Les 10 erreurs fatales qui ruinent vos finances : l'éclairage d'une experte (CNCGP)

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gestion de finances erreurs à éviter

Gérer son argent est un défi majeur pour des millions de Français. Entre la peur de mal faire, les idées reçues et la complexité des produits financiers, beaucoup commettent des erreurs qui freinent la croissance de leur patrimoine, voire l'érodent. Pourtant, des pratiques simples et une vision stratégique peuvent tout changer. Hélène Barraud-Ousset, Conseillère en gestion du patrimoine et Vice-Présidente de la Chambre nationale des conseils en gestion de patrimoine (CNCGP), décrypte les dix pièges les plus courants et livre ses conseils pour les éviter.

La finance personnelle est un domaine où la moindre erreur peut avoir des conséquences financières importantes. Dès le premier euro mis de côté, la question de son allocation devient primordiale. Selon Hélène Barraud-Ousset, l'erreur fondamentale est de croire qu'il suffit de choisir le "bon" produit ou de multiplier les placements pour réussir. "L'enjeu véritable est de construire une stratégie cohérente, qui soit parfaitement adaptée à votre situation de vie et à vos projets futurs. C’est cette vision globale qui permet non seulement de faire fructifier votre argent, mais aussi de protéger efficacement vos proches et d’organiser la transmission de votre patrimoine".

C'est dans cette optique qu'un conseiller en gestion de patrimoine peut jouer un rôle déterminant, en alignant les objectifs personnels avec le contexte économique global. Pour vous aider à y voir plus clair, voici l'analyse des dix erreurs qui coûtent le plus cher.

Erreur n°1 : accumuler les placements sans diversification réelle

Le premier piège est celui de l'accumulation passive. Beaucoup de particuliers empilent au fil des ans des produits financiers — assurance-vie, immobilier, PEA — sans aucune vision d'ensemble. "Il n’est pas rare de voir des clients posséder plusieurs contrats d’assurance-vie quasi identiques, souvent investis exclusivement en fonds euros. Cela crée des redondances inutiles et révèle une absence totale de stratégie patrimoniale", explique Hélène Barraud-Ousset.

Contrairement à une croyance tenace, multiplier les contrats ne sécurise pas davantage le patrimoine. Il est bien plus efficace de détenir un seul contrat d'assurance-vie bien structuré et activement piloté, plutôt qu'une multitude de placements similaires laissés à l'abandon. Pour ceux qui hésitent, deux solutions existent : se faire accompagner par un conseiller, ce qui reste l'option idéale, ou opter pour une gestion pilotée en s'assurant de sa qualité. Un conseil essentiel est d'ouvrir un contrat le plus tôt possible pour bénéficier de son avantage fiscal optimal après huit ans. Passé ce cap, la fiscalité s'allège considérablement, avec une exonération des intérêts jusqu'à 4 600 € par an pour une personne seule et 9 200 € pour un couple.

Erreur n°2 : mettre tous ses œufs dans le même panier, immobilier ou financier

Un patrimoine sain repose sur l'équilibre et la diversification. Se concentrer exclusivement sur l'immobilier ou, à l'inverse, uniquement sur les placements financiers est une erreur stratégique. "La clé est la diversification, car le produit miracle n'existe pas", martèle la vice-présidente de la CNCGP. La résidence principale doit rester un choix de vie avant d'être un calcul financier. Au-delà, accumuler les investissements locatifs sans vision globale est risqué. La récente crise immobilière a durement touché ceux dont le patrimoine était entièrement concentré dans la pierre.

Un patrimoine équilibré est plus résilient face aux crises. L'immobilier et les marchés financiers suivent des cycles différents : lorsque l'un est en difficulté, l'autre peut offrir des opportunités de croissance. La diversification est donc le fondement d'une gestion patrimoniale solide et durable.

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Erreur n°3 : laisser dormir son argent par peur de l'investir

Une part significative de l'épargne des Français reste sur des comptes courants, une solution qui, bien que rassurante, entraîne une perte de valeur certaine à cause de l'inflation. Conserver 100 000 € sur un compte courant peut vous faire perdre près de 10 % de pouvoir d'achat en seulement cinq ans.

La première étape est de placer une partie de cette somme sur un Livret A, qui permet au minimum de compenser l'inflation et reste le seul placement totalement défiscalisé. Il est recommandé de conserver l'équivalent de trois à six mois de revenus en liquidités pour les imprévus. Le reste doit être investi sur des supports à moyen ou long terme, comme une assurance-vie, pour limiter l'érosion monétaire. Même les fonds euros, considérés comme sécurisés, peuvent être récupérés en deux à trois semaines, offrant une disponibilité suffisante pour la plupart des grosses dépenses. En somme, trop de liquidités appauvrit.

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Erreur n°4 : croire que l'immobilier est une valeur sûre sans calcul

L'idée que "la pierre ne baisse jamais" est profondément ancrée, mais elle masque une réalité complexe. Un investissement locatif peut avoir un rendement nul, voire négatif, une fois les charges et la fiscalité déduites. Il est donc impératif de calculer la rentabilité nette. L'immobilier est l'un des secteurs les plus taxés en France : un rendement brut de 3 % peut facilement chuter à 1 % net après impôts, taxes, charges de copropriété et frais divers.

