Carmignac, retour sur 35 ans d’histoire

Club Patrimoine a assisté à la conférence annuelle de Carmignac organisée au Pavillon Gabriel à Paris. Un rendez-vous spécial, consacré aux 35 ans du gérant de fonds, et animé par Frédéric Leroux, responsable cross asset, avec pour point d’orgue la traditionnelle intervention d’Edouard Carmignac, président et CIO.
Progression des encours à 34 milliards d’euros sous gestion
Intervenant fil rouge de l’évènement, Frédéric Leroux est revenu sur les étapes marquantes de Carmignac, fondé en 1989, une année à la fois d’espoir avec la chute du mur de Berlin, et de répression en Chine avec le massacre de la place Tiananmen. 35 ans d’une existence parfois mouvementée à l’image des marchés, mais marquée par ce qu’il appelle une “audace intuitive” dans la gestion de ses fonds, et notamment de Carmignac Patrimoine, navire amiral du gérant, dont les encours globaux, en progression sur un an, s’élèvent aujourd’hui à 34 milliards d’euros.
Trump hérite d’une Amérique au zénith, le PIB européen à +0,8 % en 2025
La conférence s’est ensuite déroulée en trois grandes séquences modérées par Kevin Thozet, portfolio advisor : la macroéconomie, les convictions de Carmignac Patrimoine, et les valeurs de prédilection des gérants phares de la maison.
Dans la partie consacrée aux scénarios macroéconomiques, Raphaël Gallardo, chef économiste, a tout d’abord décrit une Amérique au zénith à l’heure où Donald Trump fait son retour à la Maison Blanche. Pour lui, le Républicain va chercher à pérenniser cette croissance sans choc inflationniste. Dans ce cadre, l’évolution des taux d’intérêt sera clé et déterminera sa marge de manœuvre budgétaire.
Côté Européen, et face au volontarisme de Trump, il faut s’attendre, dit-il, à des promesses en forme de concessions, notamment sur l’achat de gaz américain, ou sur une application plus souple des contraintes visant les géants américains de la tech. En termes de croissance, l’économiste dit tabler sur le maintien d’une reprise modérée, avec un PIB européen en hausse de 0,8 % cette année, freiné par l’Allemagne et la France. Dans ce contexte, la BCE va poursuivre ses baisses de taux pour arriver au point neutre des 2 % d’ici à l’été.
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Toujours pas de bulle sur les valeurs tech américaines, difficile de s’en passer
Dans la séquence dédiée à leurs vues pour Carmignac Patrimoine, les gérants Jacques Hirsch et Eliezer Ben Zimra sont revenus sur ce qui conditionne leur politique d’investissement dans ce fonds historique. À commencer par l’exceptionnalisme américain marqué par un secteur de la tech toujours aussi dynamique, et une politique budgétaire très agressive. Dans ce cadre, ils estiment que les marchés risquent d’être encore plus volatils cette année qu’en 2024.
À la question : y a-t-il une bulle sur les 7 Magnifiques ? Les deux gérants ne le pensent pas, même si les multiples de ces valeurs sont élevés par rapport à leur moyenne historique. Parmi les risques pesant sur ces titres : des investissements non-productifs qui pourraient entraîner des pertes, et des zones de surchauffe qui apparaissent çà et là. Leur conclusion : les marchés américains présentent certes des ratios élevés, mais pour de bonnes raisons, et il est très difficile de ne pas être exposé à ces valeurs aujourd’hui.
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En termes de diversification, Jacques Hirsch et Eliezer Ben Zimra disent s’intéresser à l’Europe, sur laquelle le consensus est beaucoup trop prudent, tant pour les actions que pour les obligations, alors que de bonnes surprises pourraient changer la donne, comme une possible relance budgétaire en Allemagne après les élections, ou un cessez-le-feu en Ukraine.
Outre l’Europe, les gérants disent leur intérêt pour la dette sud-américaine, en particulier mexicaine. Ils aiment aussi l’or, tiré par la demande chinoise, et qui pourrait continuer de bien se tenir en 2025.
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BioNTech et TSMC parmi les valeurs de prédilection du moment
Dans le chapitre consacré aux convictions de Carmignac, trois gérants ont confronté leurs vues : Mark Denham, responsable de l’équipe actions, Kristofer Barrett, en charge des actions internationales, et Pierre Verlé, spécialiste crédit, à la tête de l’équipe taux.
D’entrée, Mark Denham a souligné qu’au vu du contexte de marché, investir sur les places européennes devait se faire de façon très active. De son côté, Kristofer Barrett, dont le spectre est international, a mis en avant les opportunités de la tech, tout en reconnaissant qu’elle représente plus de risques. Concernant le crédit, Pierre Verlé a indiqué que l’on assistait en ce moment à un vrai retour du crédit, une classe d’actifs permettant de faire fructifier son capital, tout en ayant de la visibilité.
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Lors des échanges, et dans la catégorie “ancienne économie”, les gérants actions ont mis en avant des valeurs comme l’Oréal et Schneider Electric en Europe, ou encore Canadian Pacific Railway à l’international. Dans le secteur de la santé, et au-delà des traditionnelles big pharmas, l’accent a davantage été mis sur les spécialistes des “life sciences” comme Lonza ou Sartorius.
Côté convictions, Mark Denham dit beaucoup attendre de BioNTech, porté au pinacle lors du Covid pour la mise au point de son vaccin à l’ARN messager. Le titre a corrigé de 80 % depuis, ce qui représente une bonne opportunité, d’autant que le labo a 20 milliards d’euros de trésorerie. Kristofer Barrett, lui, dit sa préférence pour TSMC ou SK Hynix dans les semiconducteurs, qui illustrent la richesse de la chaîne de valeur liée à l’intelligence artificielle. Concernant le crédit, Pierre Verlé a insisté sur le rôle central de cette classe d’actifs dans toute bonne allocation.
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Dans la foulée de ces convictions, la séquence “sous les projecteurs” animée par Ariane Tardieu, directrice du développement France, a été l’occasion pour Maxime Carmignac, directrice générale pour le Royaume-Uni, d’indiquer que Carmignac allait rester indépendant et entre les mains de sa famille.
Par Vincent Touraine, Club Patrimoine
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