One Big Beautiful Bill, un plan fiscal et budgétaire hors normes (Edmond de Rothschild AM)

Un accord trouvé avec le Vietnam, tensions persistantes avec les autres partenaires
À quelques jours de la date limite des négociations du 9 juillet, un accord commercial a été trouvé avec le Vietnam, établissant un droit de douane de 20 % sur ses exportations (137 Mds $ en 2024) et aucun tarif sur les importations américaines (13 Mds $). Les États-Unis imposeront également un droit de douane de 40 % sur les « marchandises en transit » depuis le Vietnam, ciblant implicitement la Chine. L’accord commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni est entré en application cette semaine, les négociations patinent avec l’UE, le Japon, l’Inde et la Corée. L'UE examine une proposition envoyée par l’administration américaine, qu’Ursula von der Leyen n’a pas souhaité partager avec les pays membres tout en qualifiant d’impossible la signature d’un accord d’ici la semaine prochaine. Le Japon, classé par D. Trump dans la catégorie « spoiled countries », a réaffirmé sa réticence à importer des produits agricoles, notamment le riz, souhaitant protéger sa souveraineté alimentaire.
Des indicateurs économiques ambigus, sans effet clair de la guerre tarifaire
La guerre tarifaire tarde encore à produire ses effets sur l’économie américaine comme en témoignent les indicateurs contradictoires sur l’emploi. L’enquête JOLT montre un rebond des ouvertures de postes avec près de 7,8 millions de postes ouverts. À l’inverse du rapport ADP qui calcule 33 000 emplois détruits dans le secteur privé en juin, le rapport sur l’emploi indique 147 000 créations d’emplois, dont 73 000 dans le secteur public (record des 12 derniers mois) et seulement 74 000 dans le secteur privé, principalement dans la santé et l’éducation. Le taux de chômage baisse à 4,1 % mais le chômage des jeunes continue d’augmenter à 8,9 %. L’ISM manufacturier reste en zone de contraction pour la 30ème fois sur les 32 derniers mois avec la poursuite de la dégradation de la composante « emploi ». L’ISM service est ressorti en légère hausse à 50,8, mais sa composante « emploi » chute en territoire de contraction.
Les derniers contenus sur les tarifs douaniers
La réforme fiscale Trump acte des baisses d’impôts massives
Les deux chambres du Congrès ont voté la One Big Beautiful Bill dans une version encore plus dispendieuse qu’en première lecture. Les nouvelles dépenses portent sur le budget de la sécurité aux frontières et de la défense. De plus, pour favoriser la natalité, chaque nouveau-né américain se verra doté de 1 000 $ abondé par le gouvernement sur un compte épargne bloqué jusqu’à ses 18 ans. Les baisses d’impôts couteront 4 500 Mds $ sur 10 ans : maintien de la baisse de l'impôt sur les sociétés à 21 % au lieu de 35 %, quasi-doublement de l'abattement standard pour les ménages, réduction de 2,6 points de la dernière tranche d'impôt sur le revenu à 37 %. Les économies de dépenses ne s’élèveront qu’à 1 500 Mds $ sur 10 ans. Outre la baisse des subventions vertes (fin du crédit d’impôt pour l’achat de véhicule électrique), elles pèseront principalement sur ménages les plus fragiles : près de 12 millions de personnes devraient perdre l’accès à l’assurance-maladie (Medicaid) dont ils bénéficient depuis les mesures « ObamaCare », dont un tiers d'enfants de moins de cinq ans. Les conditions d'éligibilité aux bourses Pell pour faciliter l’accès des plus modestes aux universités vont être durcies. La dette devrait augmenter de plus de 3 000 Mds $ sur les 10 prochaines années. Le plafond de la dette a été remonté de 5 000 Mds $ offrant de précieuses marges de manœuvre au Trésor.
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Une équation budgétaire difficile au Royaume-Uni
Si les États-Unis ont réussi à boucler leur programme budgétaire avant la date souhaitée du 4 juillet, l’équation budgétaire est plus difficile à résoudre au Royaume-Uni. Le gouvernement a choisi de céder face à la fronde de députés travaillistes plutôt que de soutenir la chancelière de l’Échiquier, Rachel Reeves, en proie à des rumeurs de départ. Une partie des coupes budgétaires (6,25 Mds £) a été abandonnée, ce qui réduit les marges de manœuvre budgétaire et conduit à une nouvelle défiance envers les taux et la devise du Royaume-Uni.
