MAGA : Mandat Atypique Gain Astronomique ? Igor de Maack (Vitalépargne)
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Un second mandat mieux préparé et plus unifié dans un monde éclaté
L’investiture de Donald Trump en tant que 47ème Président qui s’est tenue le 20 janvier 2025, constituera sûrement le point de démarrage d’une nouvelle ère tout juste entraperçue il y a maintenant huit ans. Mieux préparé et bénéficiant d’une campagne longue (contrairement à Kamala Harris débarquée trop tard dans une course quasi-perdue d’avance), il a raflé tous les votes : d’abord les suffrages populaires et ainsi que chez les grands électeurs pour finir par la conquête des deux chambres. Même si la réalité républicaine est plus diverse qu’on ne le pense, le pouvoir des Républicains sous la houlette du Président et du « martien » Musk (deuxième Vice-Président) possède aujourd’hui l’opportunité de transformer l’économie américaine à coups de dérégulation massive, de baisse des dépenses publiques et de hausse des tarifs douaniers. Incontestablement, la méthode de Donald Trump maintenant bien éprouvée consiste à procéder par effet d’annonces, pression maximale (« hard power ») puis application de mesures plus pondérées. C’est le jeu du deal maker ou de l’acteur. Ronald Reagan à qui on posait la question si c’était un handicap d’avoir été acteur de télévision/cinéma avant d’être Président des États-Unis, avait répondu : « bien au contraire, je me demande comment on peut être Président des États-Unis sans avoir été acteur auparavant ». Donald Trump excelle dans ce domaine et il bénéficie, par ailleurs, d’une position économique encore plus dominante : l’économie chinoise est en déflation, embourbée dans l’implosion de sa propre bulle immobilière et l’Europe patauge dans une croissance molle, voire une récession qui ne dit pas son nom. Le roi dollar attire toujours l’épargne mondiale (dont le taux de change est proche de la parité contre euro) et malgré la baisse du dollar dans les réserves mondiales des grandes banques centrales, toutes les commodities, hard comme soft, (pétrole, gaz, or, argent, cacao, café…) demeurent toujours libellés en dollars.
Les droits de douanes constituent le point de focalisation des marchés financiers
Les droits de douane ont toujours été le sujet de prédilection de la diatribe trumpienne. Le nouveau Secrétaire au Trésor américain Scott Bessent décrit cette arme comme non seulement un moyen d’augmenter les revenus budgétaires de l’État américain, mais aussi de protéger des secteurs ou industries stratégiques du pays. Il y rajoute un troisième élément : celui de peser dans les négociations commerciales avec les partenaires des États-Unis. Intrinsèquement, la hausse des tarifs douaniers a tendance à réduire le commerce mondial (et à le renchérir ou les deux à la fois) surtout, si à chaque mesure prise, l’autre contrepartie contre-attaque (c’est l’exemple du cas sino-américain). Le bilan commercial américain est actuellement déficitaire avec toutes les grandes zones : Chine, Union Européenne, Mexique-Canada…et cela se chiffre en centaines de milliards de dollars. 90% des produits fabriqués chez l’Oncle Sam possèdent un composant étranger. La hausse des droits de douane augmentera donc le prix à la production et/ou le prix de vente des produits. En règle générale, c’est bien le consommateur final qui absorbe le surcoût des taxes (exemple : le prix d’une machine à laver a augmenté de plus de 20% en 2018 sans perturbation majeure du marché de la machine à laver). Si la chaîne d’approvisionnement est perturbée à cause des droits de douane particulièrement punitifs sur un des pays (on parle de 60% pour les biens chinois), des effets de substitution peuvent se produire. Ainsi, le commerce entre le Vietnam et les États-Unis a très nettement augmenté depuis le lancement de la guerre tarifaire contre la Chine en 2018-2019. Enfin, dernier argument qui démolit l’hypothèse des revenus supplémentaires massifs provenant des droits douane, ces derniers ne représenteraient que 0,3% du PIB contre 16% pour les taxes levées sur les ménages, les salaires et les entreprises. Le nouveau Secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, estime que les recettes douanières représentent plus un moyen de faire baisser les tarifs douaniers chez les autres par une négociation dure plutôt que de réellement combler le déficit de l’État américain.
