États-Unis & Europe, surprises sur la croissance et les marchés actions. Avec Matthieu Lavillunière, SILEX

Analyses de marchés
Matthieu Lavillunière, SILEX chez Club Patrimoine

Le premier trimestre touchant à sa fin, on peut dresser un bilan de ce premier acte de l'année 2025

Ces trois premiers mois ont été riches en surprises tant sur le plan macroéconomique que microéconomique

Cela s'est fait sentir sur les marchés de part et d'autre de l'Atlantique, avec un S&P 500 en recul de 4,5 % en dollars à la clôture du 20 mars et depuis le début de l'année, contre un Stoxx Europe 600 en progression de 8 % en euros à la même date.

Commençons par les États-Unis, où la barre était très haute. L'économie étant déjà sur une solide dynamique de croissance, tout laissait penser que les réformes promises par un Donald Trump fraîchement réélu pouvaient doper l'économie américaine. Les baisses d'impôts et la déréglementation étaient censées contrebalancer le risque posé par les droits de douane, tant sur la croissance que sur l'inflation. Mais tout n'a pas été aussi simple. Donald Trump s'est révélé bien plus agressif que prévu vis-à-vis de ses partenaires commerciaux. En plus de la Chine, il s'en est ainsi très sévèrement pris au Canada et au Mexique, bien qu'ils soient membres de l'alliance de libre-échange entre les trois pays qui avait été mise en place lors du premier mandat de Donald Trump. Ce qui a constitué une vraie surprise.

Les multiples menaces du président américain et ses revirements incessants ont été une source de déstabilisation pour l'économie et pour les marchés

Par conséquent, les enquêtes conjoncturelles se sont nettement dégradées, à l'image des indicateurs PMI, ce
qui a largement pesé sur les marchés. Les craintes liées à l'inflation et au ralentissement de l'économie ont fait leur retour.

C'est dans ce contexte économique d'incertitude commerciale élevée qu'a eu lieu la réunion de la Fed la semaine dernière

L'enjeu principal de cette réunion se trouvait dans la teneur des prévisions économiques trimestrielles de la Réserve fédérale et dans la manière dont Jerome Powell allait les communiquer et les commenter.

En l'année 2025, les attentes de croissance ont été revues à la baisse, de 2,1 % à 1,7 %, ce qui nous permet d'avoir une première idée quantitative du ralentissement de la croissance que nous évoquons. Parallèlement, les attentes d'inflation ont été révisées à la hausse de 2,5 % à 2,7 %, là aussi en lien avec l'impact potentiel des droits de douane. Néanmoins, Jerome Powell a adopté un ton rassurant, il a sans surprise maintenu les taux d'intérêt dans la fourchette entre 4,25 % et 4,5 %, et il a écarté le risque de récession en expliquant que le choc inflationniste lié aux droits de douane ne devrait pas causer de vagues d'inflation persistantes. Il a aussi avancé que, selon la Fed, les anticipations d'inflation à long terme restent bien ancrées autour des 2 %.
Le marché du travail reste lui solide avec un chômage à seulement 4,1 %.

Et au vu de ce contexte relativement délicat, la Réserve fédérale a préféré ne pas changer ses projections concernant l'évolution des Fed Funds, qu'on appelle les Dot Plots. La Banque centrale continue donc à estimer à 50 points de base au total les baisses de taux qu'elle anticipe pour l'année 2025.

Du côté de l'Europe, les choses ne se sont pas non plus déroulées comme prévu, mais plutôt en sens inverse. En effet, les surprises ont été plutôt positives de ce côté-ci de l'Atlantique. Alors que la dynamique des marchés actions était très morose fin 2024, les marchés actions du Vieux Continent ont connu un réveil dynamique en ce début d'année avec, comme on le rappelle, une croissance du STOXX Europe 600 de 8 % depuis le début de l'année et à la clôture du 20 mars.

Ce puissant rallye s'explique largement par le véritable séisme politique qui a eu lieu en Allemagne.

Après les élections parlementaires de février, le pays a décidé de rompre avec l'orthodoxie budgétaire qui le caractérisait depuis des décennies et d'investir dans sa sécurité militaire ainsi que dans ses infrastructures afin de renforcer son potentiel de croissance.

Cet élément, parmi d'autres, a eu un effet d'entraînement considérable sur les marchés actions européens, qui se sont envolés en ce début d'année sous l'impulsion de secteurs comme les biens industriels et la défense, dans lesquels on va retrouver les plus fortes hausses depuis le début de l'année avec des ThyssenKrupp, des Rheinmetall, des Leonardo ou des Thales en France.
Ou encore les matériaux de construction portés par la perspective d'investissements dans les infrastructures, dont l'indice sectoriel dans le STOXX Europe 600 est en progression de 13,5 % depuis le début de l'année.

Réécouter : L'écart de taux et de croissance s’accroit entre Etats-Unis et Europe

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