Quelles sont les erreurs à éviter dans la rédaction d’un testament ?


Vous ne souhaitez pas qu’il y ait de heurt lors de votre décès et envisagez d’organiser au mieux votre transmission patrimoniale. Pour comprendre quels écueils éviter lors de la rédaction de votre testament, quelques clarifications s’imposent…
Des précautions fondées sur un respect strict des formes légales
Plusieurs erreurs peuvent entraîner la nullité totale ou partielle du testament ou donner lieu à des contestations judiciaires quant aux dernières volontés exprimées. Le Code civil est le garant de cette sécurité juridique.
Les formalités spécifiques aux différents types de testament
Le testament olographe
En cas de testament olographe, le texte devra être rédigé intégralement, daté et signé par vos soins (article 970 du code civil) sous peine de nullité. Le principe de prudence impose en effet que l’intention véritable du testateur ne puisse être contestée. Si la rédaction manuscrite et la signature sont des conditions impératives, l’exigence relative à la date a été assouplie. Ainsi, un testament non daté n’est pas forcément nul si des éléments intrinsèques et extrinsèques permettent de déterminer la période de rédaction et la capacité du testateur à ce moment-là (Cass. 1e civ. 7-6-2006 n° 04-10.602). Cette exigence permet également, en cas de pluralité de testaments, de désigner le plus récent, ce qui est nécessaire en cas d'incompatibilité entre les dispositions de dernière volonté successivement adoptées.
Le testament par acte public
En cas de testament par acte public, il sera indispensable de respecter les règles de réception par le notaire et ses témoins telles que la lecture du testament au testateur, la rédaction conforme de l’acte et l’indication de circonstances particulières en cas d’incapacité à signer. Ces règles visant à se prémunir de tout risque d’abus de faiblesse ou de vulnérabilité sont précisées aux articles 971 et suivants du code civil. Le testateur doit être capable au moment de la rédaction du testament et avoir un consentement libre et éclairé. Un testament peut être annulé pour insanité d’esprit, erreur, et/ou violence. Si ces formalités ne sont pas respectées, le testament est nul.
Le testament mystique
À noter également que le testament mystique (article 976 du code civil) impose des formalités particulières de fermeture, de scellement et de présentation en présence du notaire et des témoins. En cas de non-respect des conditions de forme requises et pour pallier à une absence de validité du testament, une transformation en testament olographe sera possible : ce testament mystique « vaudra cependant comme testament olographe si toutes les conditions requises pour sa validité comme testament olographe sont remplies, même s'il a été qualifié de testament mystique» (article 979, al. 2 du code civil).
Quels points de vigilance pour se préserver des contestations ultérieures ?
Les erreurs formelles
Les erreurs formelles telles que des fautes d’orthographe ou de formulation ne suffisent pas nécessairement à annuler le testament, à condition que l’on puisse démontrer que le contenu exprime fidèlement votre volonté. Cependant, lorsque ces erreurs sont trop nombreuses ou altèrent le sens des dispositions, elles créent un risque important de contestation ou d’interprétation judiciaire éloignée de votre volonté réelle. Il convient donc de rédiger posément et précisément en omettant toute ambiguïté quant à l’identité des bénéficiaires – notamment en cas d’associations ou de fondations dont la dénomination doit être exacte - ou à la nature des libéralités.
À noter : Seules certaines associations peuvent recevoir des donations autres que les dons manuels et bénéficier de legs à la condition que ces libéralités soient destinées à l’accomplissement de la mission du groupement ; il s’agit notamment des associations reconnues d’utilité publique, associations cultuelles, celles ayant pour objet exclusif l’assistance, la bienfaisance, la recherche scientifique ou médicale, ou encore les associations de financement électoral ou de financement d’un parti politique agréé.
La réserve héréditaire et la clause illicite
Ignorer la réserve héréditaire ou insérer une clause illicite. Un testament ne doit pas porter atteinte à la réserve héréditaire des héritiers réservataires que sont les descendants ou le conjoint survivant dans certains cas (article 912 du code civil). Le dépassement de la quotité disponible est sanctionné par la réduction des libéralités. Tout comme il vous est possible de choisir les bénéficiaires de votre testament, il vous est loisible d’y insérer une clause pénale. Toutefois, cette clause ne devra pas porter effectivement atteinte à la réserve héréditaire ou à des droits fondamentaux. Sinon, elle sera réputée non écrite.
Choisir la forme la plus sécurisée selon votre situation
La forme du testament est également importante. Si la forme olographe permet une certaine simplicité, cette forme reste particulièrement fragile puisqu’elle ne bénéficie d’aucun contrôle externe lors de sa rédaction. Ainsi, il est conseillé en présence de situations familiales complexes ou de doutes sur l’état de santé mentale du testateur d’opter pour une rédaction par acte public ou encore d’être assisté par un notaire afin d’éviter tout risque d’abus de faiblesse ou de contestation sur le plan de l’authenticité.
À noter : Les dispositions réciproques ou mutuelles dans un même acte sont interdites (article 968 du code civil).
Conclusion
Afin d’éviter les erreurs susceptibles de rendre un testament invalide ou de provoquer des litiges ultérieurs, il est essentiel de respecter scrupuleusement les formes prescrites par le code civil en rédigeant des clauses exemptes d’erreurs ou d’approximations, en évitant tout testament conjonctif et en choisissant une forme adaptée aux circonstances personnelles. L’accompagnement par un notaire ou un avocat est vivement recommandé pour garantir la validité et l’efficacité de vos dispositions testamentaires.
Par Caroline Benhamou, avocat associé du cabinet CBV Avocats
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