Réforme des retraites : la suspension adoptée, qui sont les principaux concernés ?

Une suspension de la réforme des retraites intégrée au PLFSS 2026
Mardi 9 décembre 2025, l’Assemblée nationale a adopté, à une très courte majorité, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026. Le texte a été voté avec seulement treize voix d’avance, après plusieurs jours de débats tendus. Parmi les mesures retenues figure la suspension de la réforme des retraites de 2023 portée par le gouvernement d’Élisabeth Borne.
Cette réforme avait instauré le report progressif de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, ainsi qu’un allongement de la durée de cotisation nécessaire pour bénéficier d’une retraite à taux plein, portée de 168 à 172 trimestres. Deux ans après son adoption, alors qu’elle avait suscité une mobilisation sociale massive, sa montée en charge est donc partiellement gelée.
La réforme de 2023 ne s’appliquait déjà pas de manière uniforme. Elle concernait progressivement les assurés nés entre le 1er septembre 1961 et le 31 décembre 1967. Pour ces générations, l’âge de départ augmentait par paliers de trois mois, tandis que le nombre de trimestres requis évoluait graduellement.
Avant la suspension, le départ à la retraite s’échelonnait ainsi entre 62 ans et trois mois et 64 ans, avec une durée de cotisation comprise entre 169 et 172 trimestres selon l’année de naissance. La suspension votée dans le PLFSS 2026 modifie cette trajectoire, mais de façon ciblée.
Les générations peu affectées par la suspension
Pour les personnes nées entre le 1er septembre 1961 et le 31 décembre 1963, la suspension n’entraîne aucun changement par rapport au calendrier initial.
Les assurés nés entre le 1er septembre et le 31 décembre 1961 conservent un âge légal de départ fixé à 62 ans et trois mois, avec 169 trimestres requis.
Ceux nés en 1962 partent à 62 ans et six mois, également avec 169 trimestres.
Pour la génération 1963, l’âge reste fixé à 62 ans et neuf mois, avec 170 trimestres nécessaires.
Pour ces cohortes, la suspension de la réforme ne modifie donc ni l’âge légal de départ ni la durée de cotisation exigée pour une retraite à taux plein.
Les personnes nées en 1964 et début 1965, principales bénéficiaires
La suspension produit en revanche un effet plus tangible pour les assurés nés à partir de 1964. Pour cette génération, l’âge légal de départ est ramené à 62 ans et neuf mois, contre 63 ans initialement prévus, et le nombre de trimestres requis passe de 171 à 170.
Les personnes nées entre le 1er janvier et le 31 mars 1965 sont les grandes gagnantes du dispositif. Leur âge de départ est abaissé à 62 ans et neuf mois, au lieu de 63 ans et trois mois, et la durée de cotisation exigée est fixée à 170 trimestres, contre 172 auparavant.
Ces assurés bénéficient ainsi à la fois d’un départ anticipé et d’une réduction du nombre de trimestres nécessaires, par rapport à la trajectoire prévue par la réforme de 2023.
Un impact plus limité pour les générations suivantes
Pour les personnes nées à partir du 1er avril 1965 et jusqu’au 31 décembre 1968, la suspension n’apporte qu’un ajustement marginal.
Les assurés nés entre le 1er avril et le 31 décembre 1965 voient leur âge légal ramené à 63 ans, au lieu de 63 ans et trois mois, avec 171 trimestres requis au lieu de 172.
Pour les personnes nées en 1966, l’âge de départ est fixé à 63 ans et trois mois, contre 63 ans et six mois auparavant, tandis que la durée de cotisation reste de 172 trimestres.
Les générations 1967 et 1968 gagnent également trois mois sur l’âge légal, avec des départs respectivement à 63 ans et six mois et à 63 ans et neuf mois.
En dehors de quelques cas spécifiques, notamment pour les assurés nés sur les trois derniers trimestres de 1965, la suspension n’entraîne pas de baisse significative du nombre de trimestres requis pour ces générations.
Extension de la suspension aux carrières longues, inaptitude et invalidité
Un amendement socialiste a élargi le champ de la suspension aux dispositifs de carrières longues, ainsi qu’aux situations d’inaptitude et d’invalidité. Le ministère du Travail a confirmé le calendrier d’application de cette mesure, conformément aux annonces formulées à la mi-novembre.
La suspension s’applique uniquement aux départs anticipés dont la date d’effet intervient après le 1er septembre 2026. Pour les assurés ayant commencé à travailler avant 20 ans, avec quatre ou cinq trimestres validés au 31 décembre de l’année de leurs 20 ans, les règles annoncées restent inchangées.
Les seuils d’entrée avant 16 ou 18 ans continuent également d’ouvrir des possibilités de départ anticipé à 58 ou 60 ans selon les situations. En revanche, le seuil « avant 21 ans » n’aura d’impact qu’à compter de 2029, et uniquement pour la génération 1966.
Une suspension encore politiquement fragile
La suspension de la réforme des retraites n’est pas définitivement acquise. Le PLFSS 2026 doit encore être examiné par le Sénat, qui devrait rejeter le texte, entraînant un nouveau passage devant l’Assemblée nationale. L’adoption définitive apparaît probable, mais le calendrier reste parlementairement contraint.
Par ailleurs, le texte ne prévoit pas de mesures spécifiques de financement pour compenser le gel temporaire de l’âge légal et de la durée de cotisation. Le gouvernement assume une compensation globale dans le cadre de l’objectif de réduction du déficit de la Sécurité sociale, désormais attendu à un niveau légèrement inférieur à 20 milliards d’euros.
Le coût de la suspension est estimé à 300 millions d’euros en 2026 et à près de 1,9 milliard d’euros l’année suivante, avec un impact qui pourrait se prolonger au-delà de 2027 si aucune nouvelle réforme n’était engagée.
Une réforme qui reste en suspens à l’horizon politique
Si la suspension allège temporairement la trajectoire de certaines générations, elle ne règle pas la question structurelle du financement du système de retraite. La Cour des comptes a rappelé que la réforme de 2023, même pleinement appliquée, n’aurait pas suffi à résorber le déficit à long terme.
À l’approche de l’élection présidentielle de 2027, la question des retraites demeure donc un sujet hautement politique, susceptible d’évoluer à nouveau, au gré des équilibres parlementaires et des choix budgétaires à venir.
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Sources
https://www.capital.fr/votre-retraite/retraite-qui-sont-les-principaux-concernes-par-la-suspension-de-la-reforme-ce-quil-faut-savoir-1521874
https://placement.meilleurtaux.com/retraite/actualites/2025-decembre/carrieres-longues-etat-confirme-calendrier-officiel.html
https://www.lesechos.fr/economie-france/social/gel-de-la-reforme-des-retraites-ou-sont-passees-les-mesures-de-financement-2204070
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