Les marchés américains auront dominé l’année 2024


L’année 2024 avait débuté dans le sillage d’un excellent millésime 2023 pour les marchés financiers. Pour rappel, le marché actions américain (S&P 500) avait progressé de 26 % en dollars, effaçant ainsi les pertes de l’année 2022. Même constat en Europe, où le marché actions (Stoxx Europe 600) avait affiché une hausse de plus de 16 % en euros (20,5 % en dollars). Le CAC 40, quant à lui, avait tenu tête au S&P 500 avec une performance remarquable de 24 % en dollars. 2023 semble bien loin pour l’indice français.
Le marché obligataire avait également connu une belle année, porté par l’arrêt de la hausse des taux directeurs par la Fed et la BCE, ainsi que par la stabilité des taux longs. Cela avait permis aux obligations, tant aux États-Unis qu’en Europe, d’afficher de solides performances, avec des rendements allant de 5 % pour l’agrégat des marchés obligataires jusqu’à 13 % pour le crédit de qualité inférieure ( le High Yield).
Dans ce contexte favorable mais déjà largement réalisé, les stratégistes de Wall Street affichaient une certaine prudence en partageant leurs prévisions pour 2024. La médiane de leurs estimations anticipait une hausse modérée de… 5 % pour les actions américaines. Pourtant, à l’heure où cet article est rédigé, les actions américaines (S&P 500) approchent les 30 % de hausse depuis le début de l’année, déjouant ainsi tous les pronostics !

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Rétrospective 2024 : Les quatre événements majeurs qui ont marqué les marchés financiers
L’année des élections
En 2024, près de la moitié de la population mondiale s’est rendue aux urnes pour des élections nationales. Toutefois, une seule a véritablement marqué les marchés financiers mondiaux : l’élection présidentielle américaine, qui a vu une victoire nette des Républicains, à la fois à la Maison-Blanche et au Congrès.

Désigné sous le nom de "Red Sweep", ce raz-de-marée républicain survenu début novembre a immédiatement eu des répercussions sur les marchés. Depuis l’élection, le dollar s’est renforcé de 3,6 %, tandis que les principaux indices boursiers américains, le S&P 500 et le Russell 2000 (petites et moyennes capitalisations), ont progressé respectivement de 4,8 % et 6 %. Le Bitcoin, connu pour sa volatilité et sa sensibilité aux perspectives de dérégulation, a bondi de 45 %. Du côté européen, les taux longs se sont contractés d’environ 30 à 50 points de base, reflétant les attentes d’un ralentissement économique dans la zone euro.
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Alors que l’année touche à sa fin, le S&P 500 s’apprête à clôturer 2024 avec une performance impressionnante : 29 % de hausse en dollars, et même 35 % en euros grâce à l’affaiblissement de la monnaie européenne face au dollar.
Pour les amateurs de statistiques, 2024 a également été marquée par une activité record sur le marché des actions américaines. Le S&P 500 a atteint 57 nouveaux sommets historiques au cours de l’année. Bien que ce chiffre soit impressionnant, il reste en deçà du record absolu de 77 nouveaux sommets, établi en 1995. La deuxième meilleure année reste 2021, avec 70 sommets historiques atteints.
Début du cycle de baisse des taux directeurs généralisée
Un autre événement marquant de l’année 2024 fut le lancement d’un cycle de baisse généralisée des taux directeurs à l’échelle mondiale, à l’exception notable de la Banque du Japon. La Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne, la Banque populaire de Chine, la Banque d’Angleterre, la Banque nationale suisse et la Banque du Canada ont toutes réduit leurs taux directeurs.
Ces mouvements, largement anticipés, s’expliquent par le recul généralisé de l’inflation dans les principales économies mondiales. Les taux d’inflation se rapprochent désormais des objectifs de 2 % dans la majorité des grandes économies. À titre d’exemple, le dernier taux d’inflation enregistré aux États-Unis était de 2,6 % en octobre 2024, un net recul par rapport aux niveaux précédents : 4,7 % en 2021, 8,0 % en 2022 et 4,1 % en 2023.
Ce retour progressif à des niveaux d’inflation maîtrisés reflète l’impact des politiques monétaires restrictives des dernières années et redonne aux banques centrales la possibilité de soutenir la croissance économique en assouplissant leur politique.