Le déficit de l’État américain conditionne en partie la trajectoire des taux d’intérêts
Le déficit structurel de l’État américain, qui nous vaut les épisodes plus ou moins dramaturgiques du relevé du plafond de la dette avant d’éviter la fermeture des agences fédérales, a commencé à réveiller les humeurs des investisseurs obligataires tout au long de l’année 2024. Ainsi, le taux dix ans est venu récemment tutoyer le niveau des 5% faisant écho à une accélération non seulement des craintes inflationnistes, mais aussi celles concernant le dérapage budgétaire. Selon les estimations actuelles, le programme pré-annoncé de Donald Trump aggraverait le déficit budgétaire de 1,5%-2% par an pour franchir le niveau de 8% en 2030. Depuis la récente relevée des taux d’intérêt en 2021, le taux d’intérêt moyen du stock de la dette fédérale américaine est passé de moins de 2% à 3,5%. Certes, ce dernier atteignait plus de 6,5% en 2001. Mais, les investisseurs obligataires seront regardants et le risque souverain sera réapprécié en fonction du niveau de dérapage incontrôlé ou pas et de la réalité des promesses d’Elon Musk pour réduire le déficit du budget fédéral à 3%. Sur les marchés actions aux États-Unis, le niveau de valorisation ne permet plus de risque d’erreur sur les perspectives bénéficiaires, car il n’existe plus aucune prime de risque sur les actions américaines. Mais le marché américain demeure incontournable, en demeurant sélectif, dans les allocations.
Une économie américaine toujours plus omnisciente dans tous les domaines
Le PIB réel mondial a crû de 3,2% en 2024 soit à peu près comme en 2023 notamment sous l’impulsion de la croissance américaine qui n’a ni fléchi ni atterri en douceur. Les États-Unis ont tiré le momentum d’activité globale avec un chiffre de croissance macro-économique proche de 3% bien aidé par le policy mix (baisse des taux de la Fed et vanne budgétaire tout ouverte). Les États-Unis dominent donc le monde et ce, dans tous les secteurs. Ils possèdent toutes les industries (automobile, armement...), toutes les technologies, les plus grosses capitalisations boursières dans l’IT/numérique/réseaux sociaux. Notons d’ailleurs la présence des trois grands patrons de la Tech américaine (Jeff Bezos, Marc Zuckerberg, Elon Musk) à la cérémonie d’investiture. L’agriculture y est puissante et ils sont autonomes du point de vue énergétique (même avant la possible annexion du Groenland). Par ailleurs, les marchés financiers américains attirent la manne de l’épargne mondiale qui s’y déverse abondamment soit dans les US Treasury Bonds (obligations du Trésor américain) soit sur des marchés actions survoltés (plus de 20% par an). L’absence de chômage qui soutient la consommation et les gains de productivité assurent aux entreprises des marges opérationnelles record et des consommateurs-salariés avides de dépenser. Ainsi, leur taux d’épargne est un des plus faibles au monde comparé aux pays européens comme la France ou l’Allemagne (autour de 18-20% du revenu disponible). Dans un monde désynchronisé tant sur la croissance réelle que sur les niveaux d’inflation, il est à souhaiter que la machine américaine ne s’enraye pas. Sinon la croissance mondiale s’affaisserait comme elle l’a déjà fait par le passé (crise de Lehman Brothers en 2008). Toute inflexion de l’économie américaine a, depuis toujours, eu un impact notable sur l’économie mondiale. Le partnership américain prend aujourd’hui tout son sens. Sur les billets de banque, la formule inscrite In God we trust pourrait désormais être complétée par celle-ci : In Donald we trust….
Par Igor de Maack, Vitalépargne
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