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Actions européennes : un rebond freiné par les incertitudes commerciales
Cette semaine a été marquée par une activité économique et commerciale relativement intense, avec des avancées dans les négociations entre les États-Unis et certains de ses principaux partenaires, tels que le Vietnam et le Canada. Les préoccupations concernant les perspectives de croissance mondiale semblent s'atténuer grâce à la résilience des États-Unis, aux plans de relance espérés en Chine, et aux investissements en Europe, notamment en Allemagne. Cet optimisme a stimulé l'appétit pour le risque, renforçant ainsi les indices européens. Cependant, vers la fin de la semaine, ces indices sont revenus à leur niveau initial observé en début de semaine en raison des incertitudes persistantes concernant les négociations commerciales entre l'Europe et les États-Unis, accentuées par les propos d'Ursula von der Leyen sur la possibilité de droits de douane élevés.
Du côté des entreprises, TotalEnergies a finalisé la vente de 50 % de ses actifs d'énergies renouvelables au Portugal à un consortium japonais, valorisant les actifs de manière élevée par rapport aux standards récents. De son côté, Novartis a rencontré un échec mineur avec le Cosentyx dans le traitement de l'artérite à cellules géantes, tandis que l'attention se porte sur le prochain essai majeur de son médicament contre le syndrome de Sjögren. Pluxee a présenté des résultats solides pour le troisième trimestre, avec une croissance supérieure aux attentes dans plusieurs régions, malgré les effets négatifs liés au change, et confirme ses objectifs de croissance organique et d'amélioration de marge pour les périodes 2024/2025 et 2025/2026. Par ailleurs, la Chine investit massivement dans la lithographie et les logiciels de design, ce qui représente un risque pour ASML en matière de parts de marché dans le segment DUV (Deep Ultraviolet), bien que sa technologie EUV (Extreme Ultraviolet) reste protégée grâce à son écosystème unique et difficilement réplicable. Enfin, Sodexo a surpassé les attentes avec une croissance organique légèrement supérieure au troisième trimestre, et prévoit désormais d'atteindre le bas de sa fourchette de prévisions annuelles.
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Actions américaines : la réforme fiscale soutient la consommation et l’IA
Semaine écourtée aux États-Unis avec la fête nationale du 4 juillet. Les marchés actions américains affichant records après records, atteignent des sommets historiques : le S&P 500 a progressé de 2,3 %, tandis que le Nasdaq et le Russell 2000 se sont appréciés respectivement de 2,2 % et 3,6 %. Le mouvement baissier du dollar par rapport à l’euro se poursuit, la devise américaine s’établissant à 1,18.
Le secteur technologique maintient son momentum positif, illustré par Nvidia qui enregistre une nouvelle hausse de 2,8 % sur la semaine. Cependant, ce momentum autour de l’intelligence artificielle continue de se répercuter sur la gestion des coûts des acteurs du secteur. Pour préserver leurs marges, les entreprises semblent opter pour des licenciements, à l’instar de Microsoft (+0,3 %), qui prévoit une nouvelle vague de licenciements de 9 000 emplois après la suppression de plus de 6 000 postes en mai. Amazon (+2,9 %) suit également cette tendance et va bientôt avoir autant de robots que de personnel dans ses entrepôts.
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Dans le secteur de la consommation de base, les résultats des entreprises restent mitigés mais semblent bien anticipés par le marché. À l’image de Constellation Brands, leader dans les bières et spiritueux, qui est en hausse de 6,2 % malgré la publication de résultats trimestriels en baisse. Ce ralentissement de la demande touche notamment sa clientèle principale hispanique, dont les dépenses ont diminué en raison des craintes liées aux mesures répressives de l'immigration. Par ailleurs, la consolidation du secteur de la construction entraîne des mouvements de fusions et acquisitions. Le distributeur de produits de construction Home Depot (+2,3 %) achète le distributeur de matériaux GMS pour une valeur de 5,5 milliards de dollars.
Les assureurs « Santé » américains ont fortement reculé (-7 % sur la semaine) dans le sillage de Centene (-38 %) qui a annoncé une suspension de sa prévision de résultats pour cette année. La société, qui est particulièrement positionnée sur les assurances santé destinées aux personnes les plus défavorisées, signale une poursuite de la dégradation de son environnement. L'entreprise anticipe un ralentissement de la croissance de ses adhérents, alors qu'un nombre croissant de patients renonce à s'assurer en raison de la cessation de certaines aides. De plus, les contrats existants deviennent de moins en moins rentables. Centene fait en effet face à une augmentation des demandes de remboursement de la part de ses assurés, dont l'état de santé général se fragilise, entraînant une consommation accrue de soins.
Enfin, tous les autres secteurs tels que l’énergie (+1,6 %), la finance (+2,8 %) et les matériaux (+3,8 %) sont en hausse cette semaine.
Achevé de rédiger le 04/07/2025 par Edmond de Rothschild AM
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