La surprise économique chinoise
Un autre événement marquant de l’année fut les mesures prises fin septembre par le gouvernement chinois pour stimuler une économie engluée dans les difficultés de son secteur immobilier et le poids croissant d’une pyramide des âges déséquilibrée. En Chine, le secteur immobilier a représenté jusqu’à 30 % du PIB, contre un pic de 15 % pour les États-Unis lors de la crise de 2008. Par ailleurs, plus de 90 % des foyers chinois sont déjà propriétaires, et plus de 20 % d’entre eux possèdent plusieurs propriétés.
Pour stimuler la consommation et stabiliser le secteur immobilier, le gouvernement chinois a annoncé une série de mesures, parmi lesquelles :
- Une baisse des taux directeurs, de 1,7 % à 1,5 %
- Une réduction des réserves obligatoires des banques de 0,5 %
- Une baisse de l’apport exigé pour l’achat d’un second bien, de 25 % à 15 %
- Une réduction des taux des prêts hypothécaires en cours, de 0,5 %
- En parallèle, plusieurs initiatives ont été lancées pour dynamiser la bourse chinoise, notamment en incitant au rachat d’actions et en facilitant les achats à crédit.
Sans surprise, ces annonces ont fortement dynamisé le marché des actions chinoises, qui évoluait en territoire négatif depuis le début de l’année. Ce marché devrait désormais clôturer l’année sur une hausse de 18 % en devise locale (+21 % en euros).
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Une année record pour l’or
Finalement, l’année 2024 restera marquée par une performance exceptionnelle de l’or, avec une hausse de 30 % en dollars. Un sommet historique de 2 787 $/once a été atteint peu avant l’élection présidentielle américaine. Traditionnellement, l’or performe particulièrement bien en période de baisse du dollar et de recul des taux réels (taux réels = taux nominaux moins taux d’inflation). Pourtant, en 2024, le dollar s’est renforcé face à la plupart des principales devises, et les taux longs réels ont considérablement augmenté grâce au recul de l’inflation.
Alors, comment expliquer cette envolée ? Une interprétation possible est que l’or a bénéficié de la méfiance croissante de certains investisseurs à l’égard de la dette publique grandissante des États, rendue difficilement contrôlable. À titre d’exemple, la Banque centrale chinoise a considérablement augmenté ses investissements en or ces derniers trimestres, dans une stratégie visant à mieux diversifier ses réserves de change. Actuellement, seulement 5 % des réserves de change de la Chine sont détenues en or, contre environ 70 % pour des pays comme la France, l’Italie, l’Allemagne ou les États-Unis.
Cette situation met en lumière le rôle central de l’or en tant qu’actif refuge, même dans un environnement où ses moteurs traditionnels (baisse du dollar ou des taux réels) ne semblent pas jouer pleinement en sa faveur.

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États-Unis : la domination des grandes valeurs de croissance continue
Au moment de la rédaction de cet article, le S&P 500 (indice regroupant les 500 plus grandes entreprises américaines cotées en bourse) affiche une progression remarquable de 29 % en dollars (dividendes inclus) et de 35 % en euros pour l’année 2024. Depuis le début de 2023, l’indice a enregistré une hausse impressionnante de 62 % en dollars et 64 % en euros, confirmant ainsi la résilience et le dynamisme du marché américain.
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Tout comme le CAC 40, la pondération des constituants du S&P 500 est basée sur leur capitalisation boursière. Apple, avec une capitalisation record de 3,7 trillions de dollars, reste la plus grande entreprise des États-Unis. Elle représente également la plus forte pondération de l’indice, avec un poids supérieur à 7 %.
Depuis plusieurs années, un découplage s’opère entre les plus grandes capitalisations boursières américaines, souvent surnommées les Magnificent 7 (Alphabet, Amazon, Apple, Meta, Microsoft, Nvidia et Tesla), et les autres valeurs du marché. Cette tendance s’est une nouvelle fois confirmée en 2024. Le S&P 500 Équipondéré a progressé de 18 %, le S&P 500 pondéré par la capitalisation boursière a grimpé de 29 %, tandis que les Magnificent 7 ont explosé avec une hausse spectaculaire de 68 %.

