"Halloween cette semaine : peur sur les marchés !" Christian Bito (Professeur de finance à l’ESSEC)
Élections américaines : impact de la candidature de Trump sur les bourses et l'inflation
Pour la première fois, l'approche des élections américaines impacte les bourses. La remontée dans les sondages du candidat Trump fait craindre à certains de futures tensions sur les prix. Doit-on avoir peur ? Est-ce justifié ? Le discours pour un renforcement du protectionnisme se traduirait par des hausses de taxes douanières. Un chiffre de 20 % sur toutes les importations européennes a été cité, ce qui pourrait provoquer une remontée de l'inflation qui contrarierait la mise en place d'une politique plus accommodante de la Fed.
Les taux d’intérêt en hausse aux usa : conséquences pour l’économie globale
Les taux américains sont d'ailleurs remontés à 4,25 % dans la semaine écoulée, un plus haut depuis juillet dernier, faisant oublier la baisse de 0,50 des taux directeurs de la Fed. Mais les sondages sont très serrés et peuvent encore évoluer. Surtout, il n'est pas prouvé que les mesures protectionnistes génèrent une spirale inflationniste. Lors de son premier mandat, l'administration Trump avait entrepris une hausse des tarifs sur certains biens. Les consommateurs avaient pour partie reporté leurs achats sur des produits non touchés, de la bière plutôt que des vins français, par exemple. L'impact sur l'inflation n'était donc pas visible, puisque l'indice CPI était en moyenne inférieur à 2 % en 2019 avant le Covid.
Dans l'hypothèse d'une victoire de Donald Trump, il faudrait aussi évaluer l'impact sur la baisse potentielle du coût des matières premières. La volonté affichée d'indépendance dans les sources d'approvisionnement pourrait notamment étendre des autorisations de forage pour le pétrole.
Comment les élections us influencent-elles les taux et l'économie mondiale ?
Enfin, si la consommation des ménages américains reste toujours résiliente avec une hausse des ventes de détail de 0,4 % d'août à septembre, l'activité manufacturière recule avec une production industrielle à -0,3 % en septembre. La Fed ne devrait donc pas modifier sa politique de baisse des taux directeurs, même si les élections risquent de retarder leur avènement.
La croissance européenne en déclin : enjeux pour la BCE face aux tensions américaines
Dans ce contexte de crainte sur les taux longs, la moindre déception dans les publications de résultats des sociétés au T3 est sanctionnée. Vinci, Eurofins Scientific et Edenred, par exemple, en font les frais. LVMH, ASML et Nestlé, les trois grandes capitalisations européennes, ont affiché des perspectives plutôt négatives.
En zone euro, la croissance continue à se dégrader comme l'indiquent le dernier rapport du FMI et les indicateurs avancés PMI. Aucun espoir d'un soutien de l'offre ou de la demande par une politique budgétaire expansionniste, à l'instar du futur budget français. Face à cette frayeur, tout repose maintenant sur la baisse des taux directeurs entamée par la BCE. Si les tensions géopolitiques internationales ne modifient pas la tendance à la baisse de l'inflation, celle-ci devrait se poursuivre et éviter que l'écart de performance des marchés européens par rapport aux États-Unis ne s'amplifie trop.
La Banque centrale de Russie vient de relever ses taux à 21 % face à une inflation qui, là, effectivement, peut faire peur.
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