Horizon Épargne : Pourquoi l’épargne salariale reste méconnue malgré son potentiel ? Lotfi Lahiba (Gay-Lussac Gestion) et Cyril Dubreuil (Optélios Groupe)

À l'occasion de la semaine de l'épargne salariale, nous nous penchons sur ces produits collectifs mis en place pour tous les collaborateurs des entreprises. Pourquoi ces solutions restent-elles méconnues ? Réponses avec Lotfi Lahiba, Responsable de l’épargne entreprise chez Gay-Lussac Gestion et Cyril Dubreuil, directeur général associé d’Optélios Groupe.

Bonjour et bienvenue dans Horizon Épargne, le podcast qui décrypte l'épargne des Français. Je suis avec Lotfi Laïba de Gay-Lussac Gestion et Cyril Dubreuil d'Optélios Groupe.

À l'occasion de la semaine de l'épargne salariale, on se penche sur ces produits collectifs mis en place pour tous les collaborateurs des entreprises. Pourquoi, selon vous, ces solutions restent-elles méconnues ?
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Lotfi Lahiba : L'épargne salariale était pendant de longues années uniquement appropriées par les grandes entreprises, les grands groupes. Pourquoi ? Parce que le cadre réglementaire, l'obligation réglementaire ne pesait que pour les entreprises de plus de 50 salariés. Et encore, c'était pour l'accord de participation. Mais depuis maintenant une dizaine d'années, le législateur pousse pour ce qui est une démocratisation de l'épargne salariale.

Qu'est-ce que c'est l'épargne salariale ? le salarié qui a la possibilité d'épargner à travers des sommes versées par son entreprise dans des dispositifs qui se sont mis en place pour tous les salariés. Les statistiques sont sorties la semaine dernière, on a près de 13 millions de salariés épargnants, chiffre qui représente près de 60% des salariés de droits privés en France. C'est plutôt un chiffre très intéressant, on arrive à 200 milliards d'encours.

L'épargne salariale pour préparer sa retraite

À travers l'épargne salariale, on peut aussi préparer sa retraite puisqu'il y a deux dispositifs à l'intérieur de la partie collective qui permettent de préparer sa retraite, donc ça permet aussi d'avoir une diversification. En dehors du cadre fiscal et social très avantageux aussi pour l'entreprise, de verser de la rémunération qui est juste différée dans le temps. Ça permet aussi de garder ses salariés, d'attirer des talents, de fidéliser, de les intégrer aussi au projet à travers l'intéressement, à travers la participation, à travers l'actionnaire à salariés qui est aussi un levier très important pour que les salariés se sentent dans le projet de l'entreprise ou du groupe.

L'épargne salariale, c'est aussi de l'épargne projet

Les sommes, elles sont disponibles au bout de cinq ans. Il y a quand même 13 cas de déblocage anticipé, la résidence principale, tout ce qui va toucher aux faits de vie, le mariage, le PACS. On a un univers assez large pour pouvoir débloquer et anticiper. Cette épargne de projet ou de précaution, elle existe. Et à côté, on a l'épargne retraite.

L'épargne salariale, un produit connu historiquement pour l'optimisation fiscale

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Cyril Dubreuil : L'épargne salariale, effectivement, c'est un produit qui, je ne vais pas dire historiquement, mais il n'y a pas si longtemps que ça encore, était quelque chose qui était, on va dire, un peu méconnu. C'est-à-dire que les salariés savaient que ça existait, mais ne savaient pas exactement à quoi ça servait ou en tout cas la puissance que ce mécanisme avait.

La deuxième chose aussi, c'était parce qu'il fallait aussi que les entreprises puissent avoir le pouvoir d'amendement. À part les grosses entreprises, c'était compliqué à une entreprise, sur même une TPE, de dire, sans cette histoire d'obligation, de passer sur de l'épargne salariale, à part le fait de vouloir fédérer un peu ses salariés ou de pouvoir un peu y avoir un sens plus de partage qui était volontaire. Là où par contre l'épargne salariale est intéressante, c'est qu'aujourd'hui on voit plus les salariés s'intéresser et commencer à avoir une culture, un prémice de culture financière grâce à l'épargne salariale parce qu'ils vont s'intéresser un peu au fond sur l'arbitrage et les allocations qui sont faits au sein de leur épargne salariale. Avant ils regardaient l'avantage que ça avait, c'est-à-dire de pouvoir toucher des bonus qui pouvaient être avec une optimisation fiscale. La première chose que les Français regardaient la plupart avant, sur l'épargne, c'était l'optimisation fiscale, qui est quand même un vrai sujet en France.

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Un intérêt grandissant de l'épargne salariale pour la retraite

Aujourd'hui, ils vont un petit peu au-delà de ça, puisqu'ils s'y intéressent aussi un peu sur la retraite. Lotfi l'a dit, vous avez deux grands canaux :

Vous en avez un qui va être sur le partage de valeurs, en tout cas le partage des bénéfices ou du chiffre d'affaires, etc. Donc participer à la vie saine de l'entreprise et à la croissance de l'entreprise.

Et la deuxième qui est de pouvoir, grâce aussi au plan d'épargne retraite collective, d'avoir une épargne qui va être destinée à la retraite. Avant, quand il faisait de l'abonnement, le salarié le faisait souvent avec une idée de pouvoir sortir son argent pour la résidence principale, qui était un des premiers investissements. Et ce pourquoi le Français travaillait le matin, la première chose, c'était de pouvoir s'acheter un toit. Aujourd'hui, la notion de retraite devient un peu plus importante. Et effectivement, les gens s'y intéressent un peu plus, les salariés s'y intéressent un peu plus, mais s'y intéressent de façon plus technique et beaucoup plus avec une culture financière qui devient un petit peu plus importante que ce qu'on avait avant. Ça, grâce à l'épargne salariale, tout à fait.

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Lotfi Lahiba : L'épargne salariale vient couvrir le besoin primaire de pouvoir avoir une épargne de très court terme, projet, résidence principale, mariage, PACS. J'achète un véhicule neuf, puisque c'est un des nouveaux cas de déblocage anticipé. Je peux aussi préparer ma retraite à travers l'entreprise. L'avantage de l'épargne salariale, c'est que ce sont des sommes souvent versées par l'entreprise, donc il y a moins d'efforts d'épargne de la part du salarié. Sur le côté mécanisme, il y a un peu plus d'interrogation de la part du salarié. Mais aujourd'hui, ils se posent les bonnes questions. Ils ont plutôt les bons réflexes. Demeure la partie des supports financiers.

Une problématique de culture financière

Mais globalement, la problématique qu'on a en France, c'est la culture financière qui passe toujours derrière l'optimisation fiscale. Alors que la question devrait être dès le départ, à quoi me sert cette épargne ? Ma retraite ? Transmettre un patrimoine ? Financer un projet ? Consommer ? Qu'est-ce que je veux faire de cette épargne ? Si c'est la retraite, aujourd'hui, malheureusement en France, on doit se dire qu'il y a deux systèmes de retraite. Il y a le système de retraite par répartition. J'ai travaillé, j'ai cotisé, j'ai un droit, mais je dois préparer ma retraite par capitalisation. Et on est sur un système qui sera hybride. Peut-être que ce sera le système qui marchera le mieux dans les prochaines décennies. On ne fait pas supporter la retraite sur l'État. Et deuxième chose, ça responsabilise aussi le français à mieux orienter son épargne et donc à être mieux informé.

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