L'écart de taux et de croissance s’accroit entre Etats-Unis et Europe. Avec Matthieu Lavillunière, SILEX

Analyses de marchés
Matthieu Lavillunière, SILEX chez Club Patrimoine

Réunions des banques centrales : un point clé pour les marchés


La semaine dernière a été marquée par deux réunions de banques centrales, celle de la Fed aux États-Unis et celle de la BCE en Europe. Revenons sur ces événements importants pour les marchés en commençant par les États-Unis.

La décision de la Fed : maintenir les taux stables

Pour sa première décision de politique monétaire en 2025, la Fed a décidé à l'unanimité de maintenir le taux des Fed funds dans la fourchette de 4,25 % à 4,5 %. C'était largement anticipé après trois réunions qui avaient vu des baisses de taux totalisant 100 points de base. Cette posture d'attente devrait être maintenue encore plusieurs mois en raison du contexte d'incertitude. On peut retenir trois éléments importants de ce FOMC.

Prudence de la Fed face à l’inflation

La Fed reste prudente sur la question de l'inflation. Les mentions de progrès vers l'objectif de 2 % ont été supprimées de son communiqué de presse, ce qui est conforme avec le ton ferme adopté lors du FOMC de décembre.
Certes, la dernière publication du CPI n'était pas mauvaise, à plus de 2,9 % en rythme annuel, et surtout avec un CPI sous-jacent ralentissant légèrement, mais ce n'était qu'un début et ça ne suffit pas encore à justifier de nouvelles baisses de taux.

Un marché du travail solide aux États-Unis

Deuxième point, le marché du travail est stable, ce qui a été répété par Jerome Powell à plusieurs reprises.
Le chômage est en effet très bas, 4,1 %, mais le FOMC continue de soutenir que le marché du travail ne constitue plus un facteur inflationniste comme il a pu l'être ces dernières années, ce qui est relativement logique compte tenu des bons chiffres de productivité aux États-Unis. D'ailleurs, la croissance économique reste excellente aux États-Unis avec un T4 à 2,3 % en rythme annualisé, ce qui porte le total de l'année 2024 à 2,8 %.

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La Fed sur l’administration Trump : une neutralité affirmée

Enfin, le patron de la Fed a esquivé les questions concernant l'administration Trump, expliquant qu'il est encore trop tôt pour avoir une idée précise des politiques qui seront menées sur le plan des droits de douane, de l'immigration, des impôts ou encore de la déréglementation, et de leurs conséquences sur l'inflation. Quoi qu'il en soit, la Fed a bel et bien réaffirmé son indépendance vis-à-vis du pouvoir politique.
Cette réunion du FOMC en synthèse confirme notre scénario de baisse de taux qui devrait totaliser 50 points de base en 2025, avec une prochaine baisse qui pourrait avoir lieu à l'été.

Trajectoires divergentes des taux entre la Fed et la BCE

Si l'on regarde maintenant l'Europe, on se rend compte que les trajectoires de taux entre les deux banques centrales ont tendance à se séparer. La Banque Centrale Européenne a décidé de réduire ses taux directeurs de 25 points de base, abaissant ainsi le taux de rémunération des dépôts de 3 % à 2,75 %. Il s'agit de la cinquième baisse de taux de cette campagne d'assouplissement monétaire et de la quatrième consécutive.

La BCE confiante face à l’inflation des services

La BCE a par ailleurs laissé peu de place aux doutes. Il est désormais certain, ou presque, que l'objectif d'inflation de 2 % sera atteint cette année. Plus important encore, la BCE reconnaît que la récente persistance de l'inflation des services causée par les salaires est un indicateur retardé de l'inflation, qui n'est donc pas inquiétant.
Le dernier chiffre de CPI à 2,4 % avait en effet pu légèrement inquiéter certains analystes dans la mesure où l'inflation des services restait forte à 4 %. Mais la BCE a reconnu qu'elle avait davantage de marges de manœuvre, car les hausses de salaires négociées en 2024 n'ont pas vocation à se réitérer en 2025 en raison de la dégradation de la conjoncture, ce qui devrait in fine faire baisser l'inflation des services dont nous parlions.

Lire aussi : Les taux devraient être abaissés à 1,5 % d'ici fin 2025

La croissance en Europe : un sujet d’inquiétude

En Europe, c'est la croissance qui inquiète : 0 % en variation trimestrielle au quatrième trimestre 2024 pour un total de 0,7 % de croissance sur l'année 2024. Ces mauvais chiffres s'expliquent par une confiance des acteurs économiques qui reste en berne, entre autres choses.
Une véritable reprise de la zone euro nécessiterait plusieurs éléments : une nouvelle série d'assouplissements monétaires de la BCE, une meilleure stabilité politique, on pense en particulier aux élections allemandes du 23 février qui pourraient être un nouveau facteur de trouble, et enfin, de meilleures conditions pour le commerce mondial, ce qui est a priori peu probable compte tenu des intentions et du discours de l'administration.

Ecouter aussi : Les marchés européens de retour en janvier

Des dynamiques contrastées entre les États-Unis et l’Europe

Dans ce contexte, marqué par des dynamiques bien distinctes entre les États-Unis et l'Europe, nous préférons, du point de vue de l'investissement en actions, les États-Unis, où la croissance dynamique se reflète dans les profits des entreprises, malgré un contexte de taux qui est moins conciliant qu'en Europe.

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