On estime que deux tiers de la performance du S&P 500 cette année ont été réalisés par ces sept géants technologiques. En conséquence, la concentration des 10 plus grandes capitalisations boursières au sein de l’indice a atteint un niveau historique, représentant près de 38 % de l’indice, contre 23 % seulement à la fin de 2019. Historiquement, de telles périodes de forte concentration tendent à se corriger lors de phases de baisse des marchés, laissant entrevoir un potentiel rééquilibrage futur.

La performance d’un marché actions repose généralement sur trois variables principales : l’expansion du multiple (hausse du ratio cours/bénéfice ou PER), la croissance des bénéfices et les dividendes versés. En 2024, la progression du S&P 500 de 29% s’explique ainsi : 16 % grâce à l’expansion du multiple, avec un PER passant de 21,5x à 25x, 9 % grâce à la croissance des bénéfices, 2 % grâce aux dividendes versés.
Avec la perspective d’une possible baisse des taxes sur les sociétés et une dynamique économique toujours robuste, les bénéfices des entreprises du S&P 500 sont attendus en forte accélération, avec une croissance estimée à près de 12 % en 2025.
Make Argentina great again ?
Toujours sur le continent américain, les valeurs mexicaines et brésiliennes ont particulièrement souffert en 2024, avec une baisse de 18 % en euros pour les deux marchés depuis le début de l’année. La dépréciation des devises locales a joué un rôle majeur dans ces performances : la chute du peso mexicain explique 11 points de cette baisse, tandis que la dépréciation du réal brésilien en justifie 15 points. Dans les deux cas, les investisseurs font preuve de prudence face aux politiques fiscales jugées incertaines de Claudia Sheinbaum au Mexique et de Luiz Inácio Lula da Silva au Brésil.
En revanche, les valeurs argentines ont généré la meilleure performance du continent, avec une hausse de près de 110 % en euros. Ce rebond spectaculaire intervient après des années de forte destruction de valeur : au début des années 2010, la capitalisation boursière totale des entreprises argentines dépassait 200 milliards de dollars, contre seulement 60 milliards aujourd’hui, soit l’équivalent de la taille de Legrand, la 18e valeur du CAC 40.
Cette hausse de 110 % en euros doit être mise en perspective avec la fin d’année 2023, où le marché argentin avait plongé de 60 %, en grande partie à cause d’une dévaluation brutale du peso argentin de 50 % contre le dollar. Ce mouvement avait suivi de quelques jours l’investiture de Javier Milei, un président libéral, élu sur un programme de réformes économiques drastiques. Milei bénéficie d’une loi exceptionnelle lui conférant les pleins pouvoirs législatifs jusqu’en juin 2025 pour réformer le pays.
Depuis sa prise de fonction, certains indicateurs montrent des signes encourageants :
- L’inflation, bien qu’encore élevée, a ralenti à 3 % par mois.
- La parité peso-dollar est stabilisée, avec une dévaluation contrôlée de 2 % par mois.
- Le déficit fiscal a été effacé, renforçant la crédibilité des réformes engagées.
Cependant, malgré ce rebond impressionnant, il est encore trop tôt pour affirmer si ces mesures chocs produiront des effets durables. Bien que le marché argentin ait progressé de 110 % depuis le début de l’année, il reste légèrement en baisse en euros depuis l’entrée en fonction de Javier Milei.
Une année morose pour l’Europe
Peu de zones géographiques ont réussi à égaler la performance exceptionnelle du marché américain en 2024. Le Stoxx 600 (indice regroupant les 600 plus grandes capitalisations boursières en Europe) affiche une hausse modeste de 6 % en dollars et de 12 % en euros, bien loin des chiffres impressionnants du S&P 500.
La stabilité des taux longs en Europe, combinée à la conviction que la région ne reviendrait pas à une politique de taux négatifs, a soutenu les secteurs bancaire et assurantiel, qui figurent parmi les principaux contributeurs à la performance du Stoxx 600. En revanche, les Granolas – l’équivalent européen des Magnificent 7 (comprenant des entreprises comme ASML, LVMH et SAP) – ont pesé sur l’indice global avec une progression limitée à 7 %. Le secteur automobile a également souffert, affichant des pertes sur l’année, affecté par des pressions structurelles et des incertitudes liées à la transition énergétique.
