« Le premier impact du retour de Trump pourrait-être la politique chinoise » Frédéric Leroux (Carmignac)

Comment Carmignac envisage-t-il l'année 2025 avec le retour de Donald Trump sur la scène politique et les possibles répercussions sur le commerce mondial ? Que peut-on attendre des marchés financiers et quelles stratégies d'investissement privilégier pour les actions ? Frédéric Leroux, Responsable de l'Équipe Cross Asset et Gérant chez Carmignac, nous partage son analyse.
Trump est très volontariste sur les baisses d'impôts, sur le commerce mondial. Pour autant, va-t-il pouvoir tenir toutes ses promesses ?
Frédéric Leroux : Je pense que ce ne sont pas des promesses. Ce sont des éléments de négociations en cours et à venir. C'est de la posture, c'est de la négociation qui démarre. Nous ne pouvons pas parler, à mon avis, d'un programme. En plus, les mesures qui sont le plus mises en avant sont des mesures inflationnistes. Le monde doit lutter contre des pressions inflationnistes sous-jacentes. Donc je ne crois vraiment pas que nous verrons une bonne partie de ces menaces mises à exécution.
Quelles peuvent être les conséquences prévisibles de ce que nous dit Trump, tant pour les États-Unis que pour le reste du monde ?
FL : Les conséquences pour moi essentielles, avant même de savoir quel sera effectivement le programme, va être la nécessité pour la Chine d'agir moins comme une exportatrice structurelle, mais de s'occuper davantage de son consommateur. Parce qu'elle pourra moins exporter vers les États-Unis, peut-être aussi vers l'Europe, et donc il faut que son consommateur, qui souffre aujourd'hui de sa crise immobilière, retrouve du pouvoir d'achat pour acheter des véhicules électriques, etc. Et donc si la Chine devient vraiment un pays consommateur, il y a un changement radical de l'équilibre mondial qui se dessine et je pense que ce sera la première conséquence de l'arrivée de Trump.
Comment voyez-vous évoluer les marchés financiers, les marchés boursiers en particulier en 2025 ?
FL : Plus que l'élection de Trump, ce qui va impacter les marchés, c'est la question de l'inflation. Est-ce qu'elle est en train de revenir ? Nous avons eu deux ans d'inflation, deux ans de désinflation, donc depuis octobre 2022. Est-ce que nous ne sommes pas déjà en train, peut-être, de voir les prémices d'une deuxième vague ?
Nous parlons des États-Unis ?
FL : Oui, mais d'autres pays, même en Europe. Regardez les chiffres récents en Grande-Bretagne. Ça semble repartir un peu. Aux États-Unis, quand vous regardez les prix hors alimentation et énergie, ça fait 3-4 mois que ça ne baisse plus. Donc il commence à y avoir des signes que, peut-être, l'inflation repart. Et c'est ça qui va être le facteur essentiel pour la tenue des marchés cette année.
Année agitée en perspective sur les marchés boursiers ?
FL : Je pense beaucoup plus compliquée que 2024, ce qui n'est pas compliqué à faire. Parce que 2024, c'était quand même relativement « pépère », j'ai envie de dire, dans la tendance. Quelques petits soubresauts en été, et c'est tout. Mais une belle tendance bien affirmée de hausse pour beaucoup de marchés. Une accélération après la victoire de Trump. Quand on regarde les taux d'intérêt, ce qui est quand même très intéressant, c'est que depuis que l'inflation a commencé à baisser en octobre 2022 les taux longs américains ont monté par rapport à octobre 2022. Et donc nous sommes quand même plus du tout dans le même contexte pour la valorisation des actifs risqués. Nous voyons surtout que les marchés de taux sont en train d'intégrer à la fois de l'inflation future probablement, mais aussi des besoins de financement considérables des États.
Quelles solutions proposez-vous à ceux qui veulent s'exposer aux marchés actions tout en étant prudents ?
FL : Il y a toujours les gestions diversifiées que nous connaissons, qui n'ont plus le vent en poupe, qui fonctionnent un petit peu difficilement quand les taux montent. Cela dit, les gestions diversifiées qui ont la capacité de gérer la partie Fixed Income en duration négative peuvent tout à fait s'en sortir. Nous, nous avons un produit un peu spécifique chez nous qui s'appelle Carmignac Investissement Latitude qui est investi à 95 % dans Carmignac Investissement, fonds actions globales, maintenant géré par un grand gérant suédo-américain qui nous a rejoint en avril, et Investissement Latitude dessus fait des couvertures discrétionnaires de 0 à 100 % d'exposition. C'est un vrai 0-100 qui a permis en 2022 de faire une performance positive, ce qui est très notable, et en 2023 de surperformer son indice*, ce qui montre vraiment son agilité. Et là je crois que c'est un excellent moyen de s'indexer aux actions sans en prendre l'intégralité des risques.
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