Pourquoi ouvrir un PER avant 30 ans ? Yann Defloraine, Modo Patrimoine

Epargne
Yann Defloraine
PER 30 ans

À l’âge de 30 ans, la retraite est loin. Et au vu de la conjoncture économique actuelle, il est fort probable que la retraite légale par répartition soit encore plus loin dans quelques années, voire quasi inexistante pour les moins de 30 ans d'aujourd'hui.

Alors vive la retraite par capitalisation grâce au Plan Épargne Retraite (PER) et son double effet multiplicateur.

Le but de cet article est de vous aider à y voir plus clair sur ce puissant outil patrimonial.

Dans un premier temps, nous analyserons son fonctionnement, ses avantages fiscaux au moment du versement, sa fiscalité au moment du retrait, ses avantages au niveau de la transmission…

Dans un deuxième temps, je vous donnerai mes conseils personnels d’utilisation de ce produit afin d’en décupler sa rentabilité !  

Mon objectif, à la fin de la lecture de cet article, sera de vous convaincre que le PER est un produit d’épargne indispensable dans une stratégie patrimoniale globale, et ce, même dès le plus jeune âge en fonction de ses objectifs !

Le PER, comment ça marche ?

Le PER est une enveloppe fiscale, un produit d’épargne qui présente des avantages fiscaux au moment des versements !
Un PER s’ouvre en général auprès d’une compagnie d’assurance. Le souscripteur souscrit au contrat et en devient le titulaire.

Les objectifs du PER

L’objectif de votre PER est double : à la fois faire travailler votre épargne mais aussi diminuer votre impôt sur le revenu !

Optimisation de l’épargne via son PER

Lorsque l’on investit son épargne, peu importe le support, l’objectif est que le capital investi rapporte des intérêts, au minimum plus que si on laissait ce capital dormir sur des livrets bancaires !

Le niveau de rémunération de votre PER dépend principalement de la manière dont votre capital est placé au sein de celui-ci. Ce qui signifie que l’on peut tous posséder une PER, mais avec un niveau de rémunération totalement différent.

Lorsque l’on verse de l’épargne sur un PER, à l’instar d’un contrat d’assurance-vie, celle-ci va être placée sur 2 supports : le fonds euro et les fonds en unités de compte.

Le fonds euros

C’est la partie garantie de votre capital. Cette garantie du capital est portée par l’assureur. Vous versez 10 000€ sur un fonds euros, vous avez la garantie que dans 10 ans, vous récupérerez au minimum 10 000€ (sauf faillite de l’assureur).
Les fonds en euros des assureurs sont essentiellement composés d’obligations d'État. Raison pour laquelle la performance des fonds en euros dépend principalement du niveau des taux d’intérêts : plus les taux d’intérêts sont bas, plus le rendement des fonds euros sera faible et inversement.

En 2021, année où les taux d’intérêts frôlaient les 1%, la performance moyenne des fonds euros était aux alentours de 1,10%.

En 2023, année où les taux d’intérêts ont fortement augmenté, la performance moyenne des fonds euros était aux alentours de 2,60%, certains ont même dépassé les 4%.

Bon à savoir : chaque contrat possède son propre fonds euro avec un niveau de rémunération différent.

Cette garantie du capital offre une forte liquidité de votre épargne et vous permet donc de piocher dedans à n’importe quel moment.

Mais qui dit capital garanti dit aussi performance limitée. Le fameux couple rendement/risque. Plus vous souhaitez de sécurité pour votre épargne, plus vous acceptez un rendement faible.

À l’inverse, plus vous souhaitez de la performance pour votre épargne, plus vous acceptez la volatilité et le risque de perte qui sera proportionnel.

Si votre objectif est d’aller chercher un peu de performance pour booster votre contrat d’assurance-vie, il est alors judicieux de se tourner vers les fonds en unités de compte.

Les fonds en unités de compte

Ce sont des supports financiers investis sur différentes classes d’actifs non garanties et donc soumis aux fluctuations des marchés financiers.

