Pourquoi l'assurance-vie doit être le premier produit d'épargne à posséder ? Yann Defloraine, Modo Patrimoine
On a tendance à surnommer l’assurance-vie “couteau suisse” de l’épargnant. Ce surnom convient parfaitement à ce produit multifonction qui reste le support d’épargne le plus plébiscité par les français. Selon France Assureurs, fédération réunissant des entreprises d'assurance, la collecte nette en assurance vie s’établit sur l'année 2023 à +2,4 milliards d’euros. L’encours atteint même un niveau record à 1 965 milliards d’euros, selon la fédération bancaire française.
Le but de cet article est de vous aider à y voir plus clair sur ce puissant outil patrimonial, comprendre son fonctionnement, sa fiscalité, sa simplicité d’utilisation, son usage multiple… Mon objectif, à la fin de la lecture de cet article, sera de vous convaincre que l’assurance-vie est LE produit d’épargne indispensable à n’importe quel épargnant, et ce, dès le plus jeune âge !
L’assurance-vie, comment ça marche ?
L’assurance-vie est une enveloppe fiscale, un contrat d’assurance conclu entre une compagnie d’assurance, un souscripteur qui souscrit au contrat et qui en devient le titulaire, et un bénéficiaire. C'est le souscripteur du contrat qui désigne le ou les bénéficiaire(s).
L’objectif du contrat d’assurance-vie
L’objectif de votre contrat d’assurance-vie est de faire travailler votre épargne pour vous ou pour vos bénéficiaires pendant la durée de vie du contrat et de vous rapporter au moins plus que si votre capital restait dormir sur vos livrets bancaires.
La rémunération du contrat d’assurance-vie
Le niveau de rémunération de votre contrat d’assurance-vie dépend principalement de la manière dont votre capital est placé au sein de celui-ci. Ce qui signifie que l’on peut tous posséder une assurance-vie, mais avec un niveau de rémunération totalement différent.
La fin du contrat
Un contrat d’assurance-vie prend fin soit parce que la durée, qui a été fixée librement, arrive à son terme, soit en cas de décès du titulaire du contrat, soit par le rachat total du titulaire.
Si le contrat se dénoue, car la durée est arrivée à son terme et que le titulaire du contrat est encore en vie, l'assureur verse un capital ou une rente au titulaire ou aux bénéficiaires qui ont été désignés par le titulaire.
Si le contrat se dénoue par le décès de son titulaire, l'assureur verse un capital ou une rente aux bénéficiaires qui ont été désignés par le titulaire.
Si le contrat se dénoue par le rachat total de son titulaire, l'intégralité de la somme au contrat est versée au titulaire ou au bénéficiaire. Le rachat total a pour conséquence la résiliation du contrat d’assurance-vie.
Bon à savoir : Un bénéficiaire peut renoncer à son droit de percevoir ce capital
Assurance-vie et assurance-décès
Point de vigilance : le contrat d’assurance-vie ne doit pas être confondu avec le contrat d’assurance-décès. Ce dernier est un contrat sur lequel le titulaire verse des primes régulières et en contrepartie, l’assureur garantit le versement d’un capital décès ou d’une rente aux bénéficiaires lorsque le décès du titulaire survient.
Exemple : contrat d’assurance-crédit sur un prêt immobilier.
Comment est répartie l’épargne au sein d’un contrat d’assurance-vie ?
Lorsque l’on verse de l’épargne sur un contrat d’assurance-vie, celle-ci va être placée sur 2 supports : le fonds euro et les fonds en unités de compte.
Le fonds euros
C’est la partie garantie de votre capital. Cette garantie du capital est portée par l’assureur. Vous versez 10 000€ sur un fonds euros, vous avez la garantie que dans 10 ans, vous récupérerez au minimum 10 000€ (sauf faillite de l’assureur).
Les fonds en euros des assureurs sont essentiellement composés d’obligations d'État. Raison pour laquelle la performance des fonds en euros dépend principalement du niveau des taux d’intérêts : plus les taux d’intérêts sont bas, plus le rendement des fonds euros sera faible et inversement.
En 2021, année où les taux d’intérêts frôlaient les 1%, la performance moyenne des fonds euros était aux alentours de 1,10%.
En 2023, année où les taux d’intérêts ont fortement augmenté, la performance moyenne des fonds euros était aux alentours de 2,60%, certains ont même dépassé les 4%.
Bon à savoir : chaque contrat possède son propre fonds euro avec un niveau de rémunération différent.
