ne sera que très indirecte. La société profite également de la situation pour lancer un programme de rachat d’actions massif de plusieurs dizaines de milliards.

Croissance : les annonceurs chinois arrivent à la rescousse ! Par leur volonté de conquête, Temu, Shein et autres dragons dépensent sans compter sur Meta pour attirer les consommateurs américains et européens. Meta décide également sur cette période d’augmenter de manière massive la densité de publicité sur ses principales plateformes, un des derniers leviers disponibles pour accélérer la croissance. Enfin, les difficultés auto-infligées du concurrent Twitter et la perspective d’élections concernant près de 50% de la population mondiale en 2024,promettent à Meta des recettes exceptionnelles, la société étant le vecteur privilégié pour les échéances politiques. 


ET APRÈS ? 

Gouvernance : si la contribution de Meta à l’IA open source – et donc à l’ensemble de l’humanité - est entièrement à mettre à son crédit, Mark Zuckerberg reste Mark Zuckerberg. En dépit de l’initiation d’un dividende et d’un programme de rachat massif, il n’a pas abandonné ses ambitions dans le metaverse et reste le seul maitre à bord. S’il veut demain se lancer à coup de milliards dans la ferronnerie d’art, personne ne pourra l’en empêcher. 

Croissance : Meta reste sur une trajectoire de forte décélération de sa croissance à moyen terme et l’entreprise n’a toujours pas trouvé de relais tangible : ni l’IA, ni le metaverse ne pourront compenser la saturation des marchés développés d’un point de vue publicitaire – à la fois en nombre d’utilisateurs, mais également en densité de publicité. Coté concurrence, quand bien même TikTok serait banni par les autorités américaines, cela irait sans doute de pair avec un retrait des annonceurs chinois de la plateforme. 

Enfin, si Meta est en capacité de se défendre face aux assauts des régulateurs, ces derniers ont démontré qu’ils étaient capables de bloquer les acquisitions qui renforceraient le quasi-monopole des réseaux sociaux de l’entreprise.

Gouvernance et Croissance se rejoignent donc sur le point de jonction suivant : il faut faire confiance à Marc Zuckerberg pour identifier un nouveau relais de croissance, pour éviter qu’en 2025 et au-delà, la roue reste coincée en bas.

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