Au niveau national, les actions françaises ont été le principal frein à la performance des marchés européens en 2024. À la rédaction de cet article, le CAC 40 affiche une très légère progression sur l’année en euros. Les incertitudes fiscales et politiques, combinées à un ralentissement significatif du secteur du luxe – pilier de l’indice parisien –, ont lourdement pénalisé sa dynamique.
Alors que les profits des grandes entreprises américaines ont progressé de 9 % en 2024, les grandes entreprises européennes ont enregistré une baisse de 5 %, marquant un contraste frappant entre les deux régions. Cependant, les perspectives pour 2025 semblent plus optimistes : un rebond des profits européens de l’ordre de 10 % est attendu, porté par une amélioration des marges et une stabilisation macroéconomique.
Les performances asiatiques : entre rebonds et turbulences
En Asie, les performances boursières en 2024 ont été dominées par le marché chinois, avec une progression de 21 % en euros pour le CSI 300, portée par les différents soutiens économiques annoncés fin septembre.
Le marché japonais, malgré une forte correction de 18% en euros lors de la première semaine d’août, affiche une performance positive de 16% en euros depuis le début de l’année. Cette reprise a été tirée par les valeurs financières, qui ont bénéficié de la hausse des taux d’intérêt.
Le krach de début août a été déclenché par trois annonces majeures de la Banque centrale du Japon (BoJ) le 31 juillet :
- Une nouvelle hausse du taux directeur à 10 ans, de 0,10 % à 0,25 %.
- Une réduction des achats d’obligations, marquant une baisse du Quantitative Easing.
- Une volonté affirmée d’augmenter davantage le taux directeur à 10 ans en cas de reprise économique.
Ces mesures visaient à freiner la dépréciation du yen, qui, à son plus bas en juillet 2024, avait perdu 36 % de sa valeur contre le dollar depuis début 2021. Cette dévaluation avait importé de l’inflation, pesant lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages japonais.
La baisse prolongée du yen, couplée à des taux d’emprunt historiquement bas au Japon, a popularisé le Carry Trade, une stratégie d’investissement consistant à emprunter en yen à des taux faibles (moins de 1 %) pour investir dans des actifs offrant des rendements plus élevés, comme le crédit américain à 5 % ou plus. Cette stratégie permet de générer un gain annuel de 4 %, amplifiable par l’effet de levier. Cependant, son principal risque réside dans une appréciation soudaine du yen, qui peut effacer ces gains et même engendrer des pertes.
L’annonce de la BoJ a provoqué un rebond spectaculaire du yen, en hausse de près de 12 % contre le dollar en seulement quelques semaines. Ce mouvement a généré une panique sur les marchés, obligeant de nombreux investisseurs à déboucler leurs positions de Carry Trade. Par effet domino, cela a déclenché une spirale baissière sur les valeurs japonaises.
Une fois les débouclages terminés et après que la Banque centrale du Japon a renoncé à de nouvelles hausses de taux, le vent de panique s’est apaisé. Les valeurs japonaises ont regagné leur niveau de fin juillet en seulement quatre semaines, clôturant l’année au-dessus des niveaux pré-krach.
L’Inde : une stabilité politique et une performance solide
En Inde, les élections générales du printemps ont permis au Premier ministre Narendra Modi de conserver son poste au sein d’une coalition, offrant une stabilité politique favorable au marché. Le Nifty 50 a affiché une progression régulière tout au long de l’année, clôturant sur une performance de 19 % en euros.
Il est intéressant de noter que le marché indien est le seul indice majeur à rivaliser avec la performance du S&P 500 sur les cinq dernières années. Cette progression impressionnante repose principalement sur la croissance des profits, tandis que les multiples de valorisation n’ont que légèrement augmenté sur la période (de 18x à 21x).
L’Inde continue de bénéficier de l’expansion de sa classe moyenne. Sur une population de 1,4 milliard d’habitants, seuls 60 millions disposent actuellement d’une rémunération annuelle supérieure à 10 000 dollars, un chiffre qui souligne le potentiel de croissance du pays à moyen et long terme.
