Les small caps européennes retrouvent des couleurs (Amiral Gestion)

Après plusieurs années difficiles, les petites et moyennes capitalisations européennes semblent enfin retrouver de l’éclat. Sur les marchés, on observe depuis le début de l’année une légère reprise, portée par certaines valeurs, notamment les biotechs françaises. Mais au-delà de ces quelques moteurs, c’est l’ensemble du segment des small et mid caps qui semble sortir de son hibernation.
Small Caps : Des signaux positifs observés partout en Europe
Depuis septembre, l’équipe de gestion d’Amiral Gestion a eu l’occasion de rencontrer plus d’une centaine de dirigeants à travers l’Europe — de Stockholm à Madrid, en passant par Munich ou Paris — lors de conférences consacrées aux valeurs locales. L’ambiance varie selon les pays, mais une chose est claire : les signes d’amélioration se multiplient.
En Allemagne, les discussions tournent autour du vaste « plan Merz » de relance annoncé au printemps dernier. Les annonces de mars ont surpris tout le monde par leur ampleur et leur rapidité. Nous entrons désormais dans une phase de digestion : les acteurs économiques manifestent une certaine impatience, mais les fonds publics vont arriver. D’ailleurs, ces dernières semaines, les commandes dans le secteur de la défense se sont accélérées. D’un point de vue boursier, cette phase de doute est constructive : après ces ajustements, plusieurs années de dépenses en infrastructures et en projets industriels se profilent.
En France, le ton est étonnamment rassurant. Malgré un climat politique extrêmement tendu, les dirigeants rencontrés par l’équipe de gestion se montrent relativement optimistes. Sur le plan économique, la croissance se maintient autour de 1 %, le chômage reste bas selon les standards français et certains secteurs repartent clairement à la hausse. Dans la construction, par exemple, Hexaom, premier constructeur de maisons individuelles, enregistre une hausse de 70 % de son carnet de commandes au premier semestre. Cette reprise du secteur s’inscrit dans une dynamique plus large, portée par la baisse des taux amorcée en juin 2024, dont les premiers effets commencent à se faire sentir. Tout cela se traduira par une forte activité à partir du quatrième trimestre et une amélioration des marges en 2026.
Dans nos portefeuilles, nous observons également le retour en force de certaines entités bancaires, notamment les Caisses Régionales du Crédit Agricole. Après une période compliquée due à la hausse des taux, les banques françaises se redressent, tandis que le CAC Small affiche une hausse proche de 50 % depuis le début de l’année.
En Italie, l’activité ralentit légèrement, mais pour de bonnes raisons : le pays consolide ses finances publiques et devrait ramener son déficit sous la barre des 3 % l’année prochaine. Cela pèse temporairement sur l’activité, mais constitue une base solide pour l’avenir. Dans l’ensemble, l’économie européenne se stabilise à un niveau bas mais résilient : les indicateurs PMI, tombés à 42 en décembre dernier, sont revenus aujourd’hui à 50. L’Espagne, comme la plupart des pays d’Europe du Sud, continue d’être l’une des économies les plus dynamiques d’Europe. A l’inverse, la Suède, malgré des grands agrégats financiers extrêmement solides, continue d’afficher une croissance molle, pénalisée par un marché immobilier ayant du mal à sortir de sa torpeur.
C’est aux États-Unis que les messages se font les plus prudents. L’été a été faible, et la rentrée également. Plusieurs entreprises exposées à l’Amérique du Nord — comme Michelin ou Volvo — ont récemment publié des profit warnings. De nombreux dirigeants évoquent un climat général d’attente chez leurs clients. À l’inverse, l’Europe semble entrer dans une phase de reprise, portée notamment par l’Allemagne, qui offre enfin une lueur d’espoir après plusieurs années difficiles.
Stratégie d’investissement : cap sur la France et l’Allemagne
Chez Amiral Gestion, notre ADN value nous incite à rester attentifs aux valorisations. Aujourd’hui, la France est le marché le moins cher d’Europe, alors qu’il y a un an c’était l’Allemagne. Nous restons donc fortement exposés à ces deux marchés : environ 35 % du fonds Sextant PME est investi en France, suivie de l’Allemagne (27% sur Allemagne + Autriche) qui, malgré son rebond, demeure un marché relativement bon marché.
Sur le plan sectoriel, les plus fortes hausses de l’année proviennent de la défense et du plan d’infrastructures allemand au sein du portefeuille. Il est à noter qu’aucune valeur française ne figure parmi les plus mauvais contributeurs à la performance, ce qui semble indiquer que l’instabilité politique est désormais largement pricée par les marchés.
En Allemagne, par exemple, nous conservons MBB, un acteur clé des infrastructures énergétiques, qui a récemment relevé ses prévisions. Le pays doit repenser entièrement son mix énergétique après la sortie du charbon, du nucléaire et du gaz russe — un défi colossal qui soutiendra l’investissement dans le secteur pendant de nombreuses années.
Nous restons également investis dans Bilfinger, une entreprise de services industriels dont la mission est d’améliorer l’efficacité et la durabilité des actifs industriels, notamment dans l’industrie des procédés. Sa valorisation a fortement progressé cette année.
Les small caps européennes : un potentiel de long terme
Après plusieurs années d’attente et de désintérêt, les petites et moyennes capitalisations offrent enfin de nouvelles perspectives. La baisse des taux, la relance de l’investissement public et la solidité des bilans des entreprises dessinent un horizon plus clair. La prudence reste de mise, mais le mouvement de fond est enclenché : les small caps européennes reprennent leur souffle — et peut-être enfin, la confiance des investisseurs.
Historiquement, lorsque les petites capitalisations se réactivent, le mouvement est souvent rapide et intense durant les premiers mois, mais la surperformance peut se prolonger plusieurs années. Par ailleurs, les budgets allemands et l’assouplissement monétaire amorcé en juin 2024 n’ont pas encore pleinement déployé leurs effets sur l’économie. Le meilleur reste sans doute à venir.
Par Raphaël Moreau, Amiral Gestion
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