MaPrimeRénov’ : fin des aides pour l’isolation des murs et les chaudières biomasse

Actus Immobilier
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À la veille de sa démission, le gouvernement de François Bayrou a publié au Journal officiel, mardi 9 septembre, une série de textes réglementaires modifiant en profondeur le dispositif MaPrimeRénov’. Entre recentrage sur les passoires thermiques, plafonnement des aides et exclusion de certains gestes de travaux, la réforme suscite une vive colère dans le secteur du bâtiment, qui dénonce un « auto-sabotage » de la rénovation énergétique.

Un recentrage des aides MaPrimeRénov’ sur les passoires thermiques

Annoncé dès juillet par Valérie Létard, ministre chargée du Logement, le recentrage de MaPrimeRénov’ se concrétise. Les rénovations globales, financées dans le cadre du dispositif, ne seront désormais accessibles qu’aux logements les plus énergivores, classés E, F ou G sur le diagnostic de performance énergétique.

Les plafonds de travaux subventionnables sont abaissés à 30 000 ou 40 000 euros selon l’amélioration obtenue sur le DPE, et le bonus de sortie de passoire thermique est supprimé. Pour les ménages aux revenus intermédiaires, la prise en charge passera à 45 % des dépenses, et seulement 10 % pour les foyers à revenus supérieurs, contre 60 % et 80 % pour les ménages modestes et très modestes. Ces règles s’appliqueront jusqu’à fin 2026.

Exclusion de l’isolation des murs et des chaudières biomasse

La principale nouveauté est l’exclusion de deux gestes de travaux jugés essentiels :

  • l’isolation des murs,
  • l’installation de chaudières biomasse (bois ou granulés).

Ces opérations, jusque-là subventionnées au titre de MaPrimeRénov’ par geste, ne seront plus éligibles à partir du 1er janvier 2026. Un choix qui surprend, alors que plus d’un dossier sur dix concernait ces travaux au premier semestre 2025, selon les professionnels du secteur.

L’État continuera cependant de financer l’isolation des toitures et des combles ainsi que l’installation de poêles à bois ou à granulés, jugés plus rentables en confort d’été et moins coûteux que les chaudières biomasse.

La colère du secteur du bâtiment

Ces décisions suscitent un tollé dans la profession. Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment, parle d’une politique énergétique « sacrifiée sur l’autel de Bercy ». Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, dénonce de son côté des économies réalisées « sur les précaires énergétiques ».

Audrey Zermati (Effy) considère qu’il s’agit d’« une erreur stratégique », l’isolation des murs étant l’un des leviers les plus efficaces pour réduire les déperditions thermiques. Ses confrères d’Hello Watt abondent : supprimer cette aide revient à priver les ménages d’un moyen accessible pour réduire leur facture énergétique.

Des ajustements techniques et des coups de pouce ciblés

Parallèlement à ces restrictions, le gouvernement a publié plusieurs mesures techniques :

  • un soutien renforcé au marché des pompes à chaleur via les certificats d’économies d’énergie,
  • la mise en place d’une TVA réduite à 5,5 % sur l’installation de panneaux solaires, à compter du 1er octobre 2025.

Cette TVA réduite sera conditionnée au respect de critères environnementaux, notamment le bilan carbone, ce qui exclut de fait les panneaux solaires chinois, pourtant dominants sur le marché. Enerplan, le syndicat de la filière, regrette des critères qui ne correspondent actuellement à aucun module disponible.

Un budget maintenu mais des règles durcies

Le budget de MaPrimeRénov’ pour 2025 s’élève à 3,6 milliards d’euros et sera maintenu en 2026, selon le cabinet de la ministre du Logement. Cette continuité budgétaire offre une certaine visibilité aux acteurs, mais le maintien des nouvelles conditions rend l’accès plus restrictif pour les ménages.

La réouverture du guichet MaPrimeRénov’ pour les rénovations d’ampleur est prévue le 30 septembre 2025, après sa suspension en juin face à l’afflux de demandes et aux risques de fraude.

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Un héritage politique contesté

Ces décrets, publiés in extremis quelques heures avant la démission de François Bayrou, cristallisent le mécontentement du secteur du bâtiment. Pour la Fédération française du bâtiment, il s’agit du symbole d’une politique énergétique incohérente et fragilisée, alors même que la transition écologique nécessite des investissements massifs et stables.

Le prochain gouvernement devra décider de maintenir ou non ces nouvelles règles, qui conditionneront la stratégie française de rénovation énergétique jusqu’en 2026.

Sources : Boursorama, Capital

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