Rétrospective 2024 : Performance des marchés obligataires – Une année favorable au crédit

L’année 2024 avait débuté avec un taux directeur de la Réserve fédérale américaine (Fed) fixé à 5,5 %. Les marchés anticipaient plusieurs baisses de taux au cours de l’année, avec une prévision d’atteindre 4 % d’ici décembre. Cependant, une baisse de l’inflation plus lente qu’anticipé, la résilience de l’économie américaine, ainsi que l’élection de Donald Trump, porteur d’un programme jugé inflationniste, ont conduit la Fed à adopter une approche plus prudente. À ce jour, le taux directeur est descendu à 4,75 % et devrait terminer l’année autour de 4,5 %.
Lire aussi : La Fed, une baisse largement anticipée
Le début lent de ce nouveau cycle baissier des taux directeurs a généré une certaine volatilité sur les marchés obligataires. Bien que les taux courts aient baissé, les taux longs ont paradoxalement progressé au cours de l’année, soutenus par une économie américaine dynamique et les anticipations inflationnistes liées au programme de Donald Trump. Par conséquent, la performance des obligations d’État a été relativement modeste, avec une progression annuelle d’environ 1 % en dollars, tandis que les taux hypothécaires pour les ménages américains sont restés à des niveaux historiquement élevés, avoisinant 7 % pour un prêt immobilier fixe sur 30 ans.
Pour les investisseurs obligataires, il fallait privilégier le crédit d’entreprise en 2024 aux États-Unis. Les performances du crédit sont déterminées par trois moteurs principaux :
1. le rendement des obligations,
2. la variation des « crédit spreads » (écarts de crédit)
3. la variation des taux souverains.
En 2024, la stabilité des taux longs souverains autour de 4 % a limité l’impact du troisième moteur. Cependant, les deux autres moteurs ont permis au crédit de réaliser de solides performances. Le crédit de qualité supérieure (Investment Grade) a offert un rendement proche de 4 % en dollars, tandis que le crédit de qualité inférieure (High Yield ou Junk Bonds) a généré une performance notable de plus de 9 % en dollars.
Après s’être élargis en 2022, année difficile pour les marchés obligataires, les spreads de crédit sont revenus en 2024 à des niveaux historiquement bas : inférieurs à 0,5 % pour le crédit de qualité supérieure et inférieurs à 3 % pour le crédit de qualité inférieure.
Pour rappel, les spreads de crédit représentent le supplément de rendement exigé par les investisseurs pour compenser le risque de crédit par rapport aux emprunts d’État, considérés comme sans risque. Cette compression des spreads reflète la confiance des investisseurs dans la solidité des émetteurs, mais limite désormais le potentiel de gains futurs provenant de l’élargissement des spreads.
Avec des spreads de crédit proches de leurs planchers historiques, les investisseurs devront compter principalement sur le rendement des obligations (environ 5 % pour le crédit de qualité supérieure et 7 % pour le crédit de qualité inférieure) et une possible baisse des taux longs pour générer de la performance en 2025.
La BCE dans les pas de la Fed
Quelques mois avant la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque centrale européenne (BCE) a également entamé un cycle baissier de ses taux directeurs. Bien que l’inflation soit désormais revenue autour de 2 % et que la croissance économique reste anémique (proche de 1 %), la BCE est contrainte d'adopter un rythme prudent dans ses baisses de taux pour soutenir l’euro face au dollar. La devise de la zone euro a déjà perdu 5 % de sa valeur face au dollar en 2024. Sur l’année, le taux de référence de la BCE est passé de 4 % à 3 %.
Voir aussi : Taux directeurs BCE 2023 à décembre 2024
Malgré une certaine volatilité au cours de l’année, les taux longs souverains des principaux États de la zone euro ont peu évolué, bénéficiant d’une baisse progressive après l’élection américaine. Cet environnement a contraint la performance des emprunts d’État européens avec une hausse inferieur à 3% en euros.
Afin de générer de la performance, il fallait également se tourner vers le Crédit. En Europe, le crédit de qualité supérieure (Investment Grade) a progressé de plus de 5 % en euros, tandis que le crédit de qualité inférieure (High Yield) a affiché une performance solide de près de 9 %.
Des banques centrales asiatiques en ordre dispersé
Contrairement aux banques centrales occidentales, les politiques des principales banques centrales asiatiques n’ont pas suivi une trajectoire uniforme en 2024.