Cette garantie du capital offre une forte liquidité de votre épargne et vous permet donc de piocher dedans à n’importe quel moment.
Mais qui dit capital garanti dit aussi performance limitée. Le fameux couple rendement/risque. Plus vous souhaitez de sécurité pour votre épargne, plus vous acceptez un rendement faible.
À l’inverse, plus vous souhaitez de la performance pour votre épargne, plus vous acceptez la volatilité et le risque de perte qui sera proportionnel.
Si votre objectif est d’aller chercher un peu de performance pour booster votre contrat d’assurance-vie, il est alors judicieux de se tourner vers les fonds en unités de compte.
Les fonds en unités de compte
Ce sont des supports financiers investis sur différentes classes d’actifs non garanties et sont donc soumis aux fluctuations des marchés financiers.
Via les fonds en unités de compte, vous avez la possibilité d’investir sur une grande variété de secteurs: bourse, immobilier, intelligence artificielle, fonds ISR (Investissement Socialement Responsable), secteur de la santé, de la technologie, fonds de private equity, d’énergies renouvelables…
Les fonds en unités de compte, en contrepartie d’une prise de risque, offrent une espérance de gain plus élevée que le fonds euros à capital garanti.
Si le contrat d’assurance-vie a été ouvert auprès d’un acteur minutieusement choisi, le titulaire a la possibilité de mixer entre fonds euros, fonds en unité de compte et ainsi bénéficier d’un contrat multisupport diversifié en fonction de ses espérances de gains et de ses convictions.
Comment évaluer le niveau de risque de la répartition de votre épargne en assurance-vie ?
En assurance-vie, afin d’évaluer le degré de risque d’un fonds en unités de compte avant d’investir dessus, vous pouvez vous baser sur l’échelle de risque. Cette échelle de risque, ou note SRRI (Synthetic Risk and Reward Indicator), est commune à tous les fonds d’investissement. L’évaluation d’un fonds est notée de 1 (produit peu risqué, voire garanti comme le fonds euros) à 7 (placements hautement risqués). Grâce à cette échelle de risque, l’investisseur néophyte peut sélectionner les fonds qui vont constituer son portefeuille et s’assurer que la note associée au fonds sélectionné corresponde bien à son profil, à son objectif, à sa tolérance au risque et à une certaine volatilité. Plus la note SRRI moyenne de votre allocation en assurance-vie est élevée, plus la volatilité est importante. Néanmoins, en récompense de cette prise de risque, le potentiel de gain est plus important.
Bon à savoir : depuis 2011, l’échelle de risque d’un fonds en unités de compte est obligatoirement mentionnée dans les documents d’informations clés investisseurs (DICI) qui sont remis aux épargnants.
Quelle est la liquidité, la disponibilité de votre épargne ?
Il existe une idée reçue auprès des épargnants profanes : l’épargne versée en assurance-vie est bloquée pendant 8 ans. C’EST FAUX. Le délai de 8 ans correspond à la maturité fiscale de l’assurance-vie. Cela signifie tout simplement que si vous retirez votre épargne après 8 ans, vous bénéficiez d’avantages fiscaux. Mais en aucun votre capital est bloqué pendant les 8 premières années de vie de votre contrat.
Point important à retenir: au moment d’un rachat total ou partiel de votre contrat d’assurance-vie, uniquement les intérêts générés par votre épargne seront taxés et non pas le capital que vous avez initialement versé.
Retrait avant 8 ans
Si vous retirez votre épargne avant 8 ans, les intérêts seront fiscalisés selon 2 manières :
- À la flat-tax de 30% (12,8% d’impôt + 17,2% de prélèvements sociaux).
- En venant s’additionner aux autres revenus du foyer (salaires, revenus immobiliers…) et soumis à votre Tranche Marginale d’Imposition (TMI allant de 0 à 45%).
L’application de la flat-tax est automatique, mais vous avez la possibilité d'opter pour le barème progressif de l'impôt sur le revenu si cela est plus intéressant fiscalement selon votre situation personnelle et votre Tranche Marginale d’Imposition.
En général, si votre TMI est de 0 ou 11%, le choix n°2 pour l’imposition à votre TMI sera plus intéressant.
Retrait après 8 ans
Si vous retirez votre épargne après 8 ans, vous bénéficiez de plusieurs avantages fiscaux :
- La flat-tax passe à 24,7% (7,5% d’impôt + 17,2% de prélèvements sociaux).
