"Homard m’a tué ! Peur sur la croissance" Christian Bito (ESSEC et SLGP)

Analyses de marchés
Christian Bito
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Le cas de Saint-Pierre et Miquelon : symbole des excès tarifaires américains

Décidément, nous n'aurons jamais autant parlé de Saint-Pierre et Miquelon. Outre la proposition sur les OQTF, c'est l'histoire du homard qui nous interpelle sur le plan économique. L'île a été taxée de 50 % de droits de douane dans la première version du Liberation Day de Donald Trump alors qu'elle n'exporte que quelques milliers d'euros de homard vers les États-Unis. Mais comme elle n'achète rien aux USA, elle avait écopé du taux le plus fort du monde. Heureusement, il passe à 10 % de droits de douane dans la version des 90 jours.

Des négociations commerciales sous haute tension

Mais cette anecdote illustre la violence des négociations entamées par les États-Unis. Cette violence se retrouve dans les droits de douane appliqués dès maintenant avec la Chine, 145 % et 125 % en retour au moment où je vous parle. Les échanges commerciaux entre la Chine et les États-Unis sont les plus importants du commerce international et auront un impact sur les croissances économiques des deux pays comme sur l'inflation. Avec les autres pays taxés à 10 %, plus les droits de douane déjà existants et les importations d'aluminium, d'acier, d'automobiles qui n'échappent pas pour le moment à 25 % de droits, cela fait un taux moyen sur l'ensemble des importations US d'environ 23 %. Les différentes analyses montrent que l'impact serait de l'ordre de 1,3 % de moins de croissance aux États-Unis, 0,5 % de croissance en moins en Europe et moins 1 % en Asie.

Les leçons du passé pour les droits de douane

En 2019, les taxes à l'importation avaient déjà fait un passage vers 15 % en moyenne et n'avaient pas fait exploser l'inflation ni comprimé l'activité. Avec le Covid et le changement d'administration américaine, les droits étaient revenus rapidement à 1,3 % en moyenne et ne permettent pas de mesurer les effets à plus long terme. Pour que l'impact soit absorbable, il va falloir que les banques centrales agissent plus avant, notamment la Fed.

Une pression accrue sur les taux et la dette américaine

Surtout que la guerre commerciale pourrait se déplacer sur le champ de bataille de la dette américaine. Déjà, les taux longs américains à 10 ans sont passés de 3,9 % à 4,5 %. Début d'une crise de défiance à l'égard du dollar et des créances américaines. Que sur les 36 000 milliards de dollars de dettes fédérales, les Chinois en détiennent environ 1 000, comme les Japonais et aussi l'Europe. La baisse du coût des matières premières et de l'énergie, avec un Brent à 64 dollars, n'a pas compensé cette hausse des taux qui aggrave la situation.

Trump ou Powell : qui fera le premier pas ?

Alors, c'est clair, ou M. Trump recule, ou c'est M. Powell, le président de la Fed, qui recule, car pour le moment, l'institution est en mode pause, car à ce jeu, tout le monde perd dans l'escalade. Reculer pour mieux sauter, ou plutôt négocier, espérons.

Lire aussi : De la taxation des marchandises à la taxation des capitaux ?

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