15’ Insight – Partie 3 : Chine, Europe : Un redémarrage est-il possible ? Avec Gilles Etcheberrigaray et Igor de Maack
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Alors que le monde entier a les yeux rivés sur la course à la Maison-Blanche, comment évolue le reste du monde ? Comment se portent l'Europe et la Chine ? Un redémarrage de ces deux économies est-il envisageable ? L’écart de politique monétaire entre la Fed et la BCE va-t-il continuer de se creuser ? Réponses avec Gilles Etcheberrigaray, Président et Directeur des investissements chez Elkano AM, et Igor de Maack, Associé dirigeant de Vitalépargne.
Un état des lieux global : l'Europe et la Chine face aux défis économiques
Alors que le monde entier a les yeux rivés sur la course à la Maison-Blanche, comment va le reste du monde ? Comment vont l'Europe et la Chine ? C'est la troisième partie de ce 15' Insight avec Igor de Maack et Gilles Etcheberrigaray. Nous commençons avec l'Europe et vous, Gilles. Nous avons l'impression que, comparé aux États-Unis, tout va mal en Europe. Est-ce que c'est vraiment le cas ?
Gilles Etcheberrigaray : Un petit peu, il faut le regretter. Après, nous n'avons pas les mêmes politiques, nous avons une politique budgétaire beaucoup moins expansive, nous avons une dépendance au commerce extérieur qui est très forte. C'est là où il convient de connecter la Chine et l'Europe, parce qu'effectivement, nous voyons bien que depuis que la Chine cafouille, l'économie européenne et les marchés européens cafouillent. Il y a quand même un petit bémol, c'est que ce qui cafouille en Europe, c'est le centre, c'est l'industrie allemande, c'est la politique française. En revanche, le sud de l'Europe, de façon assez exceptionnelle, va très bien. Et donc, nous avons une perception un peu biaisée.
La divergence entre le Nord et le Sud de l'Europe
VT : C'est un havre de paix comparé au nord de l'Europe.
GE : Nous avons une perception un peu biaisée de l'Europe, parce qu'historiquement, l'Europe, c'est la France + l'Allemagne. Là, l'Espagne, l'Italie, la Grèce, même la Grèce, affichent des performances économiques supérieures au cœur historique. Donc, en fait, l'Europe, c'est un peu un sandwich où nous avons au cœur la France et l'Allemagne qui de façon différente, plutôt économique en Allemagne, plutôt politico-budgétaire en France, et la Scandinavie, le nord de l'Europe et l'Espagne, l'Italie qui, eux, sont beaucoup plus favorables. C'est un peu plus mixte.
BCE vs Fed : une divergence de politique monétaire qui se creuse
VT : Igor, pendant ce temps, l'écart se creuse aussi en termes de politique monétaire, la BCE qui baisse ses taux, la Fed qui a commencé à baisser les siens mais qui pourrait ne plus faire de baisse de taux d'ici la fin de l'année, l'écart va se creuser.
IdM : Oui, l'écart se creuse mais c'est aussi parce qu'il y a un écart de potentiel économique et que nous avons des systèmes qui sont très lourds, nous avons des décisions aussi politiques, économiques qui ne sont pas toujours cohérentes. Aujourd'hui, nous sommes entre la Chine qui exporte plus dans les pays non-alignés que dans les pays occidentaux, donc c'est pour ça que faire des taxes sur les importations depuis la Chine quand elle exporte vers l'Inde ou l'Asie, je ne sais pas si ça sera très utile pour les États-Unis. Mais l'Europe est aussi dans un gros hamburger où la Chine et les États-Unis sont deux pôles qui nous affectent énormément. Nous ne savons pas trop comment en sortir, et notamment ce que disait Gilles, les deux pays cœurs qui sont bloqués, la France politiquement.
L'impact des tensions internationales sur les marchés européens
VT : Tout ça va compter sur les marchés actions.
IdM : Ça pèse en tout cas sur le CAC 40 qui est très orienté luxe et il est à 0 %. Sur le marché européen global, moins, puisqu'il y a d'autres valeurs et donc il y a le Nord qui est très bien géré depuis longtemps et le Sud qui a fait un énorme travail de productivité et d'efforts budgétaires. Mais nos grandes entreprises, elles sont exposées aux thématiques mondiales, donc le luxe a très grandement souffert de la Chine.
GE : Et l'automobile.
VT : Est-ce que c'est lié à la Chine ?
GE : Il fallait voir qu'il y a dix ans, le rebond automobile, la moitié des profits de Peugeot ou des Allemands étaient faits en Chine. Aujourd'hui, c'était le moteur à explosion. L'essentiel des profits de l'automobile allemande était en Chine. Maintenant, c'est de l'électricité et ça, les Européens sont absents.
La Chine peut-elle se relancer avec ses anciennes méthodes ?
VT : Est-ce que la Chine va pouvoir se lancer ? Est-ce qu'ils font véritablement une politique de relance ?
GE : À leur sens, oui. Le problème, c'est qu'ils font une relance en utilisant les vieilles recettes. Et les vieilles recettes ne marchent pas. Ils essaient de relancer l'immobilier dans un pays qui va perdre plus de la moitié de ses habitants d'ici la fin du siècle. Donc ça, c'est quelque chose pour nous, nous sommes plutôt dans le cas japonais. Aujourd'hui, ce dont a besoin la Chine, c'est le déficit budgétaire, c'est de dépenses consommateurs. Et la direction chinoise, pour le moment, ne se résout pas à faire ça et ressort les vieilles recettes : de soutien à l'immobilier, de prêts bancaires et tentative d'exporter ses excédents, qui aujourd'hui se heurtent à des droits de douane partout. La Turquie, le Brésil mettent aussi des droits de douane sur les voitures chinoises.
La Chine, toujours une locomotive économique mondiale ?
VT : Donc, la Chine ne sera plus véritablement la locomotive ?
IdM : Non, j'avais fait l'analyse avec les tigres asiatiques. À l'époque, ils avaient des croissances dans les années 90. Nous disions, ils vont avoir des croissances de 7, 8, 10 %. Comme au Japon d'ailleurs, ça s'est tassé. Il y a le vieillissement qui joue et en fait, la Chine n'aura plus de croissance entre 5 et 10 % pendant les 10-15 ans.
VT : Ils sont en train de devenir comme nous.
IdM : Exactement, parce qu'ils convergent.
GE : Ils vont être vieux avant d'être riches. Pour faire le parallèle, il y avait quand même deux phénomènes sur les tigres asiatiques qu'ils n'ont pas eus en Chine. Un, c'est la démocratisation et deux, la transition vers une société de consommation. Aujourd'hui, la Chine est bloquée à ce niveau-là pour des raisons politiques, le maintien du monopole du parti communiste, pas de démocratisation, pas de consommation.
VT : Ce sera le mot de la fin. Merci messieurs d'avoir été avec nous pour ce 15' Insight. Igor de Maack, Associé Gérant de Vitalépargne et Gilles Etcheberrigaray, Président Directeur des Investissements d'Elkano AM. Merci à tous et à toutes de nous avoir suivis. Nous nous retrouvons très bientôt pour une nouvelle émission.
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