- Un abattement sur les intérêts de 4 600€ pour une personne célibataire ou de 9 200€ pour un couple marié. Par conséquent, si le prorata d’intérêts générés sur la somme retirée est inférieur à ces sommes, vous ne payez pas d’impôt sur la plus-value. En revanche, vous restez redevables des prélèvements sociaux de 17,2% qui eux restent incompressibles. Le gros avantage de cet abattement est qu’il se renouvelle chaque année. Cela permet donc, si l’on calibre bien, de se verser une rente exonérée d’impôt jusqu’à un certain montant.
La chose la plus importante à retenir : le capital versé sur une assurance-vie n’est JAMAIS bloqué. Vous pouvez piocher dans votre contrat d’assurance-vie n’importe quand et pour n’importe quelle raison. Que ce soit en cas de dépense imprévue, de mariage ou pour partir en vacances, votre épargne reste 100% disponible (sauf cas exceptionnels comme des fonds bloqués).
Quelle est la fiscalité en cas de décès ?
En cas de décès de son titulaire, l’épargne accumulée sur l’assurance-vie est versée aux bénéficiaires désignés. D’un point de vue fiscal, l’assurance-vie est considérée comme un actif hors successions. Pour l’ensemble des capitaux versés par le titulaire du contrat avant ses 70 ans, chaque bénéficiaire a droit à une exonération d'impôt à hauteur de 152 500€. Cet abattement concerne le capital total de l’assurance-vie : épargne versée + intérêts générés sur cette épargne.
Lorsque la somme transmise via l’assurance-vie dépasse 152 500€, celle-ci est assujettie à un prélèvement forfaitaire de 20 % jusqu'à 700 000€ et de 31,25 % sur la fraction qui dépasse 852 500€.
Exemple concret : Un couple avec 2 enfants peut transmettre jusqu’à 610 000€ en totale exonération d’impôts pour les versements réalisés avant 70 ans. Cela représente une économie de droits de succession de 114 776€.
Pour les sommes versées par le souscripteur après ses 70 ans, celles-ci font l'objet d'un abattement supplémentaire spécifique de 30 500€ pour l’ensemble des bénéficiaires et non pas 30 500€ par bénéficiaire. Cet abattement est calculé uniquement sur le montant des versements et ne prend pas en compte les intérêts générés par ces versements. Ce qui signifie que tous les intérêts générés par ces versements après 70 ans sont transmis en exonération de droits de succession.
L’assurance-vie apparaît ainsi comme une des armes les plus puissantes pour l’optimisation de la transmission d’un patrimoine financier.
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À quels objectifs est adaptée une assurance-vie ?
On arrive sur le passage le plus intéressant et surtout celui qui va mettre en lumière le rôle multifonction d’une assurance-vie.
Faire fructifier votre épargne sans la bloquer
Comme vu précédemment, le capital placé en assurance-vie peut être retiré à tout moment sans condition.
Faire fructifier votre épargne sans prendre trop de risque
Certains assureurs offrent la possibilité d’investir votre épargne à 100% en fonds euros à capital garanti.
Diversifier votre épargne et aller chercher un potentiel de performances élevées
Certains contrats d’assurances-vie donnent accès à plus de 1 000 fonds en unités de compte avec une diversification de secteurs thématiques et géographiques (immobilier, bourse, tech, écologie, et même crypto…).
Constituer un capital pour vos enfants à leur majorité ou leurs études
L’assurance-vie est disponible pour les enfants mineurs. Plus l’assurance-vie est ouverte tôt, plus la fameuse maturité fiscale est atteinte rapidement.
À l’inverse, il n’existe pas de limite d’âge pour ouvrir une assurance-vie.
Préparer votre retraite
À la retraite, l’épargne accumulée sur une assurance-vie pendant sa vie professionnelle peut être sortie soit sous forme de capital, soit sous forme de rente exonérée de fiscalité jusqu’à un certain montant comme vu précédemment.
Optimiser la transmission de votre patrimoine
L’assurance-vie permet de bénéficier d’un abattement de 152 500€ par assuré par bénéficiaire pour les versements réalisés avant 70 ans.
Maîtriser qui va hériter de votre patrimoine à votre décès
Via la clause bénéficiaire de votre assurance-vie, vous avez la possibilité de choisir librement qui vous souhaitez : votre partenaire, vos enfants, votre sœur, ou même un voisin, votre facteur…
Cette clause bénéficiaire doit être très précautionneusement rédigée pour éviter les conflits familiaux après le décès du souscripteur.
Comment choisir la bonne assurance-vie ?