Un investissement locatif ne doit jamais être un coup de cœur. Il faut analyser la rentabilité réelle, la fiscalité, le potentiel de revente et le montage financier le plus adapté (SCI, LMNP, etc.). Comme tout placement, l'immobilier suit des cycles longs, et en cas de crise, vendre rapidement sans perte peut s'avérer impossible. La localisation reste le critère numéro un, mais elle ne suffit pas sans une analyse approfondie.

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Erreur n°5 : repousser sans cesse les questions de succession

La transmission est un sujet souvent repoussé, alors qu'anticiper permet de réduire drastiquement les droits de succession. "Plus vous donnez tôt, mieux c’est. L’essentiel est de transmettre sans se démunir", conseille Hélène Barraud-Ousset. Le démembrement de propriété (nue-propriété et usufruit) est un outil puissant. Les parents peuvent donner la nue-propriété d'un bien à leurs enfants tout en conservant l'usufruit, c'est-à-dire le droit d'utiliser le bien ou d'en percevoir les loyers. Au décès des parents, l'usufruit s'éteint et les enfants deviennent pleins propriétaires sans fiscalité supplémentaire.

Chaque parent peut donner jusqu'à 100 000 € par enfant tous les 15 ans en franchise de droits. Plus la donation est faite jeune, moins les droits à payer sont élevés. Il existe également une donation unique de 31 865 € exonérée pour les parents et grands-parents de moins de 80 ans.

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Erreur n°6 : ignorer où part son argent au quotidien

Pour construire un patrimoine, il est crucial de maîtriser ses flux de trésorerie. Hélène Barraud-Ousset recommande de classer ses dépenses en trois catégories : obligatoires (crédits, impôts), courantes (loisirs inclus) et l'épargne. "Beaucoup de mes clients, même avec des revenus confortables, ne réalisent pas où va leur argent chaque mois. Résultat : leur capacité d’épargne est inefficace". Réduire certaines dépenses, même modestes, peut avoir un impact significatif. Passer de trois à deux sorties au restaurant par semaine peut libérer 300 € d'épargne mensuelle.

Erreur n°7 : mal calibrer la durée de son emprunt

Le crédit est un levier puissant pour se constituer un patrimoine. Une erreur courante dans l'investissement locatif est de vouloir rembourser le plus vite possible. Pourtant, tant que l'on est en activité, une durée plus longue peut être fiscalement plus intéressante, car les intérêts d'emprunt sont déductibles des revenus fonciers, réduisant ainsi l'impôt. Pour une personne de 30 ans, une durée de 20 à 22 ans est souvent idéale pour optimiser la rentabilité. Un crédit trop long (plus de 22 ans) peut en revanche la diminuer. L'essentiel est de trouver le bon calibrage avec un professionnel.

Erreur n°8 : investir uniquement pour un avantage fiscal

La défiscalisation ne doit jamais être l'objectif principal d'un investissement, mais une conséquence positive. "Investir seulement pour payer moins d’impôts conduit souvent à de mauvais choix. Ce que vous gagnez sur la fiscalité, vous risquez de le perdre ailleurs". Un investissement en loi Pinel dans un logement mal situé ou difficile à louer en est l'exemple parfait : le gain fiscal ne compensera jamais les pertes liées à un mauvais investissement.

Erreur n°9 : suivre les modes et céder à l'émotion

Se constituer un patrimoine demande de la cohérence et de la régularité, pas de suivre les modes. Les cryptomonnaies, par exemple, même régulées, restent un actif risqué auquel il ne faut pas consacrer plus de 5 % de son patrimoine. Les plus grandes erreurs financières proviennent rarement d'un mauvais produit, mais d'un manque de stratégie globale. Face à des placements risqués, il faut éviter de gérer sous le coup de l'émotion, ce qui conduit à acheter au plus haut et vendre au plus bas. "Vendre dans la tempête revient presque toujours à faire les pires choix".

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Erreur n°10 : négliger sa prévoyance et les risques de la vie

Protéger son patrimoine est aussi important que le construire. Si les salariés bénéficient souvent d'une bonne couverture via leur employeur, les travailleurs non-salariés, entrepreneurs ou femmes au foyer peuvent tout perdre sans une assurance adaptée (décès, incapacité, invalidité). Un patrimoine élevé peut être rapidement fragilisé par un imprévu. Il est également crucial de vérifier son assurance emprunteur et de lire attentivement toutes les clauses de ses contrats.

La clé de voûte : bien choisir son conseiller

Faire appel à un Conseiller en Gestion de Patrimoine (CGP) est un investissement judicieux, même pour un patrimoine modeste. Contrairement aux idées reçues, son accompagnement n'est pas plus cher que celui d'un banquier, car il est rémunéré via les frais de gestion des contrats, sans surcoût pour le client. Pour bien le choisir, il faut vérifier qu'il soit agréé par une chambre syndicale comme la CNCGP et qu'il dispose de toutes ses cartes professionnelles (CIF, courtier en assurance, carte T pour l'immobilier, etc.). Ces informations doivent figurer dans le document d'entrée en relation, garantissant son sérieux et sa compétence.

En conclusion, la gestion de patrimoine efficace ne réside pas dans une succession de coups, mais dans la construction patiente et réfléchie d'une stratégie globale, personnalisée et visionnaire. Se faire accompagner par un professionnel compétent et agréé est sans doute le premier et le plus rentable des investissements.

Par Hélène Barraud Ousset, Vice-Présidente CNCGP

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