La Fed baissera-t-elle ses taux en décembre ? Théodore Crouslé (SILEX)

Une baisse de 25 points de base conforme aux attentes
Aujourd’hui, revenons sur la décision de politique monétaire de la Fed pour le mois d’octobre. La Banque centrale des États-Unis a baissé ses taux de 25 points de base, ramenant le taux cible des Fed Funds dans la fourchette de 3,75 % à 4 %.
Une décision anticipée par les marchés
Cette décision ne faisait plus l’ombre d’un doute pour les marchés. Elle s’inscrit dans la lignée de la baisse de taux précédente, puisqu’elle a été de nouveau qualifiée par la Fed de Risk Management Cut. Mais la principale information de cette réunion du FOMC, c’est qu’une baisse de taux en décembre n’est pas encore acquise, loin s’en faut, pour reprendre les mots de Jerome Powell lors de la conférence de presse.
Un FOMC divisé entre prudence et assouplissement
Plusieurs éléments suggèrent en effet que la Fed pourrait ne pas baisser ses taux dans six semaines. Premièrement, la répartition des votes a révélé un biais assez hawkish au sein du FOMC. Sur les 12 votants, on a compté deux dissidents. Et la vraie grosse surprise, c’est que Jeff Schmidt, le président de la Fed de Kansas City, souhaitait que les taux soient maintenus. De l’autre côté, on a bien évidemment vu Stephen Irwin se prononcer pour une baisse de taux de 50 points de base, mais ce n’est pas vraiment une surprise compte tenu de son passif au sein de l’administration Trump.
Des données d’emploi jugées rassurantes malgré le shutdown
Deuxième élément, des données d’emploi ont été relativement rassurantes ces derniers temps. Bien sûr, la situation est sérieusement compliquée par la pénurie de données causée par le shutdown qui empêche la publication des indicateurs traditionnels, rapport sur l’emploi du BLS notamment. Mais la Fed n’est pas trop inquiète. Elle estime qu’en cas de chocs violents sur l’emploi ou l’inflation, les indicateurs dont elle dispose tout de même seraient suffisants pour pouvoir s’adapter.
Un marché du travail encore solide
Powell a rappelé que les chiffres des inscriptions au chômage restent bas. Ces inscriptions sont publiées au niveau des États et elles continuent donc à être publiées malgré le shutdown. Et cela nous amène à une troisième question, qui est de se demander si le marché du travail va si mal que ça.
Des déséquilibres persistants sur le marché de l’emploi
En fait, si la visibilité est faible pour la Fed, c’est moins à cause du shutdown qu’en raison des équilibres du marché de l’emploi américain, que Powell qualifie de curieux. Le débat reste ouvert pour savoir si la baisse des créations d’emplois s’explique davantage par un retournement de l’activité donc une baisse de la demande de travail par les entreprises ou alors par un manque de main-d’œuvre, c’est-à-dire une baisse de l’offre d’emploi, qui pourrait être consécutive aux politiques de l’administration Trump en matière d’immigration notamment.
Une inflexion légère dans le discours de Jerome Powell
Sur ce point, Powell a semblé un tout petit peu moins accommodant que lors de sa dernière prise de parole il y a quelques semaines. Il n’est pas impossible que les dernières estimations économiques aient joué un rôle dans ce léger revirement. Une étude de la Fed de Dallas a récemment estimé que le break-even des créations d’emplois n’était peut-être que de 30 000 par mois. C’est-à-dire qu’en moyenne, sur les quatre derniers mois de données dont nous disposons, le marché de l’emploi était peut-être pratiquement à l’équilibre.
Des dot plots toujours très dispersés
Dernier élément qui a pu jouer, ce sont les dot plots, mais ceux du mois de septembre, car cette décision du FOMC a été l’occasion pour les investisseurs de se rappeler que les dot plots fournis à cette période étaient extrêmement dispersés. Ce n’est que la médiane des dot plots qui laissait espérer deux baisses de taux consécutives en octobre et en décembre.
Une fin d’année sous haute tension pour la politique monétaire
L’équilibre en faveur d’une baisse de taux en décembre tenait déjà peu et le FOMC pourrait basculer du côté hawkish assez rapidement, ce qui pourrait amener les décideurs à voter pour un maintien des taux en décembre.
Des débats internes qui s’annoncent déterminants
Par conséquent, on peut s’attendre à ce que la bataille entre les gouverneurs soit encore plus rude d’ici décembre. D’ici là, nous serons très attentifs au Fedspeak, c’est-à-dire aux différentes prises de parole des gouverneurs, afin de voir comment chacun se positionne.
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