La sélection d’une bonne assurance-vie est assez personnelle et va surtout correspondre à votre profil, vos objectifs. Mais voici les principaux points d’attention à étudier pour la sélection d’un distributeur au moment de souscrire à un contrat d’assurance-vie.
L'importance du fonds euros
Si vous avez un profil plutôt sécurisé, il est judicieux de regarder le classement des meilleurs fonds euros !
Point de vigilance : assez peu de contrats vous permettent d’investir 100% de votre capital en fonds euros. En général, les contrats disponibles 100% en fonds euros ont des performances limitées.
Certains assureurs permettent un compromis et augmentent le niveau de rémunération du fonds euros sous conditions qu’une partie de l’épargne soit placée en unités de compte. Plus la proportion de votre épargne investie en UC est importante, plus le rendement du fonds euros sera élevé. La raison est que la rémunération du distributeur de l’assurance-vie (banque, assurance…) est plus importante sur l’épargne placée en fonds en unités de compte que sur le fonds euros. D'un point de vue financier, il est donc moins intéressant pour l’organisme auprès duquel vous souscrivez votre contrat, de voir votre épargne placée à 100% en fonds euros.
L’importance de sélectionner un distributeur disposant d’une offre en architecture ouverte
Si vous souhaitez dynamiser votre épargne et surtout la diversifier grâce aux unités de compte, il est alors indispensable de sélectionner une assurance-vie en architecture ouverte. Il s'agit d’une offre de supports qui permet d’aller au-delà des produits gérés par une seule société de gestion liée à l’établissement bancaire ou d’assurance. Sans vouloir généraliser, la plupart des contrats d’assurance-vie bancaires sont dits en architecture fermée et vont donc vous proposer que des fonds maisons avec une offre limitée et un risque de manque d’indépendance.
À l’inverse, un contrat d’assurance-vie en architecture ouverte vous permet de bénéficier de centaines de fonds différents, investis sur différentes classes d’actifs, de sociétés de gestion différentes et donc de pouvoir créer une allocation personnalisée et surtout très diversifiée.
L'importance d’étudier les frais et surtout de les comprendre
Il existe plusieurs types de frais : frais sur versement, frais d’arbitrage et frais de gestion de votre contrat. Il faut savoir les évaluer précisément pour apprécier la performance d'un contrat d'assurance-vie. Ils sont variables d'un contrat à l'autre et se justifient de différentes manières.
Les frais sur versement
Ils sont prélevés au moment de chaque versement du titulaire sur son contrat d’assurance-vie. Très faibles, voire nuls dans les contrats en ligne, ils oscillent généralement entre 1 % et 4 % au sein des autres réseaux de distribution. Ils se justifient en général par le conseil, le suivi et la disponibilité du conseiller auprès duquel vous avez souscrit votre assurance-vie. Ce qui explique l’absence de frais pour les contrats en ligne est l’absence d’un conseiller attitré pour répondre à vos questions, d’une assistance dans la souscription, d’un suivi de votre contrat et de sa performance. Les frais sont donc la rémunération d’un service, libre à vous d’apprécier si ce service est à la hauteur des frais.
Les frais de gestion
Ils sont prélevés chaque année et portent sur la totalité du capital de votre contrat. Ils oscillent généralement entre 0,50 % et 2 % et semblent être assez homogènes d'un distributeur à l'autre.
Les frais d’arbitrage
Ils apparaissent lorsque le titulaire du contrat décide de modifier l’allocation de son épargne au sein de son assurance-vie. Par exemple, vendre un fonds en unités de compte pour investir sur un autre fonds en unités de compte. Le calcul et le montant de ces frais sont propres à chaque organisme : soit un montant forfaitaire, soit un pourcentage des fonds arbitrés. Les frais sont toujours à étudier lors de la souscription d’un contrat. Mais le plus important reste le service, la performance finale et la rémunération servie au titulaire du contrat.
Par exemple, le fonds Renaissance Technologies de Jim Simons, l’un des financiers de Wall Street les plus célèbres, facture quasiment 25% de frais de gestion par an à ses clients… Mais la performance annualisée moyenne de ce fonds depuis 30 ans est de 39% nette après déduction de ces frais… Autant dire qu’on oublie vite le montant des frais avec un rendement aussi important !
Conclusion
J’espère que cet article vous a permis d’y voir plus clair sur cet outil indispensable à n’importe quel épargnant. Parmi toutes les solutions d’épargne existantes, l’assurance-vie reste le produit le plus souple et permettant de répondre à la quasi-totalité des objectifs patrimoniaux à n’importe quel moment de sa vie.
Par Yann Defloraine, Modo Patrimoine
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