La bourse s’envole, mais dans une monnaie qui s’allège


Le S&P 500 bat records sur records et la confiance semble intacte à Wall Street. Les investisseurs américains se félicitent d’un marché résilient, porté par la technologie, la détente des taux et la promesse d’un « soft landing ».
Pourtant, si l’on change d’unité de mesure, le tableau se transforme radicalement.
Exprimé non plus en dollars, mais en or, le S&P 500 affiche une baisse d’environ 30% depuis le début de l’année – sa pire performance relative au métal jaune depuis 2008 :

Les actions américaines montent, la richesse réelle baisse
Autrement dit, la Bourse américaine grimpe, mais dans une monnaie qui s’effrite. Ce que les investisseurs gagnent en chiffres, ils le perdent en pouvoir d’achat réel. La hausse des marchés est donc moins le reflet d’une prospérité économique que celui d’une inflation d’actifs alimentée par la liquidité monétaire.
C’est le paradoxe du moment : les prix montent, les profits tiennent, mais la richesse réelle, elle, se délite.
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Le S&P 500 en dollars n’est pas le S&P 500 en or
L’or, valeur étalon depuis des siècles, agit ici comme un révélateur. L’indice S&P 500 « en dollars » mesure la valeur des actions dans la devise américaine. C’est la référence officielle, celle que commentent les médias, les analystes et les algorithmes de trading. Mais ce chiffre ne dit rien de la valeur réelle de cette performance. Si la monnaie dans laquelle on mesure cette richesse se déprécie, le résultat devient trompeur.
C’est le même paradoxe qu’un salarié dont le revenu augmente de 5% dans une économie où les prix progressent de 7% : il gagne plus, mais peut acheter moins. Rapporté à l’or, qui joue ici le rôle d’étalon de valeur réel et non manipulable, le S&P 500 perd cette année près d’un tiers de sa valeur.
Non pas parce que les entreprises américaines se sont effondrées, mais parce que le dollar s’est affaibli face à tout ce qui préserve le pouvoir d’achat : l’or, mais aussi certaines matières premières.
Le marché actions s’apprécie, mais dans une monnaie qui vaut moins.
Le retour de l’illusion monétaire
Lorsque l’indice actions s’affaisse face au métal, c’est souvent le signe que les marchés se nourrissent davantage de liquidité que de productivité. Les taux réels ont certes reculé, mais la confiance dans le dollar s’effrite à mesure que la dette américaine explose et que la Réserve fédérale peine à concilier stabilité des prix et soutien à la croissance.
Derrière un marché euphorique, l’économie réelle envoie donc des signaux plus ambigus. Cette lecture « en or » ne condamne pas les actions américaines.
Elle rappelle simplement que les performances nominales ne disent pas tout, et que la création de richesse se mesure à long terme, en pouvoir d’achat. Le S&P 500 brille toujours en dollars, mais son éclat s’émousse face aux actifs réels : c’est une hausse d’illusion monétaire, pas de prospérité durable.
L’or rappelle que la richesse se mesure dans le temps
La Bourse reste donc haussière, mais sa progression traduit autant la solidité des entreprises que l’affaiblissement de la monnaie. Un marché qui monte parce que le dollar se déprécie n’est pas un signe de force, mais de dépendance.
Ainsi, dans ce monde où l’abondance de liquidité tient lieu de moteur, l’or rappelle que la richesse véritable se mesure dans le temps, pas en points d’indice. Ceci invite à une lecture plus nuancée du « rally » actuel : la Bourse s’envole, mais dans une monnaie qui s’allège.
Par Gérald Grant, Fundesys
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