Bitcoin : l’institutionnalisation silencieuse

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De l’actif rebelle à l’acceptation institutionnelle

Bitcoin a longtemps été considéré comme un actif à la marge, perçu comme trop risqué, volatile et incompatible avec les standards de la finance traditionnelle. De nombreuses figures de Wall Street et des banques centrales l’ont critiqué ouvertement, qualifiant tour à tour l’actif de bulle, de fraude ou d’outil pour criminels.

Pourtant, depuis quelques mois, un changement majeur s’opère. Bitcoin, autrefois boudé par les institutions, est en train de s’imposer discrètement dans le paysage financier. La finance traditionnelle ne le rejette plus : elle l’intègre.

L’approbation des ETFs Bitcoin Spot : un tournant historique

L’un des événements les plus marquants de cette transition a été l’approbation des ETFs Bitcoin Spot en janvier 2024 par la SEC aux États-Unis. Ces ETFs ont permis aux investisseurs institutionnels d’accéder à Bitcoin de manière plus conventionnelle, sans avoir à gérer directement des wallets ou des clés privées.

Le succès ne s’est pas fait attendre. Au total, les ETF Bitcoin spot ont enregistré plus de 730 milliards de dollars de volume total, la différence entre les volumes entrants et sortants permettant d’arriver à un solde net de 40 milliards de dollars. BlackRock, leader du marché, a même vu son ETF surpasser plusieurs fonds traditionnels en termes d’entrées de capitaux.

« L’ETF Bitcoin Spot de BlackRock iShares Bitcoin Trust (IBIT) a terminé l’année parmi les trois ETF les plus performants en termes de flux entrants, devant des fonds historiques comme le Vanguard Total Stock Market ETF (VTI) » Eric Balchunas, analyste ETF chez Bloomberg (2 janvier 2025)

Cette approbation a marqué le début d’une adoption plus large par les institutions financières et les gestionnaires d’actifs. Bitcoin est désormais reconnu comme un actif d’investissement sérieux, au même titre que l’or ou d’autres classes d’actifs alternatifs.

Lire aussi : Chronologie du Bitcoin : les événements majeurs de 2015 à 2024

Un momentum idéal : ETF, Halving et contexte politique

Le contexte de 2024 est particulièrement favorable à Bitcoin. En plus des ETFs, plusieurs éléments renforcent son attractivité :

Le halving d’avril 2024 : un événement programmé qui réduit l’offre de nouveaux bitcoins et qui, historiquement, a toujours été suivi d’une hausse des prix.

L’élection américaine de 2024 : Donald Trump, considéré comme plus favorable à bitcoin que sa rival démocrate, a réaffirmé sa position pro-crypto.

Un environnement macroéconomique incertain : la recherche d’actifs de réserve alternatifs devient un enjeu majeur pour de nombreux investisseurs.

En conséquence, le cours du bitcoin a explosé, atteignant de nouveaux records historiques et suscitant un regain d’intérêt de la part des investisseurs.

Lire aussi : Le bitcoin dépasse les 100 000 dollars, quelle fiscalité en France ?

Un silence médiatique… trompeur ?

Puis, étonnamment, le sujet Bitcoin semble être passé au second plan dans les discussions médiatiques. Si l’on se fie à l’actualité financière, le bitcoin aurait perdu en dynamisme. Certains investisseurs, déçus du manque de mouvement ces dernières semaines, se demandent même si la phase haussière est déjà terminée.

Les projecteurs sont ailleurs. Aujourd’hui, lorsque bitcoin est mentionné dans les médias généralistes, c’est souvent pour parler des arnaques en ligne, de régulations ou encore du memecoin de Donald Trump… de quoi calmer l’appétit du grand public. Et pourtant, dans l’ombre, pendant cette période de relative accalmie, les acteurs institutionnels en profitent pour accumuler massivement du bitcoin.

Les institutions continuent d’accumuler en silence

Les chiffres récents le montrent clairement :

• Barclays a injecté 131 millions de dollars dans l’ETF Bitcoin Spot de BlackRock, rejoignant ainsi Goldman Sachs et JP Morgan sur ce marché.

• Goldman Sachs détient maintenant 2,05 milliards de dollars d’ETF crypto, en hausse de 120 % en un trimestre.

• 20 États américains envisagent de constituer une réserve stratégique en Bitcoin, pour un montant cumulé de 23 milliards de dollars selon les analyses de VanEck.

• Le fonds de pension de l’Etat du Wisconsin est exposé à hauteur de 321 millions de dollars à bitcoin via les ETFs. (première position prise en mai 2024)

• Le fonds souverain norvégien a augmenté son exposition indirecte au Bitcoin de 153 % en 2024.

• L'un des fonds souverains d'Abou Dabi a récemment investi plus de 400 millions de dollars dans un ETF Bitcoin spot de BlackRock.

Pourquoi ce mouvement est-il si important ?

Ce que ces investissements révèlent, c’est que les mentalités changent. Bitcoin n’est plus seulement un actif spéculatif porté par des particuliers et des passionnés. Il est en train de devenir un actif patrimonial, un élément de diversification essentiel dans une allocation d’actifs moderne.

L’un des principaux catalyseurs de cette transition est la réglementation. Contrairement aux idées reçues, bitcoin évolue aujourd’hui dans un cadre juridique de plus en plus structuré. En Europe, le règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets) encadre les actifs numériques, tandis qu’aux États-Unis, la nouvelle administration s’est déjà emparée du sujet. Ces avancées offrent aux institutions un cadre plus clair et sécurisé pour investir.

Ne pas considérer Bitcoin aujourd’hui, est-ce une erreur ?

Pour un professionnel de la finance et du patrimoine, ignorer Bitcoin en 2025 devient de plus en plus compliqué. Bien sûr, il est légitime d’être prudent, de s’interroger sur la volatilité et les risques. Et encore une fois, il ne s’agit pas de loger toutes les cryptos à la même enseigne.

Loin des clichés des débuts, Bitcoin n’est plus un jouet pour geeks ou spéculateurs. Il est en train de s’intégrer dans les portefeuilles des plus grandes institutions financières mondiales. Ceux qui continuent à le voir comme un actif marginal risquent peut-être, eux, de laisser filer des opportunités (au même titre que ceux qui foncent tête baissée).

Alors, Bitcoin : actif sérieux ou simple mode passagère ? À chacun de se faire son opinion. Mais une chose est sûre : les institutions, elles, semblent déjà avoir tranché. Si l’on considère dans l’équation des débats autour de l’intégration de bitcoin dans des réserves étatiques, l’échelle d’adoption pourrait encore passer un cap.

Par Thibaut Boutrou, Meria

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