Une épargne toujours plus orientée vers l'économie réelle
La volonté politique d’orienter l’épargne des Français vers les PME et les ETI franchit une étape supplémentaire. Dès cet automne, les plans d’épargne retraite devront inclure des actifs non cotés.
C’est acté. À compter du 24 octobre, les gestions pilotées des plans d’épargne retraite et de certains mandats d'assurance-vie devront, selon l’article 35 de la loi Industrie verte, inclure une part minimale de non coté. Selon le profil de risque du mandat choisi et l’horizon de placement, cette part pourra aller jusqu’à 15 % sur vingt ans pour un profil offensif. Cette nouvelle réglementation et son court délai d’application font couler beaucoup d’encre. « Elle aura la vertu de déplacer d’importants flux d’épargne vers l’économie productive, mais également d’éduquer, à travers le devoir de conseil, la clientèle patrimoniale à une classe d’actifs encore méconnue », tempère Alexis de Rozières, président d’Eres Gestion. À Eiffel Investment Group, la directrice générale adjointe, Laura Carrere, ajoute que « les nouvelles grilles d’allocations concernent les flux et non les stocks, et ce, uniquement en gestion profilée. Ce n’est donc pas si contraignant ».
Le non-coté, ce n’est pas que le private equity
Si la loi Pacte avait déjà permis une ouverture plus large au non coté, les assureurs se trouvent désormais contraints de référencer des unités de compte sur une classe d’actifs souvent uniquement vantée pour un couple rendement-risque « plus élevé » que les actifs traditionnels. « La vigilance est requise pour ne pas décevoir ces primo-accédants, prévient Xavier Anthonioz, président du Groupe 123 IM. L’offre doit s’orienter vers des produits défensifs investis sur des entreprises rentables, matures et résilientes, ancrées dans les territoires, ainsi que des thématiques compréhensibles. L’enjeu est de répondre aux attentes de la clientèle patrimoniale pour le rendement-risque et la diversification, la recherche de sens et de lisibilité. » Laura Carrere fait valoir que le non-coté ne se limite pas au private equity. Selon elle, la dette privée, qui finance notamment des infrastructures de transition énergétique, affiche des caractéristiques « adaptées à la clientèle patrimoniale : volatilité plus faible et profil de risque plus conservateur que celui du private equity ». Alors que l’offre pourrait s’enrichir de nouveaux formats, notamment avec le régime ELTIF 2.0, orienter efficacement l’épargne vers le non-coté passe nécessairement par la pédagogie. « Il est crucial de continuer à éduquer les épargnants et les réseaux de distribution au temps long du non coté ainsi qu’à sa nature illiquide », insiste Xavier Anthonioz.
Le PERECO s’ouvre au non coté
Si les acteurs traditionnels n’offrent pas encore de produits concentrés sur les actifs non cotés dans leurs solutions d’épargne de retraite collective, ce n’est pas le cas d’Eres Gestion. FCPE Eres Private Solutions, lancé en 2022, permet une exposition au sein d’un plan d’épargne retraite d’entreprise collectif (Pereco) jusqu’à 50% à l’univers du private equity sous forme de dettes privées et d’actions non cotées. « Pour que l’épargne salariale s’empare du non coté, il faut aligner le ratio d’investissement dans les fonds proposés dans les plans d’épargne entreprise, toujours de 30%, sur celui de 50% dans les Pereco », plaide le président d’Eres Gestion, Alexis de Rozières.
Par Carole Leclercq
Numéro Spécial Gestion de Patrimoine 2024 - Challenges & Club Patrimoine - 25/09/2024
Nos contenus retraite et prévoyance
Lire aussi : Épargne salariale, les avancées moins attendues de la loi Partage de la Valeur
Contributeurs
Chaque jour, nous sélectionnons pour vous, professionnels de la gestion d'actifs, une actualité chiffrée précieuse à vos analyses de marchés. Statistiques, études, infographies dans divers domaines : épargne, immobilier, économie, finances, etc. Ne manquez pas l'info visuelle quotidienne !
Ne loupez aucun événement de nos partenaires : webinars, roadshow, formations, etc. en vous inscrivant en ligne.