En Chine, comme mentionné précédemment, la Banque populaire de Chine a poursuivi la baisse de ses taux directeurs, entraînant les taux longs souverains dans son sillage. Bien que la croissance officielle du PIB soit estimée à près de 5 %, le rendement de l’obligation souveraine à 10 ans est tombé à 1,8 %, contre 2,6 % au début de l’année. Certains observateurs parlent d’un début de "japanisation" de l’économie chinoise, une comparaison faisant écho à la stagnation du Japon à partir des années 1990. Cette période avait été marquée par un ralentissement économique prolongé dû à une pyramide des âges défavorable, un faible taux d’immigration et le dégonflement d’une bulle immobilière.
L’année 2024 a marqué la fin des taux directeurs négatifs pour le Japon. Après huit années de taux fixes à -0,10 %, la Banque centrale du Japon a procédé à une modeste hausse, portant ses taux directeurs à 0,25 %. Cette décision a provoqué une réaction significative sur les marchés obligataires : les taux longs souverains japonais, qui s’échangeaient à 0,6 %, ont bondi pour atteindre 1,05 %.
En Inde, l’année 2024 a été relativement calme du point de vue monétaire. La Banque centrale de l’Inde n’a procédé à aucun ajustement de ses taux directeurs, et les taux longs souverains ont évolué de manière modérée, passant de 7,2 % à 6,75 %. Ces niveaux sont en ligne avec une inflation annuelle relativement stable, oscillant entre 5 % et 6 %.
Rétrospective 2024 : Performance des matières premières
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Bien que le baril de pétrole américain ait atteint 85 $/bbl au printemps dernier, les prix ont commencé et terminé l’année autour de 70 $/bbl. L’élection de Donald Trump, pour qui l’indépendance énergétique des États-Unis (responsables de 16 % de la production mondiale) est une priorité, a contribué à ce mouvement. Parallèlement, l’Arabie saoudite (productrice de 12 % du pétrole mondial) a abandonné son objectif de 100 $/bbl pour regagner des parts de marché, entraînant une pression à la baisse sur les prix récents.
Gaz naturel : un fardeau pour l'Europe
Les prix du gaz naturel ont progressé durant l’année tout en restant bien en deçà des niveaux atteints au début de la guerre en Ukraine en 2022. Cependant, ils demeurent trois fois plus élevés que ceux de l’époque pré-Covid, ce qui continue de peser lourdement sur l’économie de l’Union européenne. De plus, l’écart entre les prix européens et américains reste significatif : en 2024, le gaz naturel en Europe coûte encore quatre fois plus cher qu’aux États-Unis, renforçant les pressions compétitives sur l’industrie européenne.
Cuivre : un métal stratégique sous pression
Le cuivre, troisième métal le plus utilisé au monde, reste une matière première cruciale pour la décarbonisation de l’économie mondiale, grâce à son rôle clé dans les infrastructures électriques et les énergies renouvelables. En 2024, il a atteint un plus haut historique en mai, porté par une hausse de 33 % depuis le début de l’année (YTD) à cette époque. Toutefois, le ralentissement économique de la Chine, principal consommateur de cuivre au monde, a entraîné une correction importante sur la seconde partie de l’année. Finalement, la performance annuelle du cuivre reste modeste, avec une progression inférieure à 7 %.
Lire aussi : Cuivre : 2023, année zéro
Voir aussi : Les cours des métaux précieux et industriels profitent de la transition énergétique
Rétrospective 2024 : Bilan des marchés et perspectives d’allocation
Comme le démontre cette rétrospective, de nombreux segments des marchés financiers ont affiché de solides performances, voire d'excellents résultats, au cours des deux dernières années. Parmi les grands gagnants, on retrouve les marchés monétaires, le crédit, les actions américaines et indiennes, ainsi que des actifs comme l’or et le dollar. En revanche, certains segments accusent un certain retard, notamment les actions européennes, chinoises et sud-américaines, ainsi que les dettes souveraines.
Les fins et débuts d’année constituent des moments privilégiés pour évaluer et ajuster l’allocation de vos portefeuilles. Il est essentiel de vérifier que vos investissements restent alignés avec vos objectifs financiers et votre profil de risque. N’hésitez pas à vous rapprocher de votre conseiller financier pour garantir une gestion active et adaptée de vos placements, afin de tirer parti des opportunités tout en naviguant efficacement dans un environnement en constante évolution.
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Prévisions de croissance du PIB et inflation par pays pour 2025
Divergences persistantes entre les deux côtés de l’atlantique
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