Via les fonds en unités de compte, vous avez la possibilité d’investir sur une grande variété de secteurs: bourse, immobilier, intelligence artificielle, fonds ISR (Investissement Socialement Responsable), secteur de la santé, de la technologie, fonds de private equity, d’énergies renouvelables

Les fonds en unités de compte, en contrepartie d’une prise de risque, offrent une espérance de gain plus élevée que le fonds euros à capital garanti.

Si le PER a été ouvert auprès d’un acteur minutieusement choisi, le titulaire a la possibilité de mixer entre fonds euros, fonds en unité de compte et ainsi bénéficier d’un contrat multisupport diversifié en fonction de ses espérances de gains et de ses convictions.

‍Bon à savoir  : Il est donc tout à fait possible de répartir son épargne exactement de la même manière et de sélectionner les mêmes fonds pour la composition de son PER et de son assurance-vie !

Optimisation de l’impôt via son PER

À la grande différence de l’assurance-vie, les sommes versées sur un PER sont déductibles du revenu imposable !

Exemple :
Un actif célibataire sans enfant qui déclare 50 000€ imposables se trouve dans une tranche marginale d’imposition (TMI) de 30%.
S’il verse 10 000€ sur son PER, cette somme va se déduire de son revenu imposable, alors il ne sera imposé plus que sur 40 000€.
Il y aura donc 10 000€ en moins qui seront imposés à hauteur de sa TMI de 30%. Cela génère donc une économie fiscale de 3 000€.

Si ce même célibataire sans enfant déclare cette fois-ci 100 000€ imposables, sa TMI sera alors de 41%.
Dans ce cas, le même versement de 10 000€ sur le PER lui générera une économie fiscale de 4 100€ car ce sont bien 10 000€ en moins qui seront imposés à hauteur de sa TMI de 41%.

Par conséquent, plus votre TMI est élevée, plus le versement sur un PER sera rentable !

Quid de la disponibilité de l’épargne investie en PER ?

C’est là qu’intervient le gros point de vigilance : contrairement à l’assurance-vie, le capital placé sur le PER est bloqué jusqu’à la retraite !

Il existe néanmoins des cas de retrait anticipé :

  • En cas d’achat de la résidence principale
  • En cas d’accident de la vie : invalidité, décès du conjoint, fin des droits au chômage, surendettement, cessation d’activité non salariée pour liquidation judiciaire, Invalidité d’un enfant à charge.

Quelle est la fiscalité du PER au moment du déblocage des fonds ?

Une fois à la retraite, le titulaire a la possibilité de retirer ses fonds de deux différentes manières : soit en capital (en une ou plusieurs fois), soit en rente viagère (la même somme tous les mois).

Fiscalité à la sortie en capital

Fiscalité sur le capital constitué : soumis à votre tranche marginale d’imposition à la retraite mais exonération des prélèvements sociaux.
Fiscalité sur la plus-value générée : soumise au Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU), également appelé "flat tax", au taux de 30 % (incluant 12,8 % d'impôt sur le revenu et 17,2 % de prélèvements sociaux).

Fiscalité à la sortie en rente viagère

Rente soumise à votre TMI ainsi qu’aux prélèvements sociaux de 17,2%.

À noter que les prélèvements sociaux de 17,2% ne s’appliquent qu’après déduction d'un abattement fixé en fonction de votre âge :
30 % si vous avez moins de 50 ans
50 % si vous avez entre 50 et 59 ans
60 % si vous avez entre 60 et 69 ans
70 % si vous avez plus de 69 ans

Bon à savoir : même à la retraite, vous pouvez continuer à verser sur votre PER et bénéficier des avantages fiscaux !

Quelle est la fiscalité du PER en cas de décès ?

Lorsque vous ouvrez un PER, à l’image d’une assurance-vie, vous pouvez désigner autant de bénéficiaires que vous le souhaitez. Les bénéficiaires percevront alors le capital accumulé sur votre PER au moment du décès !

Et au moment de la transmission, le capital transmis via le PER permet de bénéficier d’une fiscalité plus avantageuse que la succession classique.

La fiscalité de la transmission du PER dépend de l’âge de titulaire :

Décès avant 70 ans

Chaque bénéficiaire a droit à un abattement de 152 500 € sur la somme qu’il reçoit pour l’ensemble des contrats souscrits par la même personne. Au-delà de cette somme et jusqu’à 852 500€, une taxation de 20% est due. Puis 31,25% pour toute la fraction supérieure à 852 500€.

Décès après 70 ans

Le montant du PER est ajouté aux primes d’assurance-vie versées après 70 ans, et la somme totale de ces 2 supports versée aux bénéficiaires est réintégrée à la succession. Un abattement de 30 500 € est appliqué à l’ensemble des bénéficiaires désignés dans le contrat. Au-delà de ce montant, il s’agit du barème classique des droits de succession, en fonction du lien de parenté entre le défunt et les bénéficiaires désignés.

Pourquoi ouvrir un PER le plus tôt possible ?

‍On arrive à la partie la plus intéressante de cet article. Celle où je vais m’écarter de l’explication purement factuelle du Plan Épargne Retraite pour vous donner mon conseil plus personnel quant à l’utilisation de ce support d’épargne ultra puissant.

Je tiens à préciser que cette partie n’engage que moi et ma vision des choses.

Les principaux points à vérifier avant de souscrire un PER

D’abord, un PER n’est adapté qu’aux personnes qui paient de l’impôt sur le revenu et je dirai même, qu’à partir du moment où vous êtes dans une tranche marginale d’imposition d’au moins 30%.

Comme on l’a vu précédemment, la rentabilité fiscale de ce produit dépend de votre tranche marginale d’imposition.
Un contribuable avec une TMI à 45%, en versant 10 000€ sur son PER, va réaliser une économie fiscale de 4 500€. Alors qu’un contribuable avec une TMI à 11% qui verse 10 000€, n’économise que 1 100€.

Ensuite, un des principaux points de vigilance quant à l’ouverture d’un PER pour un contribuable est le fait que son épargne soit bloquée jusqu’à la retraite (sauf exceptions).

Donc un contribuable de 30 ans doit accepter d’immobiliser une partie de son capital pour une durée qui va dépasser son âge actuel !

Pour autant selon moi, la question principale à se poser avant d’ouvrir un PER n’est pas celle de l’âge mais plutôt de son épargne de précaution !!  

J’ai beaucoup plus de facilités à conseiller à un client de 30 ans célibataire sans enfant, l’ouverture d’un PER, si ce client possède une épargne de précaution confortable et disponible immédiatement sur des livrets bancaires (au moins 6 mois de dépenses mensuelles) et s’il est en capacité d’épargner tous les mois.

A l’inverse, je ne conseillerai jamais l’ouverture d’un PER à un contribuable de 55 ans, certes beaucoup plus proche de la retraite que notre jeune client de 30 ans, si ce cinquantenaire a 3 enfants à charge, très peu d'épargne sur les comptes et est en incapacité d’économiser le moindre euros tous les mois !

L’épargne de précaution doit être l’élément clé avant l’ouverture de son PER.

Plus tôt vous ouvrez votre PER, plus longtemps votre capital travaille, plus votre patrimoine final sera important !

Il ne faut pas oublier qu’en plus de ses avantages fiscaux, le PER reste un produit d’épargne. Et plus votre capital travaille longtemps, plus vous pouvez bénéficier des vertus des intérêts composés.

Exemple 1 : Je décide d’ouvrir un PER à 30 ans avec un horizon de placement de 35 ans. Chaque année, je verse la même somme de 5 000€ sur mon PER. Ayant une TMI à 30%, je réalise ainsi chaque année une économie d’impôt de 1 500€.

J’ai un horizon de placement relativement long, je décide donc d’investir majoritairement en action et de profiter de la performance historique des marchés financiers : prenons un rendement annuel moyen de 7% (rendement moyen du CAC 40 avec dividendes réinvestis depuis sa création en 1987).

Au bout de 35 ans, j’aurai versé 175 000€ de ma poche pour des intérêts générés de 516 000€ ce qui représente un capital total de 691 000€.

Et si je rajoute à cela les 1 500€ d’impôts économisés chaque année, cela représente 52 500€ → Capital final de 743 500€.

Exemple 2 : Prenons toujours un rendement de 7% pour un contribuable qui se situe dans une tranche d’impôt à 30% et qui verse 5 000€ chaque année sur son PER. A la différence que cette fois-ci notre contribuable a 55 ans et un horizon de placement de 10 ans.

→ Le capital final serait de 84 000€ dont 19 000€ d’intérêts et 15 000€ d’économie d’impôts.

Pour pousser l’exemple jusqu’au bout, voyons ce qu’il se passe au moment de la retraite, si ces deux contribuables décident de retirer l’intégralité du montant du PER en une fois sous forme de sortie en capital.

Impôt total pour le contribuable qui a ouvert son PER à 30 ans : 207 300€ (largement compensés par les intérêts accumulés).

Impôt total pour le contribuable qui a ouvert son PER à 55 ans : 20 700€ (à peine compensés par les intérêts accumulés).

Conclusion: plus tôt vous ouvrez votre PER, plus tôt vous vous enrichirez !

L’astuce ultime pour ne jamais rendre l’économie fiscale

Si vous avez la certitude de retirer l’argent de votre PER à la retraite ou que vous n’avez pas pour objectif de transmettre à vos héritiers, alors ne perdez pas votre temps à lire ce paragraphe.
A l’inverse, si vous vous sentez concernés par cela, alors voici les quelques conseils que je me suis appliqué à titre personnel lors de l’ouverture de mon PER et que je continue à conseiller à mes clients.

Déjà, je pars du principe que toutes les sommes que je verse sur mon PER, ce sont des sommes dont je n’ai pas besoin pour vivre au jour le jour.

Ensuite, au jour de la retraite, si j’ai besoin d’utiliser mon capital, je pioche en priorité sur mes livrets bancaires dont l’épargne est garantie, disponible et défiscalisée.

Si après cela, j’ai encore besoin d’argent, je me dirige vers mes enveloppes d’investissement où le capital est disponible et dont la fiscalité des retraits est avantageuse : Assurance-vie, PEA, comptes-titres…

Et si malgré cela, après avoir fait tous les fonds de tiroir, j’ai encore besoin de capital, ce n’est qu’à ce moment que je vais sortir l’argent de mon PER.

Et même si je dois payer de l’impôt à la sortie, mon capital sur mon PER aura travaillé largement assez longtemps pour que les intérêts générés me permettent d’oublier la facture fiscale à la sortie !

J’ai conseillé l’ouverture d’un PER à tous mes clients qui ont aussi pour objectif de transmettre un patrimoine. Si un contribuable place ses liquidités qu’il souhaite transmettre à ses héritiers sur un PER, les effets bénéfiques seront multipliés par 4 :

  • Économie fiscale
  • Optimisation de l’épargne
  • Économie des droits de succession
  • Acquisition définitive de l’économie fiscale au moment du versement car lors de la succession, les héritiers doivent seulement s'acquitter des droits de succession (après abattement) et non pas de l’impôt sur le revenu que le titulaire du PER aurait dû payer s’il avait retiré son capital !

Conclusion
Si vous avez moins de 30 ans, que vous payez de l’impôt et une épargne de précaution vous permettant d’assurer votre train de vie quotidien, alors l'excédent de votre trésorerie doit servir à l’ouverture d’un PER ! Votre patrimoine ne pourra que vous en remercier !!

J’espère que cet article vous a permis d’y voir plus clair sur cet outil indispensable dans une construction patrimoniale globale.

Par Yann Defloraine, Modo Patrimoine

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