Composition du patrimoine des ménages en France

Début 2024, les disparités patrimoniales restent particulièrement marquées au sein des 31,1 millions de ménages vivant en logement ordinaire en France hors Mayotte. La moitié d’entre eux détient plus de 205 000 euros de patrimoine brut, tandis que les 10 % les mieux dotés dépassent 857 700 euros. À l’opposé, 30 % des ménages possèdent moins de 40 000 euros et les 10 % les moins dotés cumulent à peine 6 200 euros.
Cette concentration se lit dans l’indice de Gini qui atteint 0,652, confirmant des écarts deux fois plus marqués que pour les niveaux de vie. Les 10 % les mieux dotés détiennent ainsi 48 % de la masse totale, et les 5 % supérieurs plus du tiers. Depuis 2015, une légère hausse des inégalités est observable, principalement tirée par la progression des écarts sur le patrimoine immobilier.

Le rôle déterminant de l’âge dans la constitution du patrimoine
L’âge demeure l’un des facteurs structurants de l’accumulation patrimoniale. En 2024, le patrimoine brut moyen progresse jusqu’à environ 60 ans, se stabilise, puis diminue après 75 ans. Cette tendance reflète à la fois les décisions d’épargne au fil du cycle de vie et des effets générationnels. Les ménages âgés de 50 à 79 ans concentrent ainsi 61 % de la masse totale.
L’immobilier, première composante du patrimoine, suit une dynamique parallèle, avec un pic d’acquisition entre 30 et 45 ans, puis une progression plus lente avant une baisse après 75 ans. Le patrimoine financier, lui, continue de croître jusqu’à environ 75 ans. Le patrimoine professionnel atteint son maximum vers 55 ans avant de décroître significativement.
Au sein d’une même tranche d’âge, les écarts restent néanmoins considérables. Parmi les 50-59 ans, le patrimoine brut moyen atteint 464 800 euros, mais les 10 % les moins dotés possèdent moins de 7 700 euros, tandis que les 10 % les mieux dotés dépassent 1 million d’euros.
Les liens entre patrimoine, niveau de vie et catégorie socioprofessionnelle
Les montants détenus progressent clairement avec le niveau de vie. Les ménages du premier quartile affichent un patrimoine médian de 18 600 euros, contre 569 100 euros pour le quartile supérieur. Même à revenu comparable, les écarts restent importants, témoignant des effets cumulés de l’épargne, des rendements financiers et des transmissions.
Les catégories socioprofessionnelles influencent également fortement la structure patrimoniale. Les indépendants se distinguent par un poids plus élevé du patrimoine professionnel. Les professions libérales présentent les niveaux médians les plus élevés, dépassant largement ceux des cadres. Chez ces ménages, le patrimoine professionnel peut représenter jusqu’à 59 % du total, comme chez les agriculteurs en activité.
La composition du patrimoine selon les montants détenus
En moyenne, le patrimoine brut atteint 374 900 euros en 2024, dont 61 % d’immobilier, 22 % de patrimoine financier, 11 % de patrimoine professionnel et 6 % de patrimoine résiduel. Cette structure varie cependant nettement selon la position dans la distribution.
Les ménages les moins dotés disposent quasi exclusivement de patrimoine résiduel et de produits financiers simples, principalement un compte courant et un livret d’épargne. Les montants restent faibles : la moitié des ménages de ce groupe détiennent moins de 2 500 euros de patrimoine financier et moins de 5 000 euros de patrimoine résiduel.
Entre le 4ᵉ et le 9ᵉ décile, l’immobilier domine largement, représentant environ 70 % du patrimoine brut, essentiellement via la résidence principale. Les propriétaires affichent un patrimoine médian nettement supérieur à celui des non-propriétaires.
Chez les 10 % les mieux dotés, la diversification devient la norme. La part de l’immobilier diminue au profit des actifs financiers et professionnels, qui peuvent représenter jusqu’à 36 % du patrimoine brut pour les 1 % les plus fortunés. Les indépendants et anciens indépendants y sont surreprésentés.
L’endettement, un facteur structurant mais très hétérogène
Près de la moitié des ménages ont un emprunt en cours. Le niveau d’endettement, médian à 49 200 euros, dépend largement du type de crédit et de l’âge. Les montants progressent jusqu’à environ 40 ans avant de diminuer à mesure que les ménages remboursent leurs emprunts, principalement immobiliers. Les jeunes ménages sont davantage exposés à des niveaux d’endettement élevés, surtout lorsqu’ils accèdent à la propriété.
L’endettement représente en moyenne 13 % du patrimoine brut, mais 32 % chez les propriétaires accédants. À l’opposé, les ménages les moins dotés sont moins souvent endettés, mais ceux qui le sont peuvent présenter des ratios d’endettement très élevés du fait de la faiblesse de leur patrimoine.
Des inégalités fortes également sur le patrimoine financier
Si presque tous les ménages détiennent du patrimoine financier, les niveaux restent très inégaux. La moitié des détenteurs possèdent moins de 21 700 euros, et les 10 % les moins dotés moins de 700 euros. Les 10 % les mieux dotés concentrent plus de 183 000 euros et 64 % de l’ensemble du patrimoine financier. Ces écarts reflètent des comportements d’épargne différenciés et l’accès inégal aux produits de placement diversifiés.
Sources : Insee
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Retour sur 2021 : La structure du patrimoine des ménages entre immobilier et actifs financiers
Les dernières publications de l’INSEE consacrées au patrimoine des ménages, diffusées en 2024, s’appuient sur deux sources distinctes.
Les données issues des comptes nationaux, arrêtées fin 2022, décrivent la structure globale du patrimoine en distinguant actifs non financiers, actifs financiers et passifs.
En parallèle, l’enquête Histoire de vie et patrimoine, dont les résultats les plus récents datent de 2021, précise les comportements de détention des ménages et la répartition des actifs selon les profils.
Dans ce cadre, l’immobilier reste la composante dominante du patrimoine non financier. La place centrale du logement et l’importance de la propriété résidentielle expliquent la part élevée des actifs immobiliers dans l’ensemble des patrimoines. Cette prépondérance reflète le rôle structurant de l’immobilier dans la constitution du patrimoine des ménages.

La place croissante des actifs financiers dans le patrimoine des ménages
Les données de 2021 indiquent que près de neuf ménages sur dix détiennent au moins un actif financier, qu’il s’agisse d’épargne liquide, de dépôts bancaires, d’assurance vie ou de placements de long terme. Cette diffusion très large des produits financiers traduit l’évolution des stratégies patrimoniales, marquées par une diversification progressive entre sécurité, liquidité et valorisation du capital.
L’assurance vie occupe une position centrale dans cette structuration, tant pour sa capacité à accumuler de l’épargne que pour les possibilités de transmission qu’elle offre. Les produits réglementés et les dépôts constituent quant à eux une réserve de précaution importante, renforcée ces dernières années par le contexte économique et financier.
Répartition du patrimoine et rôle des actifs professionnels
La détention d’actifs professionnels — entreprises individuelles, parts sociales ou biens liés à l’activité économique — concerne une part plus limitée des ménages mais joue un rôle significatif pour certains segments de population. Leur importance varie fortement selon les niveaux de patrimoine, traduisant la diversité des structures patrimoniales en France.
Les comptes distributionnels publiés par la Banque de France en 2024 mettent en lumière des disparités marquées entre les catégories de ménages. Ils montrent que les actifs financiers et immobiliers sont plus concentrés dans les déciles supérieurs, tandis que la composition du patrimoine diffère sensiblement selon les niveaux de richesse. Ces données éclairent les écarts de structure et les trajectoires patrimoniales observées.
Une composition patrimoniale stable mais sensible aux cycles économiques
La composition du patrimoine évolue lentement, au gré des conditions économiques, des mouvements sur les marchés immobiliers et des comportements d’épargne. Si l’immobilier reste la première composante du patrimoine des ménages, le rôle croissant des produits financiers confirme une adaptation aux cycles et aux contraintes économiques. Les arbitrages entre rendement, sécurité et accès à la liquidité demeurent déterminants, tandis que les actifs professionnels restent concentrés parmi les ménages les plus dotés.
L’ensemble des données disponibles souligne ainsi la stabilité de la structure patrimoniale, tout en révélant des différences sensibles selon les profils et les niveaux de richesse.
Source : Cercle de l’Épargne, : INSEE (édition 2024 — comptes nationaux 2022 et enquête Histoire de vie et patrimoine 2021) ; Banque de France (Comptes distributionnels du patrimoine des ménages, 2024).
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