"Mais pourquoi cela ne baisse pas ?" Christian Bito (Professeur de finance à l’ESSEC)

Analyses de marchés
Christian Bito
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Un contexte politique et économique tendu, des marchés qui résistent

Et une motion de censure maintenant. Pas étonnant que l'instabilité politique et l'incertitude budgétaire pèsent sur le moral des ménages et des entreprises en France.
L'indice de confiance des ménages publié par l'INSEE a chuté à 90, un point bas correspondant à avril 2020, en pleine crise du Covid.

Pourtant, le CAC 40 remonte et les taux à 10 ans, qui s'étaient écartés jusqu'à 0,85 par rapport à l'Allemagne, semblent se stabiliser avec un spread autour de 0,75 et un niveau sous 3 %.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette résistance de notre marché.

Les facteurs internationaux

Les taux longs américains continuent de se tasser. Montés à 4,45 % au lendemain de l'élection de Donald Trump, en raison des craintes liées à la hausse des taxes douanières et à la limitation de l'immigration, ils reviennent sous 4,15 %. Les marchés évaluent l'impact sur l'inflation d'autres objectifs de sa future politique, tels que la résolution souhaitée des conflits, la reprise des forages pétroliers ou la déréglementation pour des gains de productivité.

Le rôle de la BCE et les perspectives économiques

Ensuite, la BCE se réunit le 12 décembre et devrait poursuivre la détente des taux directeurs. Et il y en a besoin. L'OCDE vient de revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour 2025 : seulement +0,9 % pour la France et +0,7 % pour l'Allemagne.

Spécifiquement pour la France, l'exemple de l'Italie lors de l'accession au pouvoir de Mme Meloni pourrait nous servir. Le spread de la dette italienne s'était envolé à plus de 2 % en octobre 2022. La BCE avait alors indiqué qu'elle pouvait activer un programme spécial d'achat d'obligations d'un pays en cas de dérive. La stabilité de l'euro est une des priorités, au même titre que la lutte contre l'inflation. En actionnant le programme ITP de protection de la transmission, la BCE pourrait éviter ce qu'elle appelle la fragmentation. Le spread italien était alors revenu sous 150 points de base. La BCE pourrait donc nous protéger si cela tournait mal.

Autre signal qui pourrait jouer en notre faveur : de plus en plus de voix militent en Allemagne pour l'abandon de la règle d'or afin d'emprunter plus. En effet, l'Allemagne doit financer la reconversion de son énergie et de son industrie. Si la dette allemande augmente, cela réduit notre position relative.

Perspectives des marchés actions

Enfin, pour les actions, la publication des résultats au T3 a été l'occasion de baisser fortement les chiffres et prévisions. Le marché européen est redescendu sur une valorisation, en termes de PER par exemple, proche de sa moyenne à 10 ans vers 14. Certains pensent donc déjà à un rebond, voire un rallye de Noël.

L'inconnu en sera le catalyseur. La BCE ? Le futur gouvernement ? Un plan de relance chinois ? La paix en Ukraine ? Les événements en Syrie seront aussi à prendre en compte.

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