Fed : encore une baisse de taux… et encore de la croissance en 2026. Théodore Crouslé (SILEX)

Analyses de marchés
Théodore Crouslé (SILEX), Club Patrimoine Au micro de la macro

Une baisse de taux de 25 points de base décidée par la Fed en décembre

Aujourd'hui, je vous propose de revenir sur la dernière décision de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine. Lors de sa réunion de décembre, la Fed a baissé ses taux de 25 points de base, ramenant le taux cible des Fed Funds dans la fourchette de 3,50 %, 3,75 %.

Les raisons de la baisse des taux par la Réserve fédérale

La première question à se poser, c'est de comprendre pourquoi la Fed a-t-elle décidé de baisser ses taux maintenant. Rappelons-nous qu'en octobre, Powell avait remis en question ce scénario. Eh bien, en conférence de presse, Jerome Powell est apparu plutôt dovish, et il a mis en avant deux éléments principaux pour justifier ce nouveau desserrement des taux.

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Un marché du travail moins solide que les statistiques officielles

Premier point, un marché du travail moins solide qu'il n'y paraît. Les créations d'emplois telles que rapportées par le Bureau of Labor Statistics ces derniers mois auraient été surestimées. Powell a expliqué qu'en moyenne, les créations d'emplois s'élèvent selon les chiffres officiels à 40 000 par mois entre mai et septembre, mais il a aussi précisé que ces chiffres étaient sans doute surestimés, peut-être de l'ordre de 60 000 par mois. Si on corrige donc cette surestimation, cela voudrait dire qu'en réalité, l'économie américaine détruit en net environ 20 000 emplois par mois depuis le mois de mai. Autrement dit, le marché du travail serait déjà en train de s'affaiblir un peu plus qu'on ne le pense à la lecture des statistiques brutes.

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Une inflation jugée globalement maîtrisée par la Fed

Deuxième élément clé avancé par Powell, l'inflation apparaît globalement bien maîtrisée si l'on met de côté la partie affectée par les hausses de tarifs décidées par l'administration Trump. Sur les chiffres d'inflation PCE du mois de septembre, on observe plusieurs points rassurants. La composante logement n'augmente plus que de 4 % sur un an, avec une belle tendance à la baisse. L'inflation des services hors logement progresse de 3,3 % sur un an, là aussi avec une dynamique de désinflation marquée. La seule composante qui accélère de façon plus importante, ce sont les biens avec une hausse de 1,4 % sur un an, bien entendu à cause des droits de douane. Selon la Fed, cette hausse de prix des biens devrait rester relativement isolée et ne pas se transformer en dérapage inflationniste généralisé. C'est donc cet ensemble qui a justifié cette baisse de taux d'assurance.

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Des prévisions économiques solides malgré un discours accommodant

Mais ce qui est intéressant, c'est que malgré ce discours plutôt accommodant, les prévisions économiques de la Fed restent très solides. On le pressentait déjà au travers de bonnes données d'enquête publiées ces derniers mois, la Fed a relevé de façon notable ses prévisions de croissance pour l'année prochaine. On retiendra notamment que la croissance pour 2026 est désormais attendue à 2,3 % après 1,7 % en 2025. Du côté du marché du travail, il n'y a pas de révision majeure. Le taux de chômage devrait rester autour de 4,4-4,5 %, soit son niveau actuel entre 2025 et 2026. Tout cela traduit une certaine confiance du FOMC.

La trajectoire future de la politique monétaire américaine

Selon les décideurs monétaires, les baisses de taux enchaînées autour des quatre derniers mois devraient suffire à soutenir l'activité en 2026. Si l'on se projette maintenant sur la trajectoire de la Fed l'année prochaine, l'élément clé à surveiller sera la vitesse de dégradation du marché du travail. On sait que c'est aujourd'hui peut-être le point faible de l'économie américaine, et la fonction de réaction de la Fed s'est inscrite en réaction à chaque épisode de nette dégradation du marché de l'emploi.

Un environnement de low hiring, low firing aux États-Unis

Quand on regarde les choses dans le détail, on se rend compte que le taux de licenciement reste encore relativement faible aux États-Unis, à seulement 1 % en septembre. Le narratif dominant pour diagnostiquer cette situation reste donc celui d'un environnement de low hiring, low firing. En français, peu d'embauches, mais aussi peu de licenciements.

Les inscriptions au chômage comme indicateur clé à surveiller

Dans ce contexte, ce qu'il faudra suivre de très près ces prochains mois, ce sont les inscriptions hebdomadaires au chômage, pour voir si elles commencent à augmenter rapidement, ce qui serait le signe d'un passage à un environnement de détérioration accélérée. En cette fin d'année 2025, les signes sont plutôt rassurants. Les inscriptions au chômage restent contenues, juste en dessous de 230 000 par semaine en moyenne au cours des derniers mois.

Ecouter aussi :

“La décision de la Fed soutient la dynamique des marchés"

Les analyses de politique monétaire

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