Marchés actions : quelles explications macro pour le rebond de mai ? Avec Matthieu Lavillunière, SILEX

Analyses de marchés
Matthieu Lavillunière, SILEX, Club Patrimoine

Une hausse marquée des principaux indices actions

Le mois de mai a été un mois de rebond pour les marchés actions avec des hausses de 4,8 % pour le Stoxx Europe 600 en euros, de 6,2 % pour le S&P 500 et de 9 % pour le Nasdaq 100 en dollars. Il faut noter également que les 7 magnifiques de la tech américaine, chahutées ces dernières semaines, ont repris leur rôle de moteur du marché.

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Les grandes valeurs technologiques américaines en ordre dispersé

Si Apple est en difficulté, notamment parce que Donald Trump veut voir la firme à la pomme rapatrier une partie de sa production aux États-Unis, c’est tout l’inverse pour Nvidia qui impressionne par sa capacité à délivrer de bonnes surprises. Malgré les restrictions d’exportation imposées à certaines de ses technologies envers la Chine, le concepteur de puces a pris plus de 20 % sur le mois.

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Une saison de résultats T1 globalement positive

Analysons maintenant les raisons de cette hausse. Premier facteur positif, la saison des résultats T1 a été bonne. Globalement, les entreprises ont livré de bonnes performances et surtout des perspectives rassurantes. La majorité des sociétés du S&P 500 maintiennent leurs objectifs pour 2025, preuve d’un certain degré de confiance dans leur capacité à encaisser le choc des droits de douane.

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La politique commerciale américaine au centre de l’attention

Deuxième facteur ayant contribué à la bonne performance des marchés actions : parce que les inquiétudes qui y sont associées ont globalement reculé, les conditions commerciales, en lien évidemment avec la politique américaine. Du côté positif, deux accords ont été conclus. L’un pour 90 jours avec la Chine, au travers duquel les États-Unis ont accepté de réduire leurs tarifs douaniers de 145 à 30 % sur les biens chinois, tandis que la Chine a réciproquement allégé les siens à 10 % sur les biens américains. Un autre accord plus durable a été signé avec le Royaume-Uni.

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Plus inquiétant, les négociations prennent plus de temps, notamment avec le Japon, avec l’Inde. Et plus préoccupant encore, Donald Trump a surpris tout le monde en annonçant des droits de douane de 50 % sur les importations européennes, à partir de début juin puis finalement début juillet. Les marchés ont accueilli cette annonce avec un flegme surprenant, y voyant avant tout une tentative de bluff.

Des indicateurs macroéconomiques contrastés

Troisième facteur, plutôt positif, les indicateurs macroéconomiques. Si la confiance des consommateurs est en berne, l’activité économique mesurée par les indicateurs PMI a rebondi en mai, témoignant d’une activité économique encore résiliente, même si l’une des explications se trouve dans l’anticipation par les entreprises d’une partie de leur activité pour profiter de la trêve dans la guerre commerciale. Cela peut-il durer ? Nous le verrons dans les prochains mois.

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Une inflation contenue et une politique monétaire prudente

Aspect positif de ces indicateurs macroéconomiques : les tensions inflationnistes semblent bien contenues pour l’instant. L’inflation CPI ralentit à 2,4 % en avril et le prix des biens recule même de 0,1 % sur un an. Ici aussi, en revanche, l’incertitude perdure. La volatilité des décisions de la Maison-Blanche sur les droits de douane continue de faire planer le risque d’un rebond des prix pendant l’été. Dernier facteur macroéconomique qui s’est avéré plutôt neutre pour les marchés actions, la Réserve fédérale a choisi le statu quo pour la troisième fois consécutive, maintenant ses taux dans la fourchette de 4,25 à 4,50 %. Jerome Powell juge que la politique monétaire est en bonne position, mais reconnaît de plus en plus de tensions entre les objectifs d’inflation et d’emploi de la Fed, car rappelons-le, un double mandat.

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Le marché du travail américain et les anticipations sur les taux

Tant que le marché du travail reste solide, avec 177 000 créations d’emplois en avril – il l’est pour l’instant – la Fed gardera un œil très attentif sur l’inflation. Elle ne se précipitera donc pas pour baisser ses taux et plusieurs membres de la Réserve fédérale ont d’ailleurs utilisé leurs interventions dans les médias pour préparer le terrain au maintien des taux actuels pour encore plusieurs mois. En synthèse, si les nouvelles données ont plutôt rassuré à court terme et permis un rebond des marchés actions, nous retenons que l’environnement reste instable, les droits de douane attendus demeurent très élevés et une nouvelle salve de mesures cognitives pourrait venir, notamment si aucun accord n’est trouvé avec l’Union européenne d’ici le 9 juillet. À cela s’ajoutent également des tensions sur les taux longs alimentées notamment par les risques budgétaires aux États-Unis.

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