L'épargne des Français : une force endormie ou le levier d'une souveraineté retrouvée ?

Epargne
Jérôme Rusak
épargne français

Avec plus de 6 000 milliards d'euros d'encours sur des produits d'épargne, les Français comptent parmi les champions mondiaux de la mise de côté. Prévoyants ou inquiets ? Prudence budgétaire ou défiance envers l'avenir ? Peu importe la lecture : cette épargne, fruit d'un effort collectif constant, représente une formidable réserve de valeur. Un potentiel économique, aussi. Et une tentation permanente pour les gouvernements en quête de financement pour leurs politiques publiques.

Depuis plusieurs années, l'exécutif cherche à "flécher" l'épargne des ménages vers des usages jugés prioritaires : transition écologique, réindustrialisation, logement, retraite. Louable en théorie, cette volonté de mobilisation se heurte pourtant à une réalité simple : l'épargne appartient aux épargnants. Et le choix de son affectation ne peut se faire sans leur confiance.

Un climat de défiance et de complexité

Contrairement aux idées reçues, les Français n'épargnent pas par goût du bas de laine. Ils épargnent par prudence, par anticipation, parfois par crainte. Inflation, incertitudes fiscales, réformes systémiques mal expliquées… le ménage français cherche avant tout à se protéger. Résultat : les produits les plus liquides et les plus sûrs - Livret A, fonds euros d'assurance-vie - captent l'essentiel des flux.

Or, ces produits sont aujourd'hui en décalage avec les besoins de l'économie productive. Financer les PME, soutenir la croissance verte, investir dans l'immobilier durable, renforcer notre autonomie industrielle : autant d'enjeux qui requièrent des placements de long terme, plus risqués, moins liquides.

Des dispositifs publics bien pensés, mais mal compris

Le gouvernement n'est pas resté inactif. Il a développé une panoplie d'outils : Plan Épargne Retraite (PER), Plan Épargne Avenir Climat, unités de compte investies dans le capital-investissement ou les fonds verts, labels ISR et Greenfin. Tous poursuivent le même objectif : canaliser l'épargne vers des usages utiles à la collectivité.

Mais le succès reste modeste. Pourquoi ? Parce que l'épargnant est confronté à un environnement peu lisible. Trop de dispositifs, trop de fiscalités différentes, trop d'intermédiaires, pas assez de transparence. L'éducation financière reste embryonnaire en France, et les campagnes publiques d'information n'ont pas réussi à créer l'élan espéré.

Réconcilier utilité collective et intérêt individuel

Vouloir orienter l'épargne vers des projets d'avenir est une ambition légitime. Mais elle ne peut se faire que si les produits proposés sont à la fois performants, compréhensibles, accessibles et sûrs. Il ne s'agit pas de moraliser l'épargne, encore moins de la contraindre. Il s'agit de proposer des placements qui conjuguent rendement, impact et sécurité.

C'est le rôle des cabinets de gestion de patrimoine comme le nôtre. Décrypter, expliquer, accompagner. Traduire une vision publique en allocations privées pertinentes. Faire le lien entre l'intérêt du pays et celui de nos clients. Mais pour cela, nous avons besoin d'un cadre stable, d'une fiscalité prévisible, et de produits bien conçus.

L'épargne, pilier de la souveraineté économique

Dans un monde où les financements publics sont contraints et où les marchés financiers deviennent plus exigeants, l'épargne privée est une arme stratégique. Elle peut financer la transition écologique, la réindustrialisation, la souveraineté alimentaire, l'innovation technologique. Mais à condition d'être orientée intelligemment.

La réussite du fléchage de l'épargne repose sur un triptyque clair : la confiance, la pédagogie et l'intérêt bien compris. Pas sur la coercition ou la culpabilisation.

Le gouvernement a un rôle à jouer. Les épargnants ont leur mot à dire. Et nous, professionnels du patrimoine, avons une responsabilité immense : transformer cette montagne d'épargne en levier de prospérité partagée.

Il est temps de faire de l'épargne un véritable projet de nation.

Flécher l’épargne des Français est un enjeu majeur. Mais pour y parvenir, il ne suffit pas de la désigner du doigt. Il faut la comprendre, l’écouter et la respecter. Car derrière chaque ligne de placement, il y a une vie, un projet, une peur, un rêve.

Chez RAYNE, nous croyons en un modèle dans lequel chaque euro épargné peut servir l’intérêt individuel et l’intérêt collectif, à condition de bâtir des ponts solides entre les deux.

Par Jérôme Rusak, Président du Groupe Rayne

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