Quelles perspectives pour la fin d’année ? (Covéa Finance)

Analyses de marchés
perspectives marchés rentrée 2025

Éclairage avec Francis Jaisson, Directeur Général Délégué de Covéa Finance

Le monde en cette rentrée 2025 est-il différent de celui du début d’année ?

Francis Jaisson : On pourrait le croire. Mais si l’élection du président américain Donald Trump a pu donner l’impression d’une accélération de l’Histoire, nous pensons que c’est une illusion, car l’environnement géopolitique actuel des entreprises et des Etats est la résultante d’une toile de fond de long terme et dans laquelle les deux éléments essentiels sont la formation d’une opposition au modèle libéral occidental et la dérive généralisée de l’endettement. Le contexte est donc toujours celui d’un questionnement sur la mondialisation, d’une recherche de souveraineté et de maîtrise des secteurs stratégiques sur fond de raréfaction des ressources de tous ordres, et du retour du Politique.

Les avantages comparatifs certains en faveur des Etats-Unis vis-à-vis des pays européens demeurent grâce à un accès aux ressources, qu’elles soient humaines, financières, ou liées aux matières premières. La nouvelle administration américaine a la volonté d’asseoir les avantages concurrentiels du pays alors que son leadership est contesté par la Chine. Une politique qui confirme sa volonté de ré-agencer les échanges sur une base plus locale que mondiale.  Si l’Europe a des ambitions proches, elle se heurte à un double handicap : un manque d’accès aux ressources pour déployer ses plans, et un environnement politique complexe avec des marges de manœuvre budgétaires limitées et des complexités institutionnelles.

C’est donc toujours un contexte où les banques centrales ont des marges de manœuvre contraintes et où les entreprises doivent adapter leur modèle pour survivre.

Sous quel signe sera placé le semestre à venir ?

Francis Jaisson : Sans aucun doute, sous le signe des défis ! Ces « défis des réalités » s’inscrivent dans un contexte de concurrence entre pays alliés ou partenaires commerciaux, souvent aussi vive qu’avec les adversaires déclarés.

Si la présidence Trump semble vouloir monnayer à la fois son rôle de fournisseur de sécurité militaire et d’actifs de réserve et renégocier les termes de ses échanges avec le reste du monde, il faut rappeler à nouveau que cette politique est dans la droite ligne des administrations démocrates qui ont depuis longtemps entravé les instances de l’OMC et qu’elle se met en place alors que la Chine n’est pas en reste. En termes d’avantages comparatifs à maximiser, l’exemple des terres rares est éloquent…  

Quelle sera votre stratégie pour les prochains mois ?

Francis Jaisson : Sur les taux, nous pensons que la pentification des courbes est toujours à l’œuvre.

Les parties longues de la courbe continueront de subir une pression haussière : facteurs d’inflation structurels, volumes d’émission importants et primes de risque des Etats endettés dont les marges de manœuvre se réduisent. La faible latitude des banques centrales sur leur taux directeurs devrait limiter les mouvements sur les parties courtes. Nos points d’intervention à l’achat se situent donc pour la référence 10 ans française sur des niveaux supérieurs aux plus hauts niveaux atteints au 1er trimestre.  

Nous poursuivrons nos investissements sur le crédit en étant sélectifs sur le choix des émetteurs. Nous restons attentifs à la fois aux niveaux absolus des taux et des primes de risque. Sur le crédit bancaire, nous maintenons une grande exigence sur le rang de séniorité.

Enfin, nous sommes vigilants à tous signaux qui pourraient conduire à un retournement contraint des politiques des banques centrales lié aux risques financiers ou à un changement brutal de l’environnement dans lequel évoluent les acteurs économiques de chaque zone.

Sur les actions, la typologie des performances des indices et les exigences d’adaptation des modèles des entreprises nous incitent à maintenir une stratégie rigoureuse de points d’intervention qui prennent en compte les risques de volatilité accrue liés aux effets de déconcentration nécessaire des performances et de risque sur les marges des entreprises. Nous fixons ces points d’intervention en Europe et aux Etats-Unis proches des niveaux bas atteints au mois d’avril. Cela nous conduit aussi à maintenir une approche réactive en incluant une part importante de « benchmark » dans les points d’intervention et à poursuivre les achats au titre à titre, en étant très sélectifs, afin de profiter de la volatilité actuelle.

Sur quels types d’entreprise portez-vous votre attention ?

Francis Jaisson : Notre attention se porte sur des valeurs qui évoluent dans des secteurs stratégiques ou qui disposent d’actifs incontournables mais qui n’ont pas bénéficié de la polarisation des performances.

Nous réaffirmons notre volonté d’investir aux Etats-Unis et de profiter des mouvements actuels. Les avantages compétitifs de la zone devraient être des moteurs de croissance pour les entreprises qui y opèrent. Nous continuerons donc de privilégier les entreprises qui ont investi pour pouvoir adapter leur modèle et qui bénéficieront des plans d’investissement, y compris au sein des segments des petites et moyennes capitalisations.

En Europe, nous privilégions les entreprises qui bénéficient de la dynamique des plans d’infrastructures et des programmes de défense et de leur diffusion indépendamment de leur capitalisation, des sociétés dont les taux de rendement du dividende sont attractifs au regard de leur capacité à les maintenir dans le temps ou encore des entreprises exposées aux Etats-Unis et y disposant d’une base d’actifs importante.

Sur quels segments avez-vous des points d’attention ?

Francis Jaisson : Nous restons à l’écart des sociétés dont les niveaux d’endettement sont trop élevés au regard de leur activité. C’est un point d’attention particulier qui concerne l’ensemble des actifs alors que se durcit la bataille pour les capitaux disponibles, intermédiés par les systèmes bancaires ou à mobiliser sur les marchés publics ou privés.

La remontée des taux longs, élément qui fait partie de notre scénario depuis plusieurs années, traduit cette concurrence pour la captation de l’épargne, alors que le repli sur soi des Etats conduit à une moindre mobilité des capitaux internationaux.

Elle traduit aussi les besoins grandissant du public et du privé pour financer les transitions en cours, alors que les prêteurs se montrent plus regardant dans ce monde au niveau d’endettement record.

On voit bien que la hausse de la charge d’intérêt est un enjeu de premier plan à l’heure de l’annonce des plans allemand, européen et américain. Un enjeu longtemps sous-estimé du fait de l’aveuglement dû aux taux nuls des années 2019-2021. Or si la souveraineté c’est choisir ses dépendances, le montant de la dette publique et privée est tel qu’il s’accompagne bien souvent d’un abandon de liberté et